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Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre : résumé et analyse de l’œuvre

Au sommaire de cet article 👀

Le roman Paul et Virginie est une œuvre incontournable du XVIIIe siècle. Si elle n’est pas au programme du bac de français en 2024, il n’en demeure pas moins qu’elle peut t’être très utile pour préparer les épreuves, car tu peux l’utiliser comme comparaison avec d’autres, comme Manon Lescaut par exemple. Cette fiche a donc pour but de te transmettre les enjeux majeurs de ce roman afin de l’utiliser à bon escient dans tes copies.

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Qui était Bernardin de Saint-Pierre ?

L’auteur de Paul et Virginie est Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814). Ingénieur militaire à l’origine, il ne semble pas promis à une carrière littéraire, malgré un goût certain pour les romans d’aventures (c’est notamment un grand admirateur de Robinson Crusoë de Daniel Defoe). Sa profession l’amène cependant à parcourir l’Europe et le monde. C’est ainsi qu’il passe trois ans à l’île de France, aujourd’hui l’île Maurice.

Il tire de son expérience une manière de journal de voyage, puis un texte à prétentions scientifiques, les Études de la nature, dont Paul et Virginie ne sont en fait que le prolongement. Il développe dans son œuvre des idées inspirées de Rousseau et manifeste un amour de la nature qui en fait le précurseur des Romantiques.

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Résumé de Paul et Virginie

La mise en place de l’action

Dans une plaine intérieure de l’île Maurice, le narrateur découvre les ruines de deux petites cabanes et rencontre un vieillard, qui lui raconte alors l’histoire de Paul et Virginie. Deux Françaises, Mme de la Tour, la jeune veuve d’un aristocrate libertin, et Marguerite, une paysanne bretonne séduite et abandonnée, ont fui la métropole et sont venus cacher leur déshonneur dans cette colonie française.

Elles mettent au monde Virginie et Paul vers 1726. Mme de la Tour, avec sa fille Virginie, et Marguerite, avec son fils Paul, sont aidées par un couple de noirs, Marie et Domingue. Les deux femmes unissent leur détresse et leur pauvreté, et exploitent la terre. Leurs deux enfants grandissent comme frère et sœur.

Un cadre de vie agréable et simple, bercé par la nature

Les deux mères et leurs deux enfants vivent un bonheur simple sur cette île caractérisée par la beauté des paysages tropicaux et de la nature qui les entoure. Cette petite communauté connaît une existence paisible dans la splendeur des paysages tropicaux. Paul et Virginie grandissent en parfaite harmonie avec la nature. Ils sont vertueux et candides ; leur innocence les préserve du mal.

La naissance des sentiments et le dénouement

Paul et Virginie grandissent et c’est là qu’apparaît « le mal » de Virginie, car devenue adolescente, elle découvre que ses sentiments pour Paul changent de nature. Elle est amoureuse de Paul. Ce dernier ne se rend pas compte tout de suite de ses sentiments, mais finit par tomber amoureux de Virginie, qui doit finalement retourner en Europe. Les deux amoureux vivent très mal cette séparation et sont plongés dans une grande douleur.

Finalement, sur le chemin du retour, au moment d’aborder son île natale, le navire de Virginie est pris dans la tempête. Le bateau qui la ramène à l’île de France fait naufrage sous les yeux de Paul. Plutôt que de se déshabiller, Virginie préfère se noyer , sous les yeux de Paul, qui reste impuissant sur le rivage. Paul succombe au poids de sa douleur, bientôt suivi dans la mort par les mères des deux jeunes gens.

Analyse de Paul et Virginie

La critique de la société dans le roman

La Nature et la société des hommes sont présentées comme incompatibles. Bernardin de Saint-Pierre, dans la lignée de Rousseau, chercher à persuader son lecteur de la nécessité de rester fidèle à la Nature. D’un côté, les personnages sont extrêmement liés à l’île : des cocos des Indes ont été plantés à leur naissance et grandissent en même temps qu’eux. De l’autre, en se soumettant au désir de sa tante et des notables de l’île, Madame de la Tour condamne sa fille à la mort : en l’envoyant sur le vieux continent, elle trahit l’éducation vertueuse et harmonieuse que l’île avait donnée à la jeune fille.

À la fin, la mer semble vouloir refuser à Virginie le droit de poser le pied sur sa terre natale, car elle est souillée des préjugés occidentaux. Mais cette même mer rend son corps à sa famille en la déposant sur le rivage.

L’esclavage est également critiqué dans cette œuvre. Si Domingue et Marie vivent une relation harmonieuse et respectueuse avec leurs maîtresses (les mères de Paul et de Virginie), il n’en est pas de même pour les autres esclaves de l’île. Les deux adolescents rencontrent plusieurs esclaves en fuite qui connaîtront un triste sort une fois rattrapés.

Réception de l’œuvre

Ce roman a eu un succès immense dès sa publication. Bernardin de Saint-Pierre se désole des très nombreuses contrefaçons qui sont produites. Mais il peut se réjouir des traductions qui inondent l’Europe, une trentaine rien qu’en Angleterre ! La postérité de son œuvre a été assurée par sa citation dans de nombreuses œuvres du XIXe siècle et l’adaptation de l’intrigue au théâtre, ballet, opéra, en livre pour enfants, et plus récemment sur le petit écran.

Il faut tout de même noter que la mièvrerie des bons sentiments et la fin quelque peu idiote de Virginie ont permis la critique virulente de cette œuvre. Et si aujourd’hui sa lecture peut être pénible à cause de cela, Paul et Virginie reste un classique du pré-romantisme, et du romantisme, qui a l’avantage d’être court. De quoi ajouter à sa liste de lecture un classique sans y passer des heures de souffrance.

Un roman pré-romantique

Bernardin de St Pierre fait figure d’auteur pré-romantique. Grand ami de Jean Jacques Rousseau, il voue un intérêt hors du commun à la nature et à la vie dans les lointaines contrées.

On lui connaît un voyage fondateur à la Martinique durant son enfance, qui lui fait naître cet intérêt pour la nature et les paysages idylliques qui vont faire de lui un auteur pré-romantique.

L’action de son roman se passe à l’île Maurice et de nombreuses pages sont consacrées à dépeindre la vie de tous les jours. Pour bien marquer sa fascination pour cette vie simple, proche de la terre, toute tournée vers la nature, il dépeint la vie de deux femmes et de leurs enfants qui fuient le déshonneur dans la capitale en s’installant dans cette colonie. Elles y découvrent un travail laborieux de la terre, mais qui leur permet de ne plus s’appesantir sur des évènements sans intérêt pour vivre plus en communion avec la nature.

L’auteur de Paul et Virginie raconte une nature digne du paradis, un terre sauvage et non souillée de la main de l’homme.

Les traits principaux du pré-romantisme sont :

  • le retour sur le devant de la scène des passions et de la figure du moi face à la tenue exigée par le classicisme et la raison des Lumières ;
  • la mise en avant de la sensibilité et des émotions ;
  • l’exaltation du sentiment de la nature, sa virginité protectrice face aux péchés de la ville et de la société ;
  • l’importance originalité de style et de personnalité contre l’imitation classique.

Les principaux thèmes du pré-romantisme dans l’œuvre

La Nature occupe une place immense dans Paul et Virginie. Elle est la protectrice et la nourrice de cette petite société vertueuse, mais aussi celle qui punira Virginie d’être partie en Europe et d’en ramener des préjugés contre nature (la pudeur qui la mènera à sa perte).

Les sentiments, ceux que ressentent les proches de Paul et Virginie face à leur pureté et leur gentillesse, ceux déchirants de la perte de Virginie ou encore ceux d’effroi et de colère face à l’esclavage sont traités avec intensité pour que le lecteur les ressente pleinement.

Paul et Virginie : le tableau d’une société idéale

Paul et Virginie, c’est aussi l’exemple par excellence du roman d’amour mais aussi un roman moralisateur. En effet, la société décrite par Bernardin de St Pierre est décrite comme idéale, presque utopique. Elle est composée des deux mères, de leurs enfants respectifs Paul et Virginie, ainsi que de leurs domestiques.

Il s’agit d’un roman moralisateur dans la mesure où, bien que grandissant dans l’amitié et la fraternité, les deux héros vont parvenir à l’âge adolescent ; l’âge des premiers émois où la camaraderie se mue en attachement qui se transforme ensuite en amour. On contraint les jeunes à taire leur amour pour que celui-ci, de façon symbolique, ne vienne pas souiller la perfection du tableau. Paul se jetant à l’eau pour essayer de sauver Virginie de la noyade de la scène finale marque bien aussi le côté charnel de l’amour dans le roman.

En faisant mourir l’héroïne de Paul et Virginie au pied du paradis perdu, alors qu’elle allait retrouver les bras de celui qu’elle aime, Bernardin de Saint-Pierre a donné tout son sens tragique au roman. Une dimension tragique qui n’occulte pas pour autant la critique acerbe de Bernardin de St Pierre vis-à-vis d’une société et d’une époque avec laquelle il ne se sentait pas en phase.

Lire aussi : Les utopies dans la littérature 

Un récit pastoral

Qu’est-ce que le genre pastoral ? Le genre littéraire pastoral, très en vogue aux XVIe et XVIIe siècles, qualifie un roman ou une pièce de théâtre dont l’action se déroule dans un cadre bucolique, campagnard avec des personnages de bergers et de bergères. Mais attention, ces jeunes gens ne sont pas de vulgaires paysans gardiens de moutons. Il s’agit en réalité de gens de bonnes conditions sociales qui ont délibérément choisi de se réfugier à la campagne pour vivre une vie paisible loin de la malveillance, les péchés et les intrigues politiques de la ville.

En quoi Paul et Virginie est-il un roman que l’on peut qualifier de pastoral ?

Nous pouvons noter que le cadre bucolique, le rang social des personnages et la présence du narrateur permettent à Paul et Virginie d’être qualifié de roman pastoral. En effet, toute l’action se déroule dans les paysages exotiques et paradisiaques de l’île Maurice. Les personnages y vivent en harmonie et les préoccupations tournent autour de la date du mariage entre les deux adolescents.

Puis la mère de Virginie, Madame de la Tour, rappelle la qualité du rang social de cette petite société. Enfin, la présence du narrateur homodiégétique, le Vieillard, est un topos (un thème central) de la pastorale.

Pour aller plus loin

Si cette œuvre a piqué ta curiosité, n’hésite pas à l’emprunter au CDI de ton lycée ; tu peux également consulter la version intégrale et gratuite qui a est mise à ta disposition sur le site de la Bibliothèque nationale de France (BNF).

N’hésite pas à lire aussi notre article sur l’œuvre pastorale de l’auteur antique Longus, Daphnis et Chloé, qui présente de nombreux points communs avec l’histoire de Paul et Virginie. Cette référence classique fera sans aucun doute excellente impression dans tes copies !

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