Dans cet article, écrit quelques semaines après la nomination de Pap Ndiaye à la tête du ministère de l’Éducation nationale, nous faisons le bilan de la réforme du lycée entrée en vigueur en septembre 2019. Ce gros chantier, déployé par Jean-Michel Blanquer, son prédécesseur au sein de ce Ministère, continue de faire couler beaucoup d’encre. Voici ce que nous pouvons en dire, alors que des aménagements, notamment autour de l’enseignement des mathématiques, sont prévus pour la rentrée 2022.
Si la réforme reste au cœur des préoccupations et discussions concernant le lycée, cela s’explique par son programme ambitieux et par les nombreux bouleversements engendrés dans l’organisation des années de première et de terminale ainsi que du baccalauréat, comme tu as peut-être pu le constater ! Entre temps, la crise sanitaire est passée par là, rendant plus compliquée l’application de la réforme. À partir d’un rapport publié par le Sénat, nous te proposons une évaluation de la réforme du lycée, en dix points clé.
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Rappel : les objectifs de la réforme du lycée et les principaux changements mis en œuvre
Avant d’analyser les effets de la réforme, il importe de se remémorer les objectifs et les changements apportés dans le cadre de cette réforme. Dans les grandes lignes, la réforme du lycée visait 4 objectifs principaux :
- mieux préparer les lycéens à leurs études supérieures ;
- réduire le taux d’échec en première année du cycle licence (en 2018, plus d’un étudiant sur 2 échoue en L1) ;
- proposer des parcours plus individuels et mettre fin à la hiérarchie entre les filières S,ES et L ;
- repenser le Bac pour lui redonner de la crédibilité, tout en simplifiant son organisation (avant la réforme, il fallait compter chaque année plus de 3 000 sujets, 170 000 correcteurs, et 4 millions de copies à corriger !).
Pour atteindre ces objectifs, plusieurs gros changements ont été instaurés :
- En voie générale, les 3 filières S, ES et L ont été supprimées et remplacées par :
- les enseignements du socle commun (avec du français, de la philo, de l’histoire-géo, des langues vivantes, des matières scientifiques, du sport) :
- le choix de 3 enseignements de spécialité en première, (puis 2 à conserver en terminale), parmi 13 spécialités.
- Les modalités d’évaluation ont été modifiées.
- Les lycéens sont évalués à partir du contrôle continu (40 % de la note finale du bac). L’idée, en mettant en place le contrôle continu, étant d’évaluer progressivement les élèves et d’échapper au “bachotage” et à la pression induite par le passage des épreuves sur une seule semaine au mois de juin.
- Il existe encore des épreuves finales (comptant pour 60 % de la note). Les lycéens de première passent les épreuves de Français (écrit et oral). En terminale, les lycéens sont évalués en langues vivantes, ainsi que sur leurs enseignements de spécialités, sans oublier l’épreuve écrite de philosophie et le Grand Oral.
- L’orientation est introduite de manière renforcée dans le parcours des élèves. Cela correspond à un ensemble de 54 heures par an pour travailler les thématiques du projet d’orientation (connaissance de soi, découverte des études supérieures et du monde professionnel, participation à des événements, etc.) .
- Certains éléments restent inchangés : comme la possibilité de prendre des options ainsi que les modalités classiques du bac (le système des mentions, la note de 10/20 minimum pour obtenir le bac, ou encore la possibilité d’aller au rattrapage).
La petite piqûre de rappel étant faite, il est temps de rentrer dans le vif du sujet : Est-ce que la réforme du bac porte ses fruits ? Les objectifs sont-ils remplis ? Tu vas le voir, le bilan est plutôt contrasté !
#1. Des choix d’orientation novateurs pour la moitié des lycéens, classiques pour l’autre moitié
La mise en place des enseignements de spécialité en série générale a démultiplié les parcours possibles. Dès la rentrée 2019, on comptait 426 triplettes différentes.
Des choix novateurs
La moitié des lycéens a opté pour des choix novateurs, en sélectionnant une triplette qui ne correspond pas aux anciennes séries S, ES, ou L. On observe même que 70 triplettes atypiques ont été choisies par 1 seul élève seulement à chaque fois !
Par ailleurs, le nouveau bac a permis la création de spécialités qui n’existaient pas auparavant. C’est le cas de la spé « sciences de l’ingénieur » (SI), suivie par 10 % des élèves en première, ou encore de la nouvelle spécialité « éducation physique, pratiques et cultures sportives » présente dans une centaine d’établissements depuis la rentrée 2021.
De plus, 20 % des élèves de terminale ont choisi à la rentrée 2020 une doublette associant les humanités (HGGSP, HLP, LLCER, ou SES) ou les arts avec un enseignement scientifique (mathématiques, physique-chimie, SVT, numérique et sciences informatiques, sciences de l’ingénieur). Ces choix s’éloignent des profils types S/ES/L.
Des choix plus classiques
De manière générale, 80% des lycéens sont répartis dans 15 triplettes, sur 426 possibles. La diversification est donc relative ! N’oublions pas que la moitié des lycéens ont fait des choix classiques. D’ailleurs, en 2021, les trois enseignements de spécialité les plus choisis sont Maths, Physique-chimie, et SES, les mêmes matières qu’en 2020.
Si l’on regarde de plus près, la triplette la plus choisie (par 28% des lycéens), il s’agit de « mathématiques, physique-chimie, SVT », ce qui correspond à une reproduction de la série S. Quant à la doublette la plus fréquente en terminale c’est « mathématiques, physique-chimie ». La seconde doublette la plus fréquente est « histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP), SES » (avec en général les maths comme 3ème spécialité, laissée de côté en terminale) : cela se rapproche grandement de l’ancienne série ES !
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#2. L’abandon des mathématiques au lycée
On constate, avec la mise en place des modalités relatives au nouveau bac, une chute du nombre d’élèves suivant des cours de maths en première et en terminale. Cette conséquence de la réforme est inquiétante, d’autant plus qu’elle se renforce au fil du temps.
Les maths font désormais partie du socle commun en étant incluses dans la matière « enseignement scientifique ». Cette matière est un mélange de trois disciplines : SVT, physique-chimie et maths. Dans l’emploi du temps des lycéens, cette matière ne représente que deux heures par semaine. Dit autrement, les maths sont très peu présentes et peu approfondies pour ceux qui ne prendraient pas cette spécialité. Pourtant, de très nombreux débouchés nécessitent des connaissances en mathématiques, au-delà des études et métiers purement scientifiques.
Si l’on regarde de plus près les chiffres : à la rentrée 2021, 64% des élèves en première générale ont choisi la spé maths. Ils étaient autant en 2020, par contre ils étaient plus nombreux en 2019 (69%). Cette diminution se poursuit à la fin de la première : entre la rentrée 2020 et le rentrée 2021, la part des élèves ayant choisi de conserver la spécialité mathématique en terminale a chuté de près de 4 points.
Si l’on combine l’enseignement de spécialité et les options, au total 59% des élèves de terminale font encore des maths. Ils étaient 90% avant la réforme (à l’époque, certains élèves en voie L ne faisaient plus du tout de maths s’ils ne prenaient pas d’option).
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#3. Des effets de genre : les filles et les garçons ne font pas les mêmes choix d’orientation
Dans le choix des spécialités, les filles et les garçons ont tendance à ne pas suivre les mêmes spés. Il y a donc des parcours davantage choisis par les lycéennes, et d’autres plus prisés par les lycéens.
Plus précisément, les filles sont sous-représentées dans les enseignements scientifiques. Elles ne sont que 13% à suivre la spécialité « numérique et sciences de l’informatique » et 14% pour les « sciences de l’ingénieur », alors qu’elles représentent 56% des élèves de terminale ! Elles sont aussi sous-représentées, dans une moindre mesure, en maths ou en physique-chimie.
Par ailleurs, si l’on regarde le phénomène d’abandon des mathématiques entre la première et la terminale, les filles sont plus concernées que les garçons. Au total, 50 % des filles de terminale, contre 69 % des garçons, font des mathématiques, soit en spé, soit en option. On comptait 43 % de filles dans la filière S, elles ne sont plus que 24 % à suivre la spécialité « mathématiques » en terminale. C’est un chiffre inquiétant, qui pose la question de la présence des filles dans les filières scientifiques de l’enseignement supérieur.
En revanche, elles sont largement majoritaires dans les spécialités liées aux sciences sociales, aux langues et aux arts (HLP, LLCR, LLCA et arts).
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#4. Des effets de « classe » : des choix différenciés selon le milieu social d’origine
Au-delà des effets de genre, on observe également sur l’orientation scolaire des effets liés au milieu social des lycéens. Le milieu d’origine de l’élève a une influence sur ses choix d’orientation, à la fois concernant les spés, mais aussi par rapport aux options.
En regardant les effectifs des spécialités, on observe que les élèves issus des milieux favorisés sont surreprésentés dans les choix scientifiques, en particulier pour les spés mathématiques et physique-chimie. En effet, les élèves d’origine sociale favorisée représentent 39 % des élèves de terminale, mais ils sont 48% des élèves en spé mathématiques et 46% en physique-chimie. Sans surprise, ils sont également surreprésentés dans les doublettes « mathématiques, physique-chimie » et « HGGSP, mathématiques ». Inversement, les élèves d’origine sociale défavorisée sont surreprésentés dans les doublettes « humanités littérature et philosophie, SES », « humanités littérature et philosophie, LLCER ».
Concernant le choix des options, les inégalités de classes sont également flagrantes : les élèves d’origine défavorisée prennent moins les options que les autres. En effet, ils sont que 31 % à suivre un enseignement optionnel, contre 46% des élèves d’origine sociale favorisée. Les options maths expertes et maths complémentaires sont plus choisies par les milieux favorisés, tandis que l’option « Droit et grands enjeux du monde contemporain » est majoritairement suivie par les filles et les élèves d’origine sociale moins favorisée.
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#5. Une offre et un accès inégal aux spécialités sur le territoire national
L’objectif de la réforme était de rendre accessible, à une distance raisonnable, l’ensemble des spécialités pour que chaque lycéen puisse réaliser le parcours de son choix. Pour cela, des mesures ont été proposées (comme des conventions entre lycées ou des services de transports pour les lycéens qui devraient bouger d’un lycée à l’autre). Pour l’année 2020-2021, un peu moins de 4 000 élèves ont été accueilli dans un autre lycée pour y suivre une spécialité non offerte dans leur propre lycée. Cela représente à peine 0,4 % des effectifs.
Comment expliquer ce phénomène ? En majorité, les élèves sont victimes de ce que l’on appelle « l’effet établissement ». Ils ont tendance à faire le choix des spécialités parmi celles proposées dans leur établissement, une fois qu’ils sont arrivés et bien “installés” en seconde. Rares sont les élèves qui changent de lycée entre la seconde et la première pour des questions de spécialités ou qui s’embêtent à aller suivre une spé ailleurs, notamment à cause de la logistique complexe (transport vers l’autre lycée, emploi du temps décalé, heures de spés condensées sur une journée, etc.).
On constate aussi un autre problème : la difficile la mise en place de la réforme dans certaines régions moyennement peuplées. Voici un chiffre parlant : il y a trois fois plus de combinaisons proposées dans l’académie de Versailles que dans celle de Corse. Pourquoi de telles différences ? Cela s’explique par le fait que la réforme est complexe à mettre en place dans les établissements de taille modeste. Pour les lycées les plus petits, les effectifs des élèves sont parfois trop faibles pour décider d’ouvrir une spécialité ou une option. Beaucoup de chefs d’établissements sont confrontés à des dilemmes : est-ce intéressant de proposer telle spécialité ou telle option ? de mobiliser une salle et un prof, pour quelques élèves seulement ? L’enjeu est de taille : il faudrait en principe que chaque lycée permette de choisir parmi toutes les spés et toutes les options de la réforme, mais dans les faits, on est encore loin du compte.
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#6. Les limites de l’évaluation par le contrôle continu
Avec le nouveau bac, 40% de la note repose désormais sur le contrôle continu, l’idée étant d’instaurer une certaine constance dans le travail du lycéen et de valoriser son sérieux tout au long du lycée.
On observe quand même plusieurs limites à ce principe :
- Le contrôle continu retire une partie de la dimension commune, nationale du baccalauréat. Le risque étant que le contrôle continu crée progressivement un bac de plus en plus local, en raison des disparités de notations d’un lycée à l’autre.
- Les lycéens subissent une forte pression toute l’année. Ils ont la sensation de devoir performer pour chaque travail et que désormais, une grande partie du travail se joue en classe, au quotidien.
- Il existe de vrais problèmes de “calendrier”. L’idée initiale : faire en sorte que les épreuves finales de spécialité, se déroulant en mars, puissent être prises en compte dans le dossier Parcoursup. L’intérêt étant de faire le lien entre les spécialités et le projet d’études supérieures. Or, passer des épreuves au mois de mars pose de vrais soucis :
- c’est un casse-tête pour l’organisation scolaire de l’année et la progression dans les programmes qu’il faut avoir terminés pour cette échéance ;
- la méthodologie nécessaire pour réussir les épreuves n’est pas encore bien acquise à ce stade de l’année ;
- comment motiver les élèves une fois que les épreuves sont passées ? Après le mois de mars, il reste encore 3 mois de cours !
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#7. Le manque d’information pour construire son parcours à la carte
La réforme vise à mieux préparer les élèves aux études supérieures et à réduire le taux d’échec en licence. Pour cela, le parcours « à la carte » a été mise en place, offrant la possibilité de choisir 3 spécialités en première, puis 2 en terminale.
Or, on constate que la réforme a été mise en place sans réel accompagnement des élèves dans le choix des spécialités. L’information reste floue, complexe et peu accessible, aussi bien pour les élèves que les parents, mais aussi pour les professeurs. Comment construire son parcours « à la carte » sans les informations indispensables ? Les élèves sont en général peu accompagnés dans le choix des spécialités en lien avec leur poursuite d’études. Les enseignants et les personnels éducatifs n’ont pas eu de réelles formations pour les aider.
Le principal risque est que cela conduise aux effets inverses de ce qui était attendu : des parcours mal construits et peu adaptés aux études supérieures, engendrant un échec en post-bac. Certains choix de triplettes peuvent poser de vrais problèmes au moment des vœux et pendant la poursuite d’études supérieures. Il est donc très difficile de savoir quelles spécialités choisir pour son projet d’études et pour certains, cela constitue un pari sur l’avenir. Le fait de choisir 3 puis 2 spécialités peut enfermer et provoquer un effet entonnoir dont il est difficile de sortir si on veut adapter son projet ou se réorienter.
« L’ouverture des possibles » promise par cette réforme se transforme alors pour ces derniers en « fermeture des débouchés ». Rapport du Sénat, Bilan des mesures éducatives du quinquennat, février 2022.
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#8. Le chapitre “orientation” laissé en chantier
On l’a vu, parmi les points de la réforme, les lycéens disposent, selon les textes, de 54 heures annuelles dédiées à l’orientation. En principe, ils doivent pouvoir les utiliser pour visiter des établissements, découvrir des formations et des métiers, rencontrer des professionnels, réaliser des journées d’immersion, solliciter le psychologue scolaire, etc.
Le problème constaté est le suivant : ces heures ne sont pas inscrites comme des heures propres dans l’emploi du temps. Dit autrement, il n’y a pas un créneau réservé à l’orientation, comme c’est le cas pour les autres matières. Cette absence d’inscription de l’orientation dans les heures de l’emploi du temps donne lieu à des disparités territoriales et entre établissements. Ainsi, dans les lycées où la culture de l’orientation est présente, les professeurs et l’équipe pédagogique vont jouer le jeu. Les 54 heures sont exploitées au maximum et les élèves seront dotés d’une boîte à outils solide. En revanche, dans d’autres établissements, ces heures sont utilisées pour d’autres projets ou tout simplement pour avancer dans les programmes.
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#9. Une adaptation au ralenti des établissements de l’enseignement supérieur
L’un des objectifs de la réforme visait à mieux articuler le lycée et l’enseignement supérieur. On attendait donc que les formations du post-bac adaptent leurs modalités de recrutement et leurs attendus en fonction de la réforme et du système des spécialités. Actuellement, on observe que les situations sont très hétérogènes d’un établissement de l’enseignement supérieur à l’autre :
- Une minorité de formations ont anticipé la réforme et adapté leurs modalités de recrutement et leurs attendus pour prendre en compte des profils plus variés.
- Certaines filières sont “en attente” et ne se sont pas adaptées à la réforme. Elles attendent de voir le profil des étudiants elles vont accueillir avant de modifier leurs maquettes et de repenser leur sélection.
- D’autres, enfin, estiment ne pas avoir besoin de s’adapter : pour ces formations-là, un tronc commun suffit. Ces établissements mettent en avant les résultats du tronc commun et les spécialités sont peu valorisées, ce qui va à l’encontre de la réforme.
Par ailleurs, on remarque que certaines filières sont directement impactées par la réforme :
- C’est le cas des IEP : les profils scientifiques ont pratiquement disparu des vœux pour les instituts d’études politiques (seulement 2 %), alors que le bac scientifique représentait 25 % des candidatures avant la réforme.
- Dans les prépas ingénieurs, le caractère scientifique s’est accentué : plus de 97 % des élèves ont un profil « mathématiques, physique chimie » ou « sciences de l’ingénieur » et 85 % ont suivi l’option « mathématiques expertes ».
- Les CPGE économiques et commerciales, qui étaient très liées aux séries S, ES et L, doivent se réorganiser en profondeur pour accepter des étudiants aux profils plus variés.
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#10. Les ratés du Grand oral
Le Grand oral, cet exercice ajouté dans le planning des épreuves finales du bac en terminale, vise à évaluer les aptitudes en prise de parole en public, les savoirs acquis pendant les 2 ans au sein des enseignements de spécialités et leur lien avec le projet professionnel. C’est un exercice ambitieux et robuste, pour lequel l’organisation et la préparation des élèves n’ont pas été à la hauteur, selon plusieurs syndicats enseignants. Au final, un sentiment d’insatisfaction générale se fait ressentir. Les professeurs parlent d’« improvisation », « d’exercice inégalitaire », de « grand stress » et même de « mascarade » !
D’un côté, les enseignants déplorent une absence de moyens et de temps pour préparer pendant l’année les élèves et pallier leur manque de compétences à l’oral. Là aussi, il existe un « effet établissement » : certains lycées ont organisé fréquemment des ateliers approfondis concernant la prise de parole à l’oral alors que d’autres lycées ont eu de sérieuses difficultés à préparer leurs élèves.
D’un autre côté, le déroulé de l’examen est aussi vivement critiqué. Plusieurs problèmes ont été soulignés, comme des convocations adressées tardivement, des jurys peu ou pas formés à l’examen, des jurys convoqués pour des spécialités qu’ils n’enseignent pas. S’ajoutent à cela de grandes difficultés à évaluer les élèves et surtout un manque d’harmonisation des notes (alors que cette procédure existe pour toutes les autres épreuves).
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Quel bilan global peut-on faire concernant la réforme du bac ?
Les dix points évoqués convergent vers l’idée d’une réforme loin d’être efficace. L’empreinte des anciennes séries reste forte, les maths sont désertées, les inégalités de classes, de genre et de territoires sont en hausse, le contrôle continu pose problème, l’orientation et le lien avec le supérieur restent en chantier… Si l’on se fait l’avocat du diable, il faut reconnaître que la réforme est encore toute récente et que le Covid a largement semé la pagaille !
Il faut rester attentif face à cette réforme, car l’enjeu est fort. En effet, le bac constitue « la barrière de péage » pour accéder aux études supérieures, et c’est un examen national qui permet de fixer la norme de ce que l’on attend d’un élève en fin de lycée.
Pour terminer sur une touche d’optimisme, voici quelques pistes qui permettraient, peut-être de remédier à certaines limites évoquées dans cet article :
- former les enseignants et personnels éducatifs pour accompagner les élèves sur les spécialitéss et options à choisir pour leur projet d’étude ;
- lutter contre les stéréotypes de genre associés à certains enseignements ;
- garantir la présence de chacune des spécialités et des options dans tous les lycées ;
- inclure les heures d’orientation dans l’emploi du temps.