Mardi 16 janvier, quelques heures après la mise en place de son nouveau gouvernement, piloté par Gabriel Attal, Emmanuel Macron a pris la parole lors d’une conférence de presse retransmise en direct à la télévision. Plusieurs de ses annonces ont concerné l’éducation. Retour sur ce que le président de la République souhaite mettre en place pour la jeunesse française sur la 2e partie de son second quinquennat.
Premier grand changement sur le volet de l’éducation en France : depuis la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre, les rênes du ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques sont entre les mains d’Amélie Oudéa-Castéra. Sa prise de poste est marquée par la polémique concernant la scolarisation de ses enfants au sein de Stanislas, établissement privé catholique sous contrat, dont certaines pratiques (discours homophobes, sexisme, humiliations…) sont dénoncées dans un rapport rendu public par Médiapart. Mais venons-en aux annonces d’Emmanuel Macron !
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Réguler l’usage des écrans pour les mineurs
Premier sujet évoqué par le Président : l’usage des écrans. Emmanuel Macron annonce vouloir réguler l’accès des mineurs aux téléphones, tablettes et consoles de jeux. Un groupe de 10 experts (neurologues, psychiatres, juristes…) a été désigné pour en évaluer « le bon usage » pour les enfants. Les conclusions de leurs observations et leurs recommandations doivent êtres remises au chef de l’État en mars prochain.
Peut-être nous orientons-nous vers une décision du même acabit que celle prise au printemps 2023 par la Suède : la réduction du temps passé par les élèves devant les écrans et le retour aux manuels scolaires, toujours présents comme supports de cours dans l’enseignement primaire et secondaire en France.
Au collège : plus d’éducation civique et du théâtre
Deux fois plus d’éducation civique au collège ! À compter de la rentrée prochaine, les collégiens suivront deux fois plus d’heures d’EMC, Enseignement moral et civique, discipline généralement enseignée par les professeurs d’histoire-géographique. Il ne s’agit pas d’une nouveauté à proprement parler, puisque l’annonce a été faite en juin dernier par le ministre de l’Éducation nationale alors en poste, Pap Ndiaye. À la place de 30 minutes par semaine (ou 1 heure tous les 15 jours), les élèves de la 5e à la 3e suivront donc 1 heure d’EMC hebdomadaire. Ce renforcement du volume horaire s’accompagnera d’une révision du programme enseigné qui s’appuiera sur « les grands textes fondateurs de la nation ». Le programme mettra l’accent sur les valeurs fondamentales de la République, le développement durable et l’éducation aux médias.
Les collégiens auront également, ajoutés à leur emploi du temps, des cours de théâtre à partir de la rentrée de septembre 2024. Le Président souhaite en effet que cette discipline soit « un passage obligé », considérant que le théâtre « donne confiance, apprend l’oralité, le contact aux grands textes ». Les conditions de la mise en place de cette discipline restent à préciser. Sans parler d’auditoriums ou d’amphithéâtres, tous les établissements ont-ils des espaces adaptés à l’accueil de tels cours ? Qui seront les enseignants ? Où trouver le temps disponible dans l’agenda des collégiens ? Réponses en attente.
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Une cérémonie de remise des diplômes pour le bac et le brevet
Emmanuel Macron a par ailleurs demandé à ce que se tienne, dès la fin de cette année, « dans chaque collège et lycée une cérémonie de remise de diplôme ». L’obtention du brevet, à l’issue de la 3e, et du bac, à la fin de la terminale, serait ainsi célébrée par « un rite républicain d’unité, de fierté et de reconnaissance ».
Très courants aux États-Unis, ces moments de fête post-diplomation le sont moins en France, même si certains établissements réunissent leurs élèves/étudiants à ce(s) moment(s)-clé(s) de leur parcours académique. Ces rendez-vous ne sont cependant pas, ou plus réellement, inscrits comme une tradition dans le calendrier de l’éducation, et ne portent certainement pas la même symbolique dans l’esprit des collégiens et lycéens français.
Généralisation du SNU pour les élèves de seconde
Le SNU a les faveurs du Président qui s’est prononcé pour « la généralisation du service national universel » (SNU) pour tous les élèves de seconde. Aucune date de mise en œuvre n’a été précisée. Il s’agit, selon lui, d’une réponse « cohérente » aux problématiques de désengagement de la jeunesse et « d’embrasement déraisonnable » produit par la consommation trop importante des écrans et le « mimétisme » qu’ils engendrent.
Mis en place en 2019, le SNU a concerné environ 40 000 jeunes entre 15 et 17 ans en 2023, sur les quelque 800 000 recensés. Ils étaient 2 000 volontaires en 2019 et l’objectif initial était d’en accueillir au moins 400 000 à horizon 2022. Ce programme se déroule en 3 étapes, sur plusieurs mois qui ne sont pas nécessairement consécutifs : séjour de cohésion obligatoire de 15 jours, mission d’intérêt général de 12 jours et engagement volontaire d’au moins 3 mois.
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100 établissements vont expérimenter le port de l’uniforme
Dès la rentrée prochaine, ils seront une centaine d’établissements scolaires volontaires sur le territoire français à « tester » le port de la tenue unique. Selon les résultats, la généralisation du port de l’uniforme pourra être actée pour 2026. C’est Gabriel Attal, alors tout récemment nommé ministre de l’Éducation nationale, qui annonçait en septembre 2023 la mise en place de cette expérimentation en réaction aux polémiques liées à l’interdiction de l’abaya et du qamis.
Les réactions ont été contrastées, mais plusieurs élus ont manifesté leur intérêt pour cette phase de test qui sera donc lancée dans quelques mois au sein d’une centaine d’établissements, des lycées notamment.
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