Théories de la valeur en économie : de la valeur-travail aux néoclassiques

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La notion de valeur économique est un concept clé en économie, mais sa définition a évolué au fil du temps. Des économistes classiques comme Adam Smith et David Ricardo ont défendu la valeur-travail, où la richesse provient du travail humain. Plus tard, Karl Marx a transformé cette théorie en une critique du capitalisme, introduisant le concept de plus-value et d’exploitation des travailleurs. À la fin du XIXe siècle, les néoclassiques, avec Léon Walras et Alfred Marshall, ont proposé une nouvelle vision centrée sur l’utilité et la rareté. Comment ces théories s’opposent-elles ? Quels impacts ont-elles eus sur la pensée économique ? Découvrons ensemble l’évolution des théories de la valeur.

La théorie de la valeur-travail : une critique du capitalisme

Le prix naturel et la valeur-travail chez Adam Smith et Ricardo

Durant le XVIIIe siècle, la théorie de la valeur-travail s’est développée au Royaume-Uni en opposition aux conceptions traditionnelles basées sur l’utilité et la rareté. D’abord, la théorie classique, héritée du philosophe Aristote et reprise par Galiani, Condillac et Say (1803), estimait que la valeur d’un bien était déterminée par son utilité et sa rareté. Cette vision a toutefois été remise en cause par les économistes britanniques, en particulier Adam Smith et David Ricardo, qui insiste sur une distinction fondamentale entre valeur d’usage et valeur d’échange.

Dans son ouvrage La richesse des nations (publié en 1776), Adam Smith reconnaît que certains biens tirent leur valeur de leur rareté, comme les œuvres d’art ou les diamants, mais il estime que la majorité des biens économiques doivent leur valeur au travail nécessaire à leur production.

Plus tard, cette idée sera approfondie par David Ricardo dans Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), où il différentie les biens reproductibles, dont la valeur dépend du travail requis pour leur production, des biens non reproductibles, dont la valeur est dictée par leur rareté.

Cette vision gagne du terrain au fil du temps pour diverses raisons. D’abord, le développement des sciences exactes a poussé les économistes classiques à rechercher une explication scientifique rigoureuse aux phénomènes économiques. Puis, selon Mark Blaug (Histoire de la pensée économique, 1998), l’influence de la Réforme protestante et de l’ascétisme protestant, comme l’a déjà remarqué Max Weber en 1895, a contribué à façonner une vision du travail comme source principale de création de richesse.

Ricardo va également compléter sa vision en introduisant la notion de prix naturel, qui correspond à la somme du salaire, de la rente et du profit ainsi que la notion du prix de marché, qui fluctue autour du prix naturel en fonction de l’offre. Cette idée s’appuye indirectement sur la loi des débouchés de Say.

Karl Marx et la théorie de l’exploitation du travail

Plusieurs années plus tard, Karl Marx, transforme la théorie de la valeur-travail en théorie de l’exploitation. Dans son ouvrage Le Capital (1867), il reprend la distinction de Ricardo entre travail simple et travail complexe et introduit le concept de plus-value, soit la différence entre la valeur créée par le travail et le salaire versé aux ouvriers. En opposition à la vision des classiques qui considéraient l’exploitation dans les systèmes précapitalistes (avec l’esclavage et le servage), Karl Marx, lui, estime que le capitalisme repose sur une exploitation dissimulée à travers le salariat.

🔹 Adam Smith (1776) : distingue la valeur d’usage et la valeur d’échange.
🔹 David Ricardo (1817) : introduit la notion de prix naturel basé sur le travail.
🔹 Karl Marx (1867) : développe la théorie de l’exploitation avec la plus-value.
🔹 Léon Walras (1874) : défend une approche basée sur la demande.
🔹 Alfred Marshall (1890) : tente une synthèse entre valeur-travail et utilité-rareté.

La théorie de l’utilité-rareté : une opposition à la valeur-travail

La théorie de la valeur utilité-rareté se distingue des théories classiques de la valeur en mettant en avant l’importance de la demande. Dans Éléments d’économie pure (1874), Léon Walras affirme que l’utilité est une condition nécessaire, mais non suffisante pour expliquer la valeur. Selon lui, le travail ne vaut que par sa rareté, en contradiction avec l’approche classique qui repose sur la quantité de travail incorporée dans un bien. Les néoclassiques, contrairement aux classiques, privilégient une approche axée sur la demande : « l’offre n’est qu’une conséquence de la demande », selon Walras. Cette perspective inverse la relation traditionnelle entre l’offre et la demande s’oppose à la pensée de la valeur déterminée indépendamment de la perception des consommateurs.

La théorie centrée sur l’utilité et la rareté est également un rejet de la lecture marxiste de la valeur-travail. Dans Essai sur l’économie de Marx (1942), Joan Robinson interprète la théorie néoclassique comme une réponse à la conception marxiste de l’exploitation du facteur travail. Pour les marginalistes, l’échange est juste dans la mesure où le travailleur est rémunéré selon sa productivité marginale. Les différences de qualification et de productivité entre travail simple et travail complexe se répercutent logiquement dans les écarts de rémunération. Par conséquent, la valeur n’est plus dépendante uniquement du travail incorporé, mais de l’utilité et de la rareté des compétences de chaque agent économique dans la production. Cette approche remet en question l’idée marxiste selon laquelle la plus-value découle de l’exploitation des travailleurs par le capital.

L’approche marginaliste et la remise en cause de la valeur-travail

Cependant, la théorie marginaliste de la valeur peut être vue comme un prolongement de l’approche britannique. Alfred Marshall, dans Principes d’économie politique (1890), tente de concilier les deux visions en montrant que la valeur-travail et la valeur utilité-rareté ne sont pas incompatibles. À court terme, c’est l’utilité du produit et l’usage qu’en fait la demande qui détermine le prix, ce qui correspond à une courbe d’offre verticale. À long terme, cependant, le coût de production, et donc la valeur-travail, devient déterminant dans la mesure de la valeur. Ainsi, Marshall propose une synthèse qui intègre la dynamique de l’offre et de la demande tout en reconnaissant l’importance des coûts de production dans la formation des prix sur le long terme.

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