la peau de chagrin

La Peau de chagrin, Balzac : résumé et analyse de l’œuvre

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Bac français 2024. « Se réduire comme peau de chagrin » : voici une expression que tu as certainement déjà rencontrée. Mais savais-tu qu’elle provenait du roman éponyme de Balzac ? Pour en savoir plus à propos de cette œuvre au programme du bac de français 2024, nous avons réalisé cette fiche, qui traite également du parcours qui lui est associé : « Les romans de l’énergie : création et destruction ». Bonne lecture !

Qui était Honoré de Balzac ?

Honoré de Balzac est un auteur français né en 1799 et mort en 1850, connu pour sa fresque romanesque intitulée La Comédie humaine. Il a écrit plus de 90 romans et nouvelles et est de fait, par le caractère prolifique et par la finesse, le réalisme et la beauté de son écriture, considéré comme l’un des plus grands écrivains français.

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Présentation de La Peau de chagrin

La Peau de chagrin est un roman d’Honoré de Balzac, faisant partie de La Comédie humaine, publié en 1831. Immédiatement après sa parution, le texte rencontre un énorme succès. Le titre originel de La Peau de chagrin est Une débauche, ce qui traduit bien l’attitude du personnage principal dans l’histoire. Il s’agit d’un roman philosophique, qui présente également des éléments qui le rapprochent du « conte oriental ». Cette appellation directement employée par Balzac se justifie par l’origine géographique de la peau de chagrin, qui provient d’Orient.

En effet, Raphaël évoque à ce propos une peau d’« onagre », c’est-à-dire d’un âne sauvage d’Iran. Il s’agit du lieu où se déroulent plusieurs contes des Mille et une Nuits. Cette peau porte le cachet du roi oriental Salomon et les paroles qui y sont inscrites seraient en sanscrit, langue qui était autrefois parlée dans le sud de l’Inde, dont provient une partie des contes des Mille et une Nuits, et revêt dès lors des éléments de merveilleux.

Réception de l’œuvre auprès du public

Le texte a connu diverses prépublications dans les journaux de l’époque, sous forme d’extraits dans la Revue des Deux Mondes en , sous le titre Une débauche, publié un mois plus tard dans le Cabinet de lecture et Le Voleur. Ces prépublications provoquèrent un énorme engouement, si bien que l’ouvrage est rapidement épuisé peu après sa publication définitive.

Le récit paraît finalement sous forme de livre en 1831 et connaît à nouveau un succès immédiat. Dès sa parution, ce livre suscite de l’intérêt bien au-delà des frontières françaises, notamment auprès de l’écrivain allemand Goethe. A ce titre, Balzac dira plus tard de ce roman qu’il est “la clé de voûte qui relie les études de mœurs aux études philosophiques par l’anneau d’une fantaisie presque orientale où la vie elle-même est prise avec le Désir, principe de toute passion“. C’est la raison pour laquelle cette œuvre peut être considérée comme le premier roman où Balzac montre les vraies qualités de son écriture.

Résumé de La Peau de chagrin

Raphaël de Valentin, le personnage principal, envisage de se suicider après avoir perdu ses dernières pièces aux jeux. Il entre alors par hasard chez un antiquaire, où un vieil homme lui montre alors une « peau de chagrin », aussi appelée « talisman ». Il s’agit d’un vêtement qui a le pouvoir de réaliser tous les vœux de son propriétaire, conformément aux paroles qui y sont inscrites : « Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m’appartiendra. »

Si cela peut paraître très attrayant de prime abord, le vieillard met cependant en garde le jeune homme : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau. Cette dernière est en réalité le symbole de sa vie : plus Raphaël de Valentin utilisera la peau pour réaliser ses désirs, plus la taille de la peau diminuera, comme la durée de sa vie.

Le jeune homme accepte toutefois ce pacte diabolique. On peut y voir un acte de désespoir, car son choix est biaisé par sa situation. De ce fait, il ne mesure pas les mises en garde de l’antiquaire. Au début, après l’acquisition de la peau de chagrin, Raphaël ne se préoccupe pas de cet avertissement et se lance dans des folies. Il devient extrêmement riche, dépense beaucoup d’argent et adopte un train de vie fastueux, connaissant la gloire et les succès mondains. La peau lui procure l’énorme héritage d’un oncle.

Or, très vite, le jeune homme fougueux qui envisageait de produire une grande œuvre (La Théorie de la volonté), commence à vieillir. Il est en effet dévoré par une maladie que ni les plus savants médecins ni les cures dans des villes d’eau ne peuvent sauver. C’est alors qu’il réalise que la peau se rétrécit de manière inexorable. Il prend donc conscience que le temps lui est compté. En espérant ralentir le processus, il s’enferme pour faire en sorte de ne pas avoir l’occasion de formuler le moindre vœu. Sa survie devenant sa seule préoccupation, il constate que, bien que doté d’un pouvoir extraordinaire, il n’en a rien fait, et il meurt rongé d’amertume, foudroyé par un dernier désir, celui de vivre encore. 

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Thèmes principaux

Ce conte a pour objet la présentation de l’opposition entre une vie fulgurante consumée par le désir et la satisfaction des plaisirs, et la longévité terne, ennuyeuse et morne que donne le renoncement à toute forme de désir.

Cette dualité est un thème récurrent dans la littérature française : pourquoi tendre vers une vie longue, mais ascétique (vie austère, sobre, frugale et saine, visant le plus souvent une fin supérieure selon la définition du CNRTL) alors que l’on peut jouir de la vie par excès, même si cela implique une réduction de cette période de vie ?

Le meilleur et célèbre exemple est celui de la fable de La Fontaine « La Cigale et la Fourmi ». En effet, la fourmi sera en mesure de vivre une vie longue, mais pénible, car elle travaille et ne manque de rien. En revanche, rien ne garantit que ce dur et constant labeur lui apportera le bonheur. La cigale quant à elle profite de tous les plaisirs de la vie, et cherche la satisfaction de ses désirs dans le moment présent. Ce modèle n’est cependant pas durable, car sans travailler, la cigale se retrouve sans ressources et questionne ce mode de vie peu durable. L’enseignement que l’on peut tirer de ce dilemme est qu’il n’existe pas de solution parfaite, mais uniquement un juste milieu, que chacun doit trouver en fonction de ses aspirations.

L’échec de la science

Au moment où Raphaël se met à rechercher une solution scientifique au rétrécissement de la peau, les savants qu’il consulte se révèlent impuissants. Monsieur Lavrille, zoologue reconnu, après lui avoir débité tout ce qu’il sait sur l’espèce des canards puis tout ce qu’il sait sur l’onagre, lui conseille d’aller voir Planchette, le « célèbre professeur de mécanique », car lui-même n’est pas en mesure de répondre à ses questions.

Planchette quant à lui, malgré son explication de la presse hydraulique, se révèle tout aussi incapable d’aider Raphaël. En dernier recours, le chimiste Japhet chez lequel Planchette conduit Raphaël est sollicité, mais là aussi sans succès.

Ce tour des savants par Raphaël est humoristique, en ce qu’il a vocation à présenter un état des lieux des connaissances scientifiques du temps de Balzac. Ce passage met en avant l’impuissance des savants, qui sont tournés en ridicule à cause de leurs tics et manies et de leur manque, voire leur absence de résultats.

L’amour

L’intrigue amoureuse de La Peau de chagrin repose sur deux figures féminines antithétiques (qui s’opposent). La première est celle de la comtesse Fœdora, présentée comme la femme sans cœur dans la deuxième partie du roman, et Pauline, une jeune fille pure et innocente dont Raphaël fait la rencontre lorsqu’il s’installe dans la modeste pension de famille tenue par sa mère. Chacune de ces deux femmes représente les aspirations contraires de Raphaël : l’ambition sociale et la fortune d’un côté, la sincérité et l’idéal amoureux de l’autre.

La politique

La peinture faite par Balzac de la société exprime une désillusion politique. Balzac résume à travers le personnage d’Émile l’instabilité politique de son époque et l’impasse où elle se trouve : « Le gouvernement, c’est-à-dire l’aristocratie de banquiers et d’avocats qui font aujourd’hui de la patrie comme les prêtres faisaient jadis de la monarchie, a senti la nécessité de mystifier le bon peuple de France avec des mots nouveaux et de vieilles idées, à l’instar des philosophes de toutes les écoles et des hommes forts de tous les temps. »

Les personnages, reflets de la société

Dans ce roman, plusieurs personnages incarnent des types de la société et leur histoire personnelle représente une partie de la grande Histoire. Par exemple, Taillefer qui aurait fondé sa fortune sur le meurtre, pendant la Révolution, « d’un Allemand et quelques autres personnes, est devenu, grâce à cet argent mal acquis, un puissant banquier.

Emile Blondet, l’ami de Raphaël, qui s’apprête à devenir rédacteur en chef du journal fondé par Taillefer, est l’incarnation du type du journaliste désinvolte et ambitieux comme il le décrit lui-même.

Enfin, Foedora qui a été décrite plus haut, représente l’ensemble de la société : vaniteuse, coquette et narcissique. Elle est la caricature des femmes qui hantent la bonne société parisienne. La fin du roman la présente d’ailleurs comme suit : « Oh ! Fœdora, vous la rencontrerez. Elle était hier aux Bouffons, elle ira ce soir à l’Opéra, elle est partout, c’est, si vous voulez, la Société. »

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Comment travailler cette œuvre ?

En plus des cours que tu auras en classe, il est nécessaire de travailler par toi-même cette œuvre et le parcours qui lui est associé. Ainsi, si ton ou ta professeur(e) ne t’a pas indiqué d’édition particulière pour lire l’ouvrage, nous te conseillons de choisir une édition « Lycée ». Ces dernières disposent en effet d’explications et de dossiers documentaires, avec des éléments de contexte, des œuvres annexes en lien avec le roman (tableaux, chansons, etc). Cela te permettra d’enrichir ton approche et de développer ta culture autour de l’œuvre que tu étudies !

À cette fin, tu peux te procurer un exemplaire ou les consulter au CDI de ton établissement, qui doit disposer de plusieurs éditions. N’hésite pas à parcourir les différentes éditions afin de récolter le maximum de sources, de références et d’informations. N’oublie pas que c’est en t’appropriant personnellement le texte que tu en pourras mieux restituer ce qui est attendu de toi le jour J. Il est important de travailler et de lire de manière active, et non pas seulement suivre les cours passivement.

Pour aller plus loin, et parce qu’une approche visuelle complémentaire est toujours utile, nous te recommandons le visionnage du téléfilm qui a adapté le roman en 1980. Il t’est accessible gratuitement en te connectant sur la plateforme Lumni du ministère de l’Éducation nationale. Tu peux également consulter le dossier qui a été réalisé par Lumni pour accompagner ce film, disponible ici.

Comment inscrire cette œuvre dans le parcours « Les romans de l’énergie : création et destruction » ?

La notice officielle qui présente cette œuvre en lien avec le parcours met en avant cette tension permanente entre la création et la destruction, vouloir et pouvoir, dans un équilibre précaire.

Dans La Peau de chagrin, Balzac met en tension la création et la destruction. La création peut être personnelle, intellectuelle ou sociale et contient en germe (en devenir) la destruction. Par conséquent, le roman nous invite à réfléchir sur le rôle du désir, moteur ou obstacle dans la vie des personnages.

Si vouloir tue progressivement Raphaël, car la peau rétrécit à chacun de ses désirs, ne pas vouloir le tue tout autant. Cette situation le plonge dans un état d’inaction subi. Le roman semble ainsi s’achever sur le regret de n’avoir pas su vouloir : « Raphaël avait pu tout faire, il n’avait rien fait » et sur un dernier sursaut de volonté, Raphaël cède au désir représenté par Pauline.

Pour aller plus loin

Le site de la Bibliothèque nationale de France (BNF) propose et met à disposition l’intégralité de l’ouvrage La Peau de chagrin. Il s’agit de scans d’une ancienne édition, qui permet de lire d’un œil neuf ce roman, comme l’auraient fait les contemporains de Balzac à sa sortie. Libre à toi de la lire en entier, ou même d’en lire seulement quelques passages !

Conclusion

Pour conclure, La Peau de chagrin est une œuvre de tension, sans cesse tiraillée entre deux idées : la création et la destruction. Ce conte philosophique est un texte de réflexion sur la société du XIXe siècle, et qui propose de peindre l’âme humaine. Comme le rappelle la fiche Eduscol, « le roman de Balzac oppose ainsi deux puissances contradictoires : celle de la création et de l’effort — qui aurait pu permettre à Raphaël de faire œuvre — et celle de la ‘dissipation’ des énergies qui prend des formes variées : jeu, orgie, débauche. Tel est le ‘système dissipationnel’ qui représente parfaitement bien le ‘désenchantement’ de la génération romantique » donc Balzac fait partie.

Les œuvres au programme du bac de français 2024

Pour terminer cet article, laisse-nous te rafraîchir la mémoire sur les œuvres au programme du bac de français 2024. Cette année, comme les années précédentes, 12 œuvres seront étudiées :

Bonne nouvelle pour toi, nous te proposons une fiche de lecture pour chacune des œuvres que nous venons de citer. De quoi te permettre d’avancer bien vite dans tes révisions. Alors, n’attends plus et consulte sans plus tarder notre site internet.

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