Les Trente Glorieuses (1945-1973) sont une période de forte croissance économique en France, marquée par une hausse du niveau de vie, une industrialisation accélérée et une transformation sociale majeure. Grâce à des politiques économiques keynésiennes, une main-d’œuvre abondante et des innovations industrielles, la France a connu une croissance de près de 5 % par an. Mais quelles sont les causes de cette prospérité ? Comment cette période a-t-elle transformé l’économie française et la société ? Cet article revient sur l’origine des Trente Glorieuses, leurs facteurs économiques et leur impact durable.
Pourquoi parle-t-on des Trente Glorieuses ? Origine et signification de l’expression
Le premier à avoir parlé des Trente glorieuses est Jean Fourastié en 1979 dans le livre Les Trente Glorieuses. Ce célèbre économiste français faisait référence aux Trois Glorieuses (27-29 juillet 1930) pour insister sur le côté révolutionnaire de cette période. L’expression est purement française puisqu’à l’étranger on parle d’âge d’or japonais ou de miracle allemand. C’est pourquoi nous allons nous intéresser de plus près au cas français qui a connu une croissance 5 % par an lors de cette période.
Les Trente Glorieuses : causes et facteurs de la croissance économique (1945-1973)
C’est la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale qui va vraiment faire repartir l’industrie française. En particulier, grâce à l’aide des capitaux des États-Unis, dans la continuité de la création du plan Marshall en 1947. Cela permet la création de l’Organisation Européenne de Coopération Économique (OECE) en 1948. Les pays européens, et notamment la France, augmentent leur taux de consommation par personne en relançant la demande et l’activité économique grâce à cette solidarité économique. Cela fait repartir la croissance avec la consommation de produits américains et l’investissement productif.
En France, on mène des politiques contra-cycliques d’inspiration keynésiennes. Contrairement aux États-Unis et au Royaume-Uni, on préfère la stabilité monétaire avec les politiques de stop and go pour faire repartir puis freiner la croissance.
En France, on nationalise la Banque de France en 1945, l’État ne se heurte plus au mur de l’argent et peut donc émettre autant de monnaie qu’il le souhaite. Dès 1945, le Général De Gaulle lance une politique expansionniste autant au niveau budgétaire que monétaire. Les dépenses de l’État permettent de faire reprendre de l’activité économique. Ainsi, la banque de France en baissant les taux d’intérêts directeurs permet un financement plus facile de l’économie. Durant les Trente Glorieuses, la France connaît un des taux d’investissement les plus importants de tous les pays industrialisés, il est de l’ordre de 20 % des revenus.
Comme le font remarquer Thesmar et Landier dans le chapitre 5 de leur ouvrage : Le grand méchant marché, publié en 2006, l’économie n’était pas complètement étatique. C’est grâce à l’influence de Jean Monnet, nommé commissaire général du Plan en 1945. Il nomme 80 % de personnes issues du privé et notamment de l’industrie (patrons, syndicalistes, experts) pour moderniser le pays. Et il n’y a donc que 20 % de fonctionnaires. Finalement, pour Thesmar et Landier l’apport de l’État a été minime et c’est donc plutôt une très bonne conjoncture économique internationale qui a permis la croissance des Trente Glorieuses.
De fait le commissariat général du plan entrait dans la perspective d’une économie planifiée et cela a
permis à l’économie française d’être dans une relative confiance. De plus, l’inflation était forte, et à chaque fois que l’inflation menaçait la compétitivité de l’État, celui-ci menait une politique déflationniste. Durant les Trente Glorieuses, il y en a eu six.
On peut citer un exemple original de lutte contre l’inflation, c’est celui d’Antoine Pinay en 1952.
Le ministère Pinay doit résoudre le déficit des devises, de la trésorerie et du budget. Il va mettre en
place une politique proche de celle menée par Pointcaré dans les années 1920, pour lutter contre
l’inflation sans dévaluer le franc.
L’épargne est relancée par l’emprunt Pinay, c’est un emprunt indexé sur l’or, exonéré de l’impôt et des
droits de succession. On va aussi augmenter le taux d’escompte et ordonner la baisse autoritaire de
certains prix et en bloquer d’autres. Cela permet d’endiguer l’inflation. Ces dévaluations ont permis de rétablir la compétitivité-prix de l’industrie française. Cette industrie s’étant largement développée, elle occupe une large population active. Les Trente Glorieuses diminuent encore la part agricole de la population active. Elle passe de 27 % en 1945 à 12% en 1973. Cette compétitivité-prix a renforcé les exportations de la France qui représentent 14 % du PIB de la France durant les Trente Glorieuses.
Comment les Trente Glorieuses ont transformé la société française ?
Fourastié donne un très bon exemple des changements sociaux intervenus durant cette période exceptionnelle du point de vue économique. Il donne l’exemple du village de Duelle dans le Quercy où il vivait pendant un temps. Entre 1950 et 1973, il remarque que la population a augmenté, passant de 534 à 670 habitants, tandis la population active agricole est passée de 74 % à 24 %. La population active
a baissé de 20 %, la portant à 30 %.
Il remarque aussi que la natalité a baissé, la mortalité infantile aussi, tandis que la production industrielle a augmenté en même temps que la productivité des champs et des travailleurs. Enfin les ménages sont mieux équipés, il y a des réfrigérateurs, des machines à laver, des toilettes dans toutes les maisons, des téléphones, 56 fois plus d’automobiles et 5 fois plus de radios. Toutes ces innovations ont donc permis une amélioration globale du niveau de vie.
Dans cet exemple introductif à son ouvrage, Fourastié montre les grandes étapes du
développement social des 30G. En effet, après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu le baby-boom c’est une forte progression démographique due au retour des soldats et des familles qui veulent profiter du retour de la paix. De fait, la natalité a très fortement augmenté, puis a rebaissé. Cela a occasionné une très forte augmentation des élèves dans l’éducation, puis des travailleurs dans les années 1960.
Le niveau de vie général augmente, en 1950 on crée le SMIG qui est un salaire minimum qui n’est pas
indexé sur l’inflation, mais l’inflation étant basse ce n’est pas un problème. En 1970, le SMIC remplace le
SMIG et permet une nouvelle augmentation des salaires, alimentant ainsi la demande selon la perspective keynésienne.
Le développement du fordisme en France a permis une plus grande efficacité des productions
industrielles. L’industrie française est alors compétitive et malgré les forts coûts salariaux, la balance
commerciale de la France est excédentaire de 1960 à 1973. Le taux de chômage est alors très faible et suit l’augmentation de la population. En effet, il est de 1,8 % en France de 1950 à 1973. En 1954, le gouvernement de Pierre Mendes France agit aussi en faveur des salaires, mais va créer
en 1955 la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les Français seront plus imposés, mais la redistribution
profitera aux plus démunis.
On investit aussi dans des études plus longues. Il n’y avait que 5 % de bacheliers en 1950 et ils sont
25 % en 1900.
FAQ sur les Trente Glorieuses
Quelles sont les principales causes des Trente Glorieuses ?
Les Trente Glorieuses sont le résultat de plusieurs facteurs : – Une forte demande liée à la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale. – L’aide financière des États-Unis via le Plan Marshall. – Des politiques keynésiennes favorisant la relance économique et l’investissement. – L’essor du fordisme et de la production industrielle de masse. – Une stabilité politique et sociale qui a permis un climat propice à l’innovation et à la consommation.
Quels ont été les impacts des Trente Glorieuses sur la population française ?
Cette période a radicalement transformé la société française : – Hausse du niveau de vie et pouvoir d’achat. – Généralisation des équipements électroménagers et automobiles. – Exode rural et urbanisation massive. – Accès plus large à l’éducation avec une augmentation du nombre de bacheliers. – Réduction du temps de travail et amélioration des conditions de vie.