Mes forêts, Hélène Dorion : résumé et analyse de l’œuvre

À lire dans cet article :

Bac français 2024. L’œuvre d’Hélène Dorion, Mes forêts, a été mise au programme du bac de français de la session 2024. Pour bien l’appréhender et te préparer au mieux à cette épreuve, nous te proposons de lire notre article, en lien avec le parcours « la poésie, la nature, l’intime ».

Les œuvres au bac français

Pour rappel, le programme du bac de français est composé de 12 ouvrages :

Tu trouveras sur notre site internet des fiches de lectures pour chacune de ces œuvres !

Qui est Hélène Dorion ?

Hélène Dorion est une écrivaine québécoise née en 1958. Ses romans, écrits en français, connaissent un grand succès partout dans le monde et beaucoup d’entre eux ont été traduits. Elle suit des études de philosophie et obtient une maîtrise de lettres en 1985 avant de devenir professeure pendant six ans. Elle a aussi travaillé dans le monde de l’édition. Auteure prolifique, elle publie en quarante ans plus d’une trentaine de livres, dont beaucoup remportent des prix littéraires.

En 2006, elle est élue membre de l’Académie des lettres du Québec et détient de nombreuses distinctions littéraires prestigieuses. Les textes qu’elle écrit sont de natures variées : elle a fait de la poésie, des romans et récits, mais aussi un album jeunesse et s’est employée à des essais ainsi qu’à des correspondances et même à réaliser un opéra. Elle contribue enfin régulièrement à des ouvrages d’artistes. Si tu souhaites en savoir plus sur la vie et l’oeuvre de cette auteure contemporaine, nous t’invitons à consulter notre article dédié juste ici !

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Mes forêts : comment aborder cette œuvre ?

Hélène Dorion n’est pas, contrairement à l’écrasante majorité des œuvres au programme du bac de français, ce que l’on appelle une artiste « classique ». C’est une auteure contemporaine, qui est ancrée dans le monde actuel et qui est attachée aux valeurs environnementales, à la nature et sa protection.

Comme le remarque le média franceinfo, c’est aussi la première fois qu’une femme rejoint le cercle très restreint des auteurs vivants dont une œuvre entière est au programme du baccalauréat.

Pour elle, il s’agit d’« une occasion unique de transmettre ce que peut être l’expérience immédiate de la poésie, comme une expérience de langage qui nous déplace, qui nous fait voir les choses un peu différemment, dans un monde très formaté ». La poésie comme objet d’études en premier lieu, mais aussi comme « une manière d’être au monde, une manière de s’habiter soi-même ».

Le choix de l’œuvre au programme

Comme pour chaque œuvre au programme, nous t’invitons à consulter la fiche Eduscol que le ministère publie à l’attention des élèves et des professeurs afin de préparer chacune d’elles. Elle y explique en deux pages les enjeux que présente l’œuvre, justifie ce choix en en montrant l’importance et souligne les éléments essentiels et axes d’études à prendre en compte.

La phrase incontournable de ce texte de cadrage est certainement la suivante :

« Avec Mes forêts, une première évidence est d’ordre thématique : le livre d’Hélène Dorion part et parle des arbres, de leur ‘écorce incertaine’, de ‘forêts’, et rejoint ainsi une longue tradition pour laquelle, de Virgile à Philippe Jaccottet, l’association de ‘la poésie’ et de la ‘nature’ n’a (presque) jamais cessé de s’imposer ».

Ainsi, par le choix d’Hélène Dorion, le ministère de l’Éducation nationale explique avoir voulu « mettre à l’honneur ce lien refondé avec le vivant et la nature ». Le ministère explique aussi : « le livre d’Hélène Dorion rend compte d’une recherche, fondée sur les liens d’une extériorité (dont on sait qu’elle rejoint l’étymologie du mot “forêt”) à une intériorité – à l’intime, qui, en nous rappelant que nous sommes partie prenante de la nature, enseigne une possible habitation poétique de la terre ».

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La genèse de l’œuvre

Le livre Mes forêts serait issu de son dialogue avec les arbres pendant la crise du Covid, des arbres « confinés c’est-à-dire immobiles, mais en même temps en constante transformation ». Pour Hélène Dorion, écrire sur la nature s’est imposé comme une nécessité de penser le vivant différemment : « écouter, voir, bouger, comprendre le monde du vivant par l’intériorité, et transmettre cette compréhension à travers une poésie non pas militante, mais engagée, en faveur d’une nature dont nous, humains, sommes partie prenante ».

Ce thème très actuel, montre que celui-ci peut être traité de manière littéraire et poétique. Ce phénomène n’est pas nouveau : depuis l’Antiquité, poètes et conteurs ont sans cesse glorifié la nature. Par exemple, on peut citer l’œuvre peu connue, mais pourtant fondatrice du grec Longus, auteur de Daphnis et Chloé. Très facile à lire et court, ce roman pastoral (qui parle de la nature) est une excellente référence que tu peux très facilement incorporer dans tes copies. Tu trouveras une fiche détaillée juste ici !

Mes forêts : analyse de l’œuvre

Le recueil d’Hélène Dorion a été publié en 2021, au moment de la pandémie de Covid-19. C’est donc une œuvre très récente, ancrée dans la modernité, qui propose tout aussi bien d’évoquer le monde des algorithmes dans lequel nous vivons, celui des réseaux sociaux qui régissent désormais de grands pans de nos vies. Elle est même à l’origine d’un néologisme (la création d’un nouveau mot), celui de « facebookinstagramtwitter » pour désigner cette omniprésence.

Pour elle, il est nécessaire de rappeler que l’être humain a besoin de beauté et cette beauté passe notamment par la poésie, qui a l’avantage de nous rassembler. Cela est d’autant plus vrai à l’heure du développement de l’individualisme dicté par les réseaux sociaux.

Le recueil de poèmes est composé de quatre sections. Entre chacune d’entre elles, apparaissent des poèmes intitulés « Mes forêts », qui commencent tous par ces deux mots, suivis par le verbe être conjugués à la troisième personne du pluriel. Cette formule se rapproche de celles que l’on peut trouver dans les tragédies grecques. En effet, il existe parfois un chœur qui répète certaines paroles comme ici.

Première et deuxième sections

La première section, intitulée « L’écorce incertaine », est réalisée sur le modèle d’une balade en forêt. Plusieurs étapes construisent cette promenade : de l’ « horizon », la poétesse se rend près d’un « arbre », puis d’un « ruisseau », d’un « rocher », en énumérant les éléments composant une forêt : « branche », « feuille », « écorce », « humus » (Terre provenant de la décomposition des végétaux), « racines ». Cette première section s’achève par l’intervention de deux des éléments vitaux, ici le « feu » et les « vents », qui la font se rapprocher encore davantage d’un monde primitif, naturel, dépourvu de toute intervention de l’homme.

La deuxième section, « Une chute de galets », se concentre sur des éléments plus abstraits, tels que « le bruit du monde » ou « l’écoulement du temps ». La poétesse se laisse porter par ses sentiments et les émotions qu’elle ressent au contact de la nature. Elle se penche également sur la genèse du monde depuis l’ « œuf » jusqu’à la « chute ».

Troisième et quatrième sections

« L’onde du chaos » est le titre de la troisième section, qui s’attache à alerter et mettre en garde le lecteur à propos des menaces qui pèsent sur la nature. Ces dernières sont de divers ordres : « guerres », « famines », mais plus largement les « tristes duretés ». Plus étonnement, elle s’insurge contre les acronymes qui n’ont pas de sens, comme « pib nip fmi ». Comment peut-on encore faire de la poésie dans un tel environnement dans lequel « chutent nos poèmes » ? Pour l’auteure, la réponse réside notamment dans le retour à la nature. Son approche n’est pas pessimiste, mais empreinte d’espoir. Selon elle, rien n’est perdu, car on peut « réparer » ce monde en lui offrant plus de poésie.

La dernière section, « Le bruissement du temps » se veut plus large en ce qu’elle entend remonter l’histoire de l’humanité. Elle recrée une écriture de la Genèse, qui est le premier livre de l’Ancien testament, faisant le récit de la création du monde, commun aux trois religions du Livre (la Bible), c’est-à-dire le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Elle ponctue ce point de vue de notes autobiographiques en y insérant çà et là des éléments de son histoire personnelle.

Les thèmes abordés dans Mes forêts 

La nature

Dès le titre, la poétesse ancre son recueil dans le monde de la nature, qui est omniprésente. Elle est un espace sacré, spirituel, habité par une force qui transcende l’homme. Il s’agit aussi d’un lieu qui peut être violent, hostile, mais qui revêt une dimension paisible, réconfortant. Ce caractère duel en fait sa complexité et participe à sa beauté.

D’ailleurs, cette omniprésence de la nature est revendiquée par l’éditeur français de l’ouvrage, qui indique qu'”Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s’évase. Dans ce recueil voué aux forêts, elle fait entendre le chant de l’arbre, comme il existe un chant d’amour et des voix de plain-chant. « Mes forêts… », dit-elle dans un souffle qui se densifie de poème en poème. Et l’on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l’on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu’emporte le vent, de bourgeons sertis dans l’écorce et de renouvellement. Un chemin d’ombres et de lumière, « qui donne sens à ce qu’on appelle humanité“.

Le temps

Plusieurs formes de temps parcourent l’ouvrage ; temps chronologique depuis les premiers hommes, et temps météorologique, mettant en avant la force des « bourrasques » par exemple.

L’écriture d’Hélène Dorion est donc profondément lyrique en ce qu’elle présente une forme personnifiée, vivante de la nature, qui se comporte comme un être, une entité à part entière. Le rythme qu’elle emploie à certains moments du recueil introduit une certaine forme de sacralisation du récit, proche de la prière (« Je me tiens dans le sillage/de la nuit. Je remonte/vers toi. L’unique / présence qui jamais ne s’éteint », p.85). Cela n’est pas contradictoire avec la modernité de ses textes, qui présente parfois une absence de ponctuation, permettant au lecteur de donner plusieurs sens à un vers.

Tous ces éléments sont en parfaite cohérence avec le thème proposé : la nature se présente en effet ici comme le miroir de l’âme. C’est par l’écriture poétique qu’Hélène Dorion entend réparer le monde et les blessures qu’il présente. Elle fait également preuve d’une curiosité respectueuse à l’égard de ce tout, et d’une certaine modestie devant la grandeur de la nature, qu’elle veut embrasser pour mieux la connaître.

Pour finir, nous t’invitons à consulter le site officiel d’Hélène Dorion, qui propose une playlist à écouter lors de la lecture des poèmes de son ouvrage. Des entretiens vidéo qu’elle a donnés y figurent également, de même qu’une liste d’articles dans lesquels elle parle de son œuvre. N’hésite pas à consulter cette mine de ressources pour compléter tes cours !

Quelques citations utiles pour une dissertation

Sur l’écologie

Dans « Avant l’horizon », la poétesse dénonce frontalement les injustices : « On a recouvert nos épaules de fourrures/ mangé la chair des bêtes ».

Sur la force et la fragilité de la nature

  • Sur la force de la nature : « Le jeune érable frémit/ sous les coups du tonnerre/ la foule autour de lui/ hurle contre le vent ».
  • Sur la fragilité de la nature : « Au dessus du vide/ flotte un ciel/ qui n’ignore pas sa fragilité ».

Conclusion

Cet été dans une tribune parue dans le journal Le Monde, alors que les immenses forêts canadiennes de son pays partaient en fumée, Hélène Dorion s’interrogeait ainsi : “Au milieu des flammes déchaînées, que nous manque-t-il pour sentir que nous sommes ce qui brûle avec eux ?”. Peut-être que la réponse réside dans la nécessité d’apporter davantage de poésie dans notre quotidien.

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