Colette Sido

Sido et Les Vrilles de la vigne de Colette : résumé et analyse

À lire dans cet article :

Bac français 2024. Deux œuvres de l’auteure Colette sont au programme pour l’EAF de français pour la session 2024 : Sido, ainsi que Les Vrilles de la vigne. Nous te proposons de les décrypter et de te livrer des clés de lecture afin d’appréhender au mieux le parcours qui leur est associé : « la célébration du monde ».

Qui était Colette ?

Colette, de son vrai nom Sidonie-Gabrielle Colette, est une femme de lettres, actrice et journaliste française, née en 1873 et morte en 1954.

C’est une célèbre romancière, aussi bien en France qu’à l’étranger, de la littérature française. Sa bisexualité, affirmée et revendiquée, occupe une large place dans sa vie et son œuvre. Deuxième femme à être élue membre de l’académie Goncourt en 1945, elle en devient la présidente entre 1949 et 1954. Elle est également la première femme en France à recevoir des funérailles nationales.

Sidonie Gabrielle passe une enfance heureuse dans sa maison natale à Saint-Sauveur-en-Puisaye, un gros village de Bourgogne (centre-est de la France). Adorée par sa mère comme un « joyau tout en or », elle reçoit une éducation laïque, et est féministe et athée convaincue.

À 20 ans, Colette épouse le journaliste, auteur et éditeur Henri Gauthier qui publiera la série Claudine sous son pseudonyme Willy. En 1906, Colette divorce de Willy et exerce différents métiers : mime, comédienne, journaliste, et ouvrira même un salon de beauté. L’auteure est célèbre pour son cycle romanesque constitué de : Claudine à l’école (dans lequel le personnage éponyme – il s’agit du nom du personnage principal qui donne à l’œuvre son titre – est suivi de son enfance à la fin de son mariage). Celui-ci est suivi par Le Blé en herbe, qui raconte une relation entre une femme et un homme plus jeune, et finalement par Chéri qui expose la relation entre une courtisane et son amant. Si tu souhaites en savoir plus sur la vie de Colette, rendez-vous dans cet article dédié à sa biographie !

La présentation des œuvres

Les œuvres de Colette intitulées Sido et Les Vrilles de la vigne ont été regroupées dans une même publication. Pourtant, elles n’ont pas été conçues pour être éditées ensemble. Sido comme Les Vrilles de la vigne se composent d’un ensemble de courtes scènes qui correspondent au goût de l’écrivaine pour l’anecdote.

Sido

Colette a écrit Sido pour rendre hommage à sa mère, Sidonie Landoy qu’elle admirait particulièrement. Elle lui a notamment appris à regarder la beauté du monde : la nature, les fleurs, le lever du jour… Colette l’appelle d’ailleurs « la reine du jardin ». Cette œuvre a été publiée pour la première fois en 1930. Il s’agit d’un récit autobiographique narrant des souvenirs d’enfance de Colette.

La première partie raconte les souvenirs d’enfance de Colette dans son village natal et d’enfance de Saint-Sauveur en Puisaye. Elle y décrit également son jardin, son voisinage, et surtout sa mère.
La deuxième partie, intitulée « Le Capitaine », présente le père de Colette, militaire qui a perdu une jambe à la guerre. Il est décrit comme amoureux de sa femme, chantant souvent pour cacher sa tristesse et les souvenirs des champs de bataille. Colette raconte qu’après sa mort, elle trouva dans sa bibliothèque des livres aux pages blanches, qui indiquent sa vocation manquée d’écrivain.

La troisième et dernière partie, « Les sauvages », est dédiée à la fratrie de Colette : sa grande demi-sœur, Juliette, et les jeux entre son demi-frère Achille et son frère Léo, qui ont quatre ans d’écart.

Les Vrilles de la vigne

Quant aux Vrilles de la vigne, dont la première publication date de 1908, cette œuvre est un recueil de textes brefs et divers (qui connaîtra plusieurs modifications ensuite). Néanmoins, il existe des liens entre ces deux ouvrages, qui manifestent tous les deux le désir de capturer et de faire renaître des instants voués sinon à l’oubli, du moins à l’indifférence.

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Résumé de Sido et des Vrilles de la vigne

Les souvenirs dans Sido ne s’ordonnent pas selon une chronologie. Ils répondent plutôt à une écriture thématique qui est partagée entre des différentes figures mises en avant dans les trois sections de l’œuvre (la mère, le père et la fratrie). Cette organisation donne lieu à des micro-récits qui invitent le lecteur à se concentrer sur les nombreux et foisonnants détails qu’ils reproduisent.

La beauté du monde par la nature et la botanique

La nature est pour Colette un tout dont les éléments communiquent entre eux. Cette attention toute particulière portée aux détails traduit une véritable volonté d’exposer la beauté du monde. La richesse lexicale, la recherche permanente du mot juste permettant de retranscrire une sensation, une vision soulignent l’amour de la vie, de sa beauté et de sa diversité, de Colette. Cela est particulièrement visible pour la profusion de termes de botanique, les noms de plantes les plus diverses parsemant les deux ouvrages, des communs « géraniums », « digitales », « lilas » ou « bégonias » aux plus méconnus « orpin », « ombelle », « croix-de-Malte », etc.

Au-delà de la nature, Colette rend hommage aux animaux, comme dans « Dialogues de bêtes ». La campagne est pour elle un paradis sur Terre, à laquelle elle associe ses souvenirs d’enfance, heureux.

L’amour

L’amour prend plusieurs formes dans les deux ouvrages de Colette. En premier lieu, on retrouve l’amour pour la famille, très présent dans Sido. L’amour sensuel, entre deux êtres fait l’objet de nombreuses descriptions dans Les Vrilles de la vigne. Ainsi, dans « La guérison », elle étudie le moment de transition entre la passion dévorante et possessive qu’elle éprouve à la fin de l’état amoureux, qui est suivi de l’attente d’un autre amour.

Une célébration de la beauté du monde par les femmes

Les portraits de femmes qui constellent ces deux livres profitent du talent de paysagiste de Colette : les femmes sont admirées et sont aimées pour leur beauté. Elles sont dépeintes comme des femmes-paysages, qui soulignent l’acuité (la précision) du regard de Colette, qui décèle en chaque être le monde qu’il recèle.

Une ode à la liberté

Dès l’enfance, dans Sido, Colette se présente, comme elle le fait de ses frères et de sa sœur également, comme une enfant sauvage. Elle rappelle qu’elle se levait et se promenait seule à l’aube, suivait dans les bois « un grand circuit de chien qui chasse seul », et se buvait l’eau de « deux sources perdues ».

Colette revendique cette liberté dans Les Vrilles de la vigne, refusant de se conformer aux usages, aux bienséances mortifères comme elle le clame dans « Toby-Chien parle » : « Je veux faire ce que je veux. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. […] je veux faire ce que je veux. Je ne porterai pas des manches courtes en hiver, ni de cols hauts en été. Je ne mettrai pas mes chapeaux sens devant derrière et je n’irai plus prendre le thé chez Rimmel’s, non… Redelsperger, non… Chose, enfin. Et je n’irai plus aux vernissages ».

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Quel est le mouvement littéraire de Sido ?

Sido relève du courant réaliste de la littérature. Colette cherche à retranscrire le plus fidèlement possible la réalité même si elle-même ne se considérait pas comme réaliste. Sido possède également une dimension très poétique : le roman Sido utilise un registre épidictique (aussi appelé discours laudatif ou panégyrique). Il s’agit d’un registre dans lequel l’auteur fait l’éloge de quelque chose ou de quelqu’un. En ce qui concerne les personnages, l’auteur se concentre en particulier sur leur personnalité plutôt que leur apparence physique, ce qui relève de l’éthopée. L’éthopée peut être définie comme une figure de style qui consiste à peindre des personnages ou des assemblées de personnages en peignant aussi leurs mœurs et leurs passions.

Colette met l’accent sur les perceptions sensorielles, en les dépeignant dans toute leur richesse et leur intensité. Cela se manifeste dans les procédés littéraires employés par l’utilisation de champs lexicaux riches et la description régulière de sensations, allant jusqu’à la synesthésie. Ce terme désigne un phénomène neurologique non pathologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés (de manière durable). Cela peut prendre plusieurs formes ; par exemple, lorsqu’un parfum nous rappelle une situation, un moment déjà vécu, on parle alors de synesthésie.

Enfin, l’écriture de Colette semble faite d’effets sonores et visuels, grâce aux métaphores qu’elle emploie et aux sons des mots qu’elle fait jaillir de sa plume. En ce sens, on peut comparer ses textes à des poèmes en prose, emplis de lyrisme et de sensualité poétique.

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Pour aller plus loin

Tout d’abord, de nombreuses autobiographies dont un des thèmes principaux porte sur l’amour maternel peuvent être rapprochées de l’œuvre de Colette. Pour les plus connues, on peut citer La Promesse de l’aube de Romain Gary, ou Le livre de ma mère d’Albert Cohen. Ces deux œuvres sont magnifiques et très faciles à lire ; la première fait également l’objet d’une adaptation cinématographique très fidèle et récente, incarnée par Pierre Niney pour le rôle principal et Charlotte Gainsbourg.

Ensuite, tu peux compléter ton étude de l’œuvre littéraire par le visionnage de son adaptation cinématographique. Wash Westmoreland a en effet réalisé en 2018 le film Colette, avec Keira Knightley dans le rôle principal.

Enfin, le site du ministère de l’Education nationale a mis en ligne une page dédiée à l’approche de l’œuvre de Colette en lien avec le parcours qui t’est proposé, en utilisant les outils numériques à ta disposition. N’hésite pas à la consulter juste ici : tu y trouveras de nombreux liens pour visionner des documentaires, interviews et émissions radiophoniques pour compléter tes cours !

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