Les idées de Raymond Boudon dans De la sociologie comme science ?

Au sommaire de cet article 👀

Raymon Boudon fait partie des sociologues les plus importants en France, mais également à l’international. En effet, ce dernier a réussi à conceptualiser des observations pertinentes permettant encore aujourd’hui de comprendre la société et les comportements humains.

Raymond Boudon, défense de l’individualisme méthodologique

Durant et après ses études sociologiques réalisées dans les années 1970, Raymon Boudon adopte la méthode de l’individualisme méthodologique, contrairement au structuralisme qui régnait à l’époque.

Ainsi, il pose un principe central : les phénomènes sociaux sont l’effet des comportements individuels de chaque personne constituant la société. Par conséquent, comprendre les individus, notamment leur comportement, rend les phénomènes sociaux, à plus grande échelle, compréhensibles. En effet, les comportements sont l’effet des préférences et / ou principes des individus.

Max Weber utilisait l’individualisme méthodologique, mais ne l’a jamais défini et conceptualisé : son sens aurait été évident pour lui, mais pas pour tout le monde. D’où, l’apport de Boudon. Ce concept était déjà présent avec le marginalisme économique à Vienne où l’homme influence la société. Cela a impacté la réflexion de Weber.

Mais attention, l’individualisme méthodologique ne nie pas que l’homme a un passé ni l’influence de la société sur lui. Les comportements ne sont pas déterminés par la société, mais paramétrés par celle-ci : l’individu dans ses comportements doit tenir compte des contraintes de la société. Par exemple : pour traverser une rivière, il faut un pont.

L’individualisme monétaire ne tiendrait pas compte des institutions ? Faux, les institutions paramètrent aussi les comportements. Par exemple : l’État et son rôle sur la société.

« Les phénomènes sociaux sont pour une large part des effets non intentionnels d’actes intentionnels” est une citation qui résume bien la pensée d’Hayek, qui, déjà à son époque, évoquait cette idée. Par exemple : la protection de l’emploi en Europe a amené une plus profonde dualité entre insiders et outsiders. »

Dans cette optique, si l’individualisme monétaire n’explique pas quelque chose, c’est uniquement parce que nous n’avons pas les informations nécessaires.

Publication de l’Inégalités des chances en 1973 de Raymond Boudon

L’inégalité des chances n’a pas été positivement affectée par la démocratisation scolaire. L’échec des changements de programmes scolaires ou de méthodes pédagogiques en est à l’origine. En effet Boudon critique l’ouvrage de Bourdieu et Passeron : La Reproduction, publié en 1970. Boudon critique la classification des individus de Bourdieu, particulièrement. Ces structuralistes ont donné une définition simpliste à l’habitus : « des mécanismes implacables les structures sociales assouviraient leur besoin de se reproduire ». Ce qui viendrait à dire que « le dominé accepte d’être dominé ou que le dominé apprécie moins la soupe aux choux que le dominé ».

Selon Bourdieu, ces dispositions participent à la reproduction des structures sociales, car elles rendent les individus inconscients des mécanismes qui les conditionnent. Boudon rejette cette vision qu’il juge déterministe. Il critique l’idée que les individus accepteraient passivement leur position sociale, comme si un « mécanisme implacable » les contraignait. Par exemple, l’idée que le goût pour la « soupe aux choux » serait automatiquement moins estimé par les dominants que par les dominés illustre, selon Boudon, une sur-simplification. Il insiste sur la complexité des choix individuels, influencés par des rationalités personnelles et des contextes divers.

De même, les explications des inégalités scolaires par les autres sciences : l’apprentissage dans la famille, les méthodes pédagogiques traditionnelles trop strictes, le coût d’opportunité trop fort (étudier c’est renoncer à un salaire), coûts directs, la différence de la perception de la réussite scolaire. Pour Boudon cela s’explique par : les facteurs linguistiques, l’apprentissage cognitif familial (valorisation de la réussite scolaire), et d’autres facteurs indépendants des premiers (tels que : les coûts d’opportunité ou encore les mécanismes introduits par les groupes de référence). Dans cette optique, continuer les études, détermine les ambitions des jeunes.

Les critiques reçues par le livre illustrent l’affrontement des idéologies en sociologie

Son livre l’Inégalité des chances, publié en 1973, est reçu positivement par Raymond Aron ou encore
Lazarsfeld, mais est perçu comme une offense par les structuralistes. En effet, le livre a permis de faire sauter le clivage entre les structuralo-marxistes (qualitatif) et les statistical zealots (quantitatif) mais fut rejeté à cause de l’emprise de Bourdieu et des autres sur la sociologie en France.

Le livre a permis de substituer la méthode des modèles générateurs à la méthode de l’analyse des
données. Ce qui a abouti à la production d’un idéal-type suivant la même logique que le concept de Weber.

La valeur absolue du diplôme diminue (on a un moins bon travail qu’avant avec le même diplôme – « l’inflation du diplôme » – paradoxe d’Anderson). Cependant, sa valeur relative est identique (on a moins de chance d’être au chômage lorsqu’on est plus diplômé). Ce qui aboutit à une situation assez complexe à concevoir.

Pour réduire les inégalités scolaires, il faut : accroître la transmission de savoirs de l’école, évaluer les
élèves et, en fonction de leurs résultats, les orienter. D’une part, on a réduit l’école à son sens social et non à sa vocation première d’apprentissage. D’autre part, l’idéal égalitariste a introduit des inégalités au sein même des grandes écoles.

Boudon s’est senti rejeté, car, malgré le succès international de son livre, il a été fortement critiqué en
France, alors même qu’il estime qu’« une des fonctions essentielles de la sociologie réside dans la critique des idées reçues ».

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