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Cahier de Douai, Arthur Rimbaud : résumé et analyse

À lire dans cet article :

Au programme des épreuves du bac de français 2024, nous te proposons dans cet article une analyse du Cahier de Douai d’Arthur Rimbaud. Tu sauras tout sur cette œuvre et sur le parcours « Émancipations créatrices » qui lui est associé.

Qui était Arthur Rimbaud ?

Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille. Il écrit ses premiers poèmes vers l’âge de quinze ans, avant de mettre un terme à l’écriture vers 20 ans.

Présentation des Cahiers de Douai, d’Arthur Rimbaud

Tout d’abord, afin de t’éclairer au mieux sur les éléments que tu dois maîtriser à l’issue de l’étude de cette œuvre, nous t’invitons à consulter la fiche officielle du programme présentée par Eduscol, disponible en cliquant ici.

Le Recueil de Douai ou encore le Recueil Demeny est un ensemble de 22 poèmes écrits par Arthur Rimbaud entre mars et octobre 1870. Ils sont répartis en deux liasses de 15 et 7 poèmes.

Recueilli par son professeur Georges Izambard après sa première fugue du 29 août 1870, Rimbaud déposa dès le 26 septembre 1870 chez Paul Demeny, poète et éditeur douaisien, une première liasse de 15 poèmes. Il fera un second séjour à Douai lors de sa deuxième fugue. Sept nouveaux sonnets seront confiés à Demeny.  Les deux liasses seront vendues aux enchères de l’hôtel Drouot en 1914 et achetées par Stefan Zweig, un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien très connu.

Contexte d’écriture des Cahiers de Douai

Rimbaud n’est âgé que de 16 ans quand il entreprend d’écrire plusieurs dizaines de poèmes entre mars et octobre 1870 lors d’un séjour à Douai, dans le nord de la France. Après avoir fugué de chez lui, il est recueilli par son professeur de rhétorique, Georges Izambard.

Juste après cette première fugue, Rimbaud revient chez lui en laissant quelques poèmes à un éditeur de Douai, Paul Demeny (d’où le titre alternatif de Recueil Demeny). Il s’agit du premier « cahier ». À l’occasion d’une deuxième fugue, Rimbaud vient déposer les 7 sonnets suivants.

D’une nature impulsive, Rimbaud demande à plusieurs reprises à Demeny de tout brûler. Ce dernier ne l’écoute pas et transmet même le recueil à d’autres éditeurs, qui le publient après la mort de Rimbaud.

Les thèmes principaux des Cahiers de Douai

Ces poèmes (qui sont des sonnets) abordent différents thèmes. Les Cahiers de Douai de Rimbaud est un recueil polémique, car il est empreint d’idées de révolte et de liberté, à rebours (au contraire) de la poésie classique et romantique.

Les fugues ou errances dans la nature

Les poèmes de Rimbaud sont emplis de mouvement avec une récurrence du thème de la marche. On dénombre dès lors de nombreuses conjugaisons avec le verbe « aller », au présent, au futur et à l’imparfait. De nombreuses mentions sont faites de termes tels que « sentiers », « chemins », « au bord des routes ».

La poésie nouvelle de Rimbaud

On retrouve l’anticipation du poète qui se fait voyant : « je veux être poète et je travaille à me faire voyant. Enfin, le poète est « voleur de feu ». La poésie est traditionnellement associée au mythe d’Orphée, ici, Rimbaud l’associe à Prométhée ; le poète volerait donc aux dieux pour donner aux hommes… Ainsi, la nature dans les poésies de Rimbaud est sacralisée, sublimée, divinisée, elle se confond avec l’amour et la femme :

« Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la Nature, -heureux comme avec une femme ».

La révolte

Nombreuses sont les dénonciations et satires dans les poésies. Tout d’abord, la poésie de Rimbaud est empreinte d’anticléricalisme (opposition au clergé, à la hiérarchie religieuse). Cela est particulièrement visible dans « Le Forgeron », où Rimbaud se livre à une caricature du clergé, en dénonçant également l’hypocrisie de la religion. Ainsi, dans « Le Mal », il est question des massacres de la guerre et de l’indifférence de l’église et de Dieu.

Ce thème englobe également une dimension politique, avec notamment une critique acerbe de la monarchie absolue, du Second Empire, des rois, Louis XIV, ou de Napoléon III. Cela est particulièrement significatif dans les poèmes « L’Eclatante victoire de Sarrebrück » et « Le Mal » De plus, la guerre est aussi abordée dans « Le Mal » et « Le Dormeur du val », tout comme la pauvreté, évoquée dans « Les Effarés ».

L’image de la femme

L’image de la femme dans le Cahier de Douai est ambivalente, le plus souvent sublimée.

Le poème « Ophélie », retranscrit en ce sens l’image d’une femme-ange. On y retrouve son contraire, la femme-démon dans « Vénus Anadyomène ». Le terme « anadyomène » signifie « sorti des eaux ». Ce thème est propre à la peinture de la Renaissance, dont une des œuvres majeures est la « Vénus sortie des eaux » de Botticelli peinte vers 1485, dont tu peux voir une illustration ci-dessous. La Vénus sortie des eaux ou « Vénus anadyomène » est un thème artistique courant de la peinture occidentale, issu de la mythologie gréco-romaine.

Image venus anadyomène Boticelli Rimbaud

Rimbaud en détruit ici la beauté :

« Puis, le col gras et gris, les larges omoplates

Qui saillent ; le dos court qui rentrent et qui ressort […]

« La graisse sous la peau paraît en feuilles plates ».

Par conséquent, la femme inspire l’horreur, en particulier dans la chute du sonnet :

« Et tout ce corps remue et tend sa large croupe

Belle hideusement d’un ulcère à l’anus ».

De plus, la quête de sensualité de l’adolescent s’effectue en lien avec les interdits moraux. Il s’oppose aux bonnes mœurs de l’ordre bourgeois, particulièrement visible dans « Ma Bohème », « La Maline », « Reparties de Nina ».

Finalement, l’amour est un mythe dans le poème « Soleil et Chair ».

Ma bohème

Impossible de parler de la jeunesse rimbaldienne, ou même simplement de Rimbaud, sans évoquer le célèbre poème « Ma Bohème ». Le poète y chante sa vie de vagabond :

« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;

Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées ! »

Par ailleurs, le mouvement chez Rimbaud ne se limite pas qu’à partir en vadrouille, il veut aussi faire bouger les choses au sens politique et social. C’est pourquoi nombre de poèmes critiquent de façon plus ou moins directe la société de son époque. Le célèbre poème « Le Dormeur du val »  décrit un homme qui semble dormir dans un champ, jusqu’à ce que l’on apprenne dans le dernier vers du sonnet qu’il est en fait mort, tué par deux balles. C’est donc une dénonciation de la guerre (à l’époque de Rimbaud, c’est la guerre de 1870 contre la Prusse) qui ruine la vie des jeunes comme lui.

« Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »

Dans « Le Bal des pendus », Rimbaud s’attaque à la bourgeoisie en les imaginant comme des cadavres pendus, dont les mouvements sont ceux de simples pantins se balançant au bout de leur corde. Il s’inspire de la morbide « Ballade des pendus » de François Villon.

Rimbaud ne s’interdit donc aucun sujet, et encore moins ceux jugés non poétiques, s’inscrivant en cela dans le sillage tracé par Baudelaire. Par exemple, dans la « Vénus anadyomène », il dresse le portrait grotesque et terrible d’un corps de femme abîmé par la vie, parée seulement d’un « ulcère à l’anus ».

Sur le plan socio-politique, certains poèmes dénoncent toutes les formes d’asservissement comme « À la musique ». D’autres font l’éloge de la liberté comme « Morts de Quatre-vingt-douze… ». La dénonciation de l’hypocrisie cléricale (des clercs, c’est-à-dire de l’Église) éclate dans « Le Châtiment de Tartufe ». Mais l’amour de Rimbaud pour la liberté se dit aussi de façon plus intime et personnelle dans des poèmes comme « Sensation » ou « Ma bohème », qui chantent la rêverie, le vagabondage du cœur, de l’esprit et des pieds.

Quel est le mouvement littéraire auquel est rattaché Les Cahiers de Douai ?

Avant tout, du point de vue thématique, Rimbaud est fidèle à lui-même et n’hésite pas à choquer en insultant tous ceux qu’il déteste. Rimbaud n’hésite à employer également des mots et expression vulgaires, voire scatophiles (en rapport avec les excréments).

Toutes ces provocations sont aussi mises en valeur par l’aspect formel des poèmes. Rimbaud utilise certes la forme très classique du sonnet, mais il s’inspire de ses idoles, précurseurs de la modernité poétique : Baudelaire et Verlaine. La régularité disparaît, pour laisser place aux jeux sur les rythmes et les alexandrins disloqués. De la même manière, les vers retranscrivent les mouvements que le poète veut conférer à son texte.

Tous ces éléments sont caractéristiques du symbolisme, un mouvement initié par Baudelaire. Mais Rimbaud en devient par la suite la figure de proue (le leader), car s’il s’inspire de lui dans les Cahiers de Douai, avant de révolutionner entièrement la poésie dans ses autres œuvres.

En effet, il pense que le poète est un « voyant », sensible à des choses (des sensations, des idées) que nous, simples mortels, ne pouvons pas saisir. Pour lui, il existe un autre que nous en nous-mêmes, et il faut travailler dur pour le trouver. C’est la raison pour laquelle Rimbaud va s’efforcer au maximum d’éveiller tous ses sens, ce qui donne cette couleur particulière, très mystique, à sa poésie symboliste.

Conclusion

Finalement, Arthur Rimbaud est un poète incontournable : des poèmes comme « Le Bateau ivre », « Le Dormeur du val » ou « Voyelles » comptent parmi les plus célèbres de la poésie française. La précocité de son génie, sa carrière littéraire fulgurante, sa vie brève et aventureuse contribuent à forger sa légende et faire de lui l’un des géants de la littérature mondiale.

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