Olympe de Gouges est une figure majeure du XVIIIe siècle. Connue en particulier pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, nous te proposons de retracer dans cet article les moments clés de sa vie.
Découvre notre
Guide du Bac de français 2024
Ce guide va booster tes révisions pour le bac de français qui approche ! 📚
Au programme, un rappel des dates importantes, des modalités de l’examen, des conseils et, surtout, une analyse pour chacune des œuvres au programme de cette année 🚀
Enfance et débuts d’Olympe de Gouges
Tout d’abord, nous t’invitons à consulter notre article sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Notons également que tout au long de l’article, nous emploierons le terme d’« auteure » pour désigner Olympe de Gouges, acception la plus répandue et préconisée par l’Académie française.
Olympe de Gouges est une femme politique et écrivaine féministe du XVIIIe siècle. De son vrai nom, Marie Gouze, elle est née enfant naturelle (se dit d’une naissance hors mariage) à Montauban en 1748 et est morte guillotinée en 1793. Ses parents sont Anne-Olympe et Pierre Gouze, boucher, bien qu’il soit de notoriété publique que son père biologique est l’auteur dramatique Jean-Jacques Lefranc de Pompignan. Son éducation (elle apprend à peine à lire et à écrire) est très succincte (légère et courte). Elle est d’abord connue pour son rôle significatif dans la défense des droits des femmes, en s’opposant aux inégalités et injustices qui touchaient les femmes à son époque.
L’arrivée à Paris
Mariée très jeune à Louis-Yves Aubry et veuve presque immédiatement à dix-huit ans, elle est vite libérée de ce mariage, et ne se remariera jamais. Le mariage est pour elle « le tombeau de l’amour et de la confiance ». Son idéal du couple est une union entre homme et femme à travers un contrat qui, en cas de séparation, permet d’avoir avec d’autres personnes des enfants reconnus.
Ainsi, après la mort de son mari, elle monte à la capitale avec son fils. Désireuse de commencer une nouvelle vie, elle change de nom et devient Olympe « de » Gouges, une particule avec laquelle elle voulait sans doute masquer ses origines modestes.
La découverte des salons littéraires
C’est une femme de lettres, qui s’est formée elle-même après son arrivée à Paris. C’est une ville dans laquelle elle a pu bénéficier d’enseignements de qualité qui lui ont permis de rivaliser avec l’élite culturelle et sociale plus tard à Paris dans les salons (réunion d’hommes et de femmes lettrés, bourgeois ou nobles, à l’origine attirés vers les Belles-lettres et la poésie, la littérature et le théâtre, et souvent autrefois les arts et les sciences).
C’est donc à partir de ce moment qu’elle côtoie philosophes et comédiens et commence à s’essayer à l’écriture. Elle se met à fréquenter les salons littéraires afin de diminuer les lacunes de son éducation limitée. Elle écrit à cet effet : « Je n’ai pas l’avantage d’être instruite ». Elle rencontre alors des lettrés, artistes et hommes politiques. Elle fréquente aussi assidûment les salles de spectacle parisiennes, participe en tant qu’actrice à des représentations de théâtre de société et se lance dans la rédaction d’œuvres dramatiques, où elle met en scène ses idées et ses combats, mais aussi parfois son personnage.
Tout au long de cette période, elle est entretenue par son amant Jacques Biétrix pendant presque vingt ans, qui lui propose de l’épouser. Cette dernière refuse, souhaitant garder sa liberté, et notamment celle de publication. En effet, la loi française interdisait à une femme auteure de publier un ouvrage sans le consentement de son mari.
Les œuvres d’Olympe de Gouges
Ses œuvres principales sont des pièces de théâtre et des textes politiques. Elle rédige ainsi le drame Zamore et Mirza (1784) contre l’esclavage ou encore un plaidoyer pour le droit au divorce en 1790. On lui attribue aujourd’hui 16 pièces de théâtre et plus de cinquante écrits politiques.
Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne
Le texte complet de la Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne est disponible en accès libre et gratuitement juste ici.
Longtemps oubliée avant que la lutte féministe ne soit au cœur des nouveaux combats d’aujourd’hui, Olympe de Gouges est maintenant reconnue comme une figure de proue du féminisme et des droits de l’homme (au sens générique et non genré). Véritable plaidoyer en faveur des droits des femmes, le courage qu’elle a eu pour publier la Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne est une source d’inspiration encore aujourd’hui. Olympe de Gouges s’est battue toute sa vie pour l’abolition de l’esclavage, pour le droit au divorce, et pour l’égalité des droits des femmes.
Sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne était une réponse directe aux auteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen promulguée pendant la Révolution française. Voix dissidente pendant la Révolution, elle s’oppose à la politique de Robespierre et à la violence du régime. À cause de ses opinions politiques clivantes, elle est arrêtée en 1793 et condamnée à mort. Quelques instants avant d’être guillotinée, elle s’exclame : « Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort ! ».
Pensée et postérité
Considérée comme l’une des fondatrices du féminisme et des mouvements en faveur de la cause des femmes et de l’égalité avec les hommes, elle est également connue pour avoir mené des combats afin d’abolir l’esclavage et pour son indépendance d’esprit et sa position avant-gardiste, érigés en modèle de nos jours encore. Longtemps délaissée, voire oubliée, la figure d’Olympe de Gouges et son apport dans le combat des droits des femmes ont été redécouverts dans les années 1970.
Quels rapports avec les Lumières ?
Olympe de Gouges et, par la suite ses écrits, ont fortement été inspirés par les Lumières. Ce mouvement culturel, philosophique, littéraire et intellectuel, qui émerge dans la seconde moitié du XVIIe siècle, marque le début d’un engagement contre les oppressions religieuses et politiques, œuvrant pour un progrès du monde, et se traduisant par une production littéraire et artistique particulièrement développée.
Combattant l’irrationnel, l’arbitraire, l’obscurantisme et la « superstition » des siècles passés, ce mouvement a procédé au renouvellement du savoir, de l’éthique et de l’esthétique. L’influence de leurs écrits a été déterminante dans les grands événements de la fin du XVIIIe siècle, en particulier dans la Déclaration d’indépendance des États-Unis et la Révolution française.
Opinions politiques
Sur le plan politique, Olympe de Gouges soutient le roi Louis XVI, lors de son procès. Puis elle prend le parti des Girondins et publie des pamphlets contre Marat et Robespierre. Après la chute des Girondins, elle est accusée d’être l’auteur d’une affiche girondine.
Elle est la seule femme à s’investir autant dans la chose publique. Elle fréquente de nombreux clubs révolutionnaires, notamment la Société des amis des Noirs, le Club des Jacobins et le Club de la Société patriotique des Amis de la vérité, exclusivement féminin celui-là, en plus de suivre la plupart des débats de l’Assemblée nationale législative. Elle considère que la liberté est beaucoup trop inégale entre les hommes et les femmes, et que ces dernières devraient participer plus significativement à la vie politique.
Implications lors de la Révolution française
Par ailleurs, quand survient la Révolution française, en 1789, Olympe de Gouges, déjà quadragénaire, redouble d’activité et multiplie brochures et libelles dans lesquels elle réclame avant toute chose l’égalité des droits entre tous les citoyens sans distinction de sexe, de couleur ou de revenu. Elle plaide aussi pour le droit au divorce (elle sera exaucée dès le 20 septembre 1792).
S’opposant à la mort du roi, comme à tout élément susceptible de plonger la République dans la guerre civile, elle propose de devenir le défenseur officiel du roi pour obtenir un sursis à sa mort. Elle entend exploiter la personne du roi autrement, et mettre les monarchies européennes sous pression. En vain, puisque le roi est condamné à mort par la représentation nationale, et guillotiné le 21 janvier 1793. Par conséquent, Olympe de Gouges se retrouve très vite stigmatisée par les révolutionnaires montagnards au pouvoir qui amalgament toutes celles et ceux qui se sont opposés à la mort de Louis XVI, qu’ils considèrent comme des traîtres en connivence avec les royalistes. C’est ainsi qu’elle se trouve condamnée à la guillotine.
Pour aller plus loin
Le site public Lumni te propose des ressources numériques pour approfondir les éléments biographiques d’Olympe de Gouges. Par exemple, tu peux visionner une émission consacrée à Olympe de Gouges, avec Benoîte Groult et la comédienne Martine Sarcey. Cette dernière, en costume d’époque, lit des extraits de la Déclaration sur les droits de la femme et de la citoyenne, mais aussi des lettres et suppliques contre l’esclavagisme ou pour la solidarité féminine. Entre les lectures, Benoîte Groult raconte l’histoire de cette femme, féministe avant l’heure auteure de plusieurs pièces de théâtre.
D’autres ressources (vidéos, émissions radio et dossiers thématiques) sont à ta disposition sur cette page !
Conclusion
Olympe de Gouges est guillotinée le 4 novembre 1793, il y a 230 ans. Son engagement en faveur des droits de la femme et de l’égalité avec les hommes demeure toujours d’actualité. Son œuvre, avant-gardiste alors, doit plus que jamais être rappelée et être connue pour nous guider et en appliquer les principes novateurs d’égalité et de liberté des femmes.