Le lien entre finance et croissance

Le lien entre finance et croissance

À lire dans cet article :

Dans cet article, nous analyserons ensemble le lien entre finance et croissance. Ce dernier peut être positif ou négatif, mais également analyser d’un point de vue économique et sociologique.

Un lien négatif entre finance et croissance

Le principal coût associé à un développement du secteur financier excessif ou mal maîtrisé réside dans l’instabilité économique et financière qu’il peut engendrer. Ce risque était déjà mentionné dans les travaux de Keynes ou Minsky.

Le développement du système financier rend possible une crise systémique générale. Une crise systémique est une rupture dans le fonctionnement de services financiers, causée par la dégradation de tout ou partie du système financier et ayant un impact négatif généralisé sur l’économie réelle. Ce fut par exemple le cas lors de l’éclatement de la bulle des subprimes. Le risque systémique est donc le risque de matérialisation de cette rupture dans le fonctionnement des services financiers susceptible d’affecter l’ensemble du secteur ainsi que l’économie réelle. Par son ampleur, un risque systémique est suffisant pour provoquer l’effondrement de la quasi-totalité d’un système financier ou économique. Les réponses rationnelles des agents aux risques qu’ils perçoivent amènent à élever l’insécurité générale.

Il est un autre biais par lequel un développement excessif du secteur financier peut nuire à la croissance, c’est celui de l’allocation des talents au sein des différents secteurs productifs. James Tobin est un des premiers à suggérer (1984) que les rendements sociaux du secteur financiers peuvent être plus faibles que ses rendements privés et à s’inquiéter que le secteur financier puisse capter les talents au détriment des secteurs productifs et soit inefficients au niveau de la société : plus de financiers signifie donc moins d’ingénieurs, de médecins, de chercheurs. L’allocation des talents est un déterminant important de la croissance.

« Dans un système où la finance est devenue le secteur le plus lucratif, les étudiants les plus brillants choisissent de faire carrière dans la banque au lieu d’opter pour la médecine, la recherche ou les services publics, privant des secteurs indispensables à la croissance de l’économie, des meilleurs talents » (Stiglitz, Le prix de l’inégalité, 2012). Cet attrait des talents est évidemment dû aux salaires particulièrement élevés dans l’industrie financière. Parmi les diplômés de Harvard, ceux qui travaillent dans le secteur de la finance, toutes choses égales par ailleurs, gagnent presque trois fois plus que les autres.

De plus les hautes rémunérations distribuées au sein des institutions financières ne sont guère favorables à l’efficacité du contrôle car elles creusent un fossé entre contrôlés et contrôleurs. Difficile, en effet, pour le régulateur d’offrir à ses contrôleurs des opportunités de carrières et des salaires équivalents à ceux qu’ils obtiendraient de l’autre côté de la barrière. Les hautes compétences se retrouvent davantage du côté des supervisés quand il en faudra au contraire davantage du côté des superviseurs.

Lire aussi : SES : liens entre gains de productivité et croissance

La finance au service de la croissance sous certaines conditions

La finance joue un rôle crucial dans le soutien et la stimulation de la croissance économique, à condition que certaines conditions soient respectées. Tout d’abord, il est essentiel que le secteur financier soit bien régulé pour éviter les excès et les crises financières qui pourraient nuire à l’économie. Une réglementation efficace assure la transparence des marchés, protège les investisseurs et renforce la confiance dans le système financier. De plus, pour que la finance contribue réellement à la croissance, elle doit être accessible à un large éventail d’entrepreneurs et de petites entreprises, leur permettant de financer des projets innovants et de créer des emplois. L’inclusion financière est donc une condition sine qua non pour une croissance économique durable. Par ailleurs, la finance doit être orientée vers le financement de projets durables et responsables, prenant en compte les enjeux environnementaux et sociaux, afin de garantir un développement harmonieux à long terme. En résumé, lorsque la finance est bien régulée, accessible et responsable, elle devient un puissant moteur de croissance économique.

Lire aussi : SES : la croissance économique et le développement durable

Une croissance économique, qui n’est pas au service de tout le monde

Le secteur financier a contribué à l’accroissement des inégalités de revenus. L’expansion du secteur bancaire et des marchés boursiers tend à augmenter la part des revenus détenus par les 1 % les plus riches. J.Stiglitz (Le prix de l’inégalité, 2012) insiste particulièrement sur ce point : les plus riches, qui font moins usage de services publics, s’inquiètent des gouvernements qui pourraient redistribuer les revenus et font jouer leur influence politique pour abaisser les impôts et restreindre les dépenses de l’État. Ceci mène tout droit à un sous-investissement dans les infrastructures, l’éducation et la technologie, enrayant les engrenages de la croissance.

Une des raisons principales du fait que les inégalités peuvent un frein à la croissance est que les plus défavorisés et la classe moyenne inférieure (les quatre premiers déciles de la population) se trouvent moins à même d’investir pour s’instruire, limitant ainsi la mobilité sociale et le développement des compétences. En entravant l’accumulation de capital humain, les inégalités de revenu compromettent la croissance.

Lire aussi : SES : l’épargne doit-elle être un préalable à la croissance économique ?

Tu veux plus d’informations et de conseils pour réussir tes examens et trouver ton orientation ? Rejoins-nous sur Instagram et TikTok !