La relation complexe entre le diplôme, l’emploi et le salaire constitue un élément essentiel dans la compréhension des dynamiques socio-économiques contemporaines. Cet article va analyser les liens entre la poursuite d’études, l’insertion professionnelle et la rémunération, tout en abordant des concepts tels que le capital humain, la qualification et les disparités socio-économiques.
Le rôle du capital humain
Le concept de diplôme en tant qu’investissement dans le capital humain est particulièrement important dans le contexte actuel du marché du travail. Cette approche souligne le fait que chaque année d’apprentissage est un investissement stratégique dans le développement des aptitudes, des connaissances et des compétences d’une personne, qui apporte des avantages considérables sur le marché du travail. Les qualifications sont un moteur tangible de l’employabilité, car elles fournissent aux employeurs potentiels une confirmation tangible de leurs capacités. Le niveau de qualification est souvent directement lié à l’accès à des emplois qualifiés et bien rémunérés. En investissant dans l’acquisition de compétences, les individus augmentent leurs chances d’accéder à un large éventail de possibilités d’emploi et de progresser dans leur carrière. En outre, les qualifications jouent un rôle clé dans la satisfaction au travail, car elles permettent aux individus d’appliquer les compétences et les connaissances acquises et contribuent ainsi à leur satisfaction personnelle dans le monde du travail. En résumé, un diplôme, en tant qu’investissement dans le capital humain, est un catalyseur important de la réussite professionnelle, ouvrant des portes à des opportunités gratifiantes et facilitant l’évolution future de l’individu sur le marché du travail.
Cependant, dans son ouvrage The Rise and Fail of American Growth (2016), Robert Gorton se montre pessimiste quant à la croissance. Pour lui, la croissance est derrière nous, « big wave ». Il souffle aujourd’hui des « vents contraires » quant à la poursuite de cet enrichissement. Une difficulté serait le plafonnement des performances d’éducation. En effet, la part des diplômés dans le supérieur ne progresse plus, elle est supérieure aux États-Unis à ce qui est en Europe. Elle reste stable depuis les années 1990. On observe encore des baisses de performances dans des domaines cruciaux comme la lecture, les mathématiques et les sciences.
La relation entre emploi, salaire et diplôme en France
En France, on observe que le salaire réel a connu une relative stagnation entre 1914 et 1954, puis, sous l’effet de la forte croissance économique des « Trente Glorieuses », la progression des salaires a été forte et régulière. Depuis 1950, les salaires moyens de toutes les catégories ont progressé. La relation complexe entre l’emploi, les salaires et les compétences en France reflète l’interaction dynamique entre l’éducation, le marché du travail et les politiques publiques. Traditionnellement, l’enseignement supérieur est associé à de meilleures perspectives d’emploi et à des salaires plus élevés. Les diplômés ont généralement accès à des emplois qualifiés et bien rémunérés, tandis que les personnes moins qualifiées peuvent être confrontées à des difficultés sur le marché du travail.
Toutefois, les inégalités persistent et la relation entre les qualifications et les revenus peut être influencée par un certain nombre de facteurs, tels que le domaine d’activité, l’expérience professionnelle et le développement économique. Les tendances actuelles soulignent également l’importance croissante des compétences pratiques et de la formation professionnelle dans la détermination de la réussite professionnelle, parfois au-delà du niveau académique. Parallèlement, les débats se poursuivent sur la nécessité d’adapter les politiques éducatives et les mécanismes de formation à l’évolution des besoins du marché du travail et de réduire les inégalités socio-économiques. En résumé, la relation entre l’emploi, les salaires et les compétences en France est le résultat d’une interaction complexe entre des facteurs éducatifs, économiques et sociaux en constante évolution.
L’ouvrage de Marie Duru-Bellat intitulé L’inflation scolaire (2006) analyse le phénomène complexe de l’augmentation continue des qualifications sans augmentation correspondante de la qualité réelle de l’éducation. L’inflation scolaire suggère que la prolifération des diplômes et des qualifications ne garantit pas nécessairement une augmentation du niveau des compétences et des connaissances individuelles. Marie Duru-Bellat explore la manière dont des facteurs tels que les pressions sociales, les politiques éducatives et la concurrence accrue entre les individus contribuent à cette inflation et examine l’impact social et économique de cette tendance sur l’éducation aujourd’hui.
Le paradoxe d’Anderson, formulé en 1961 par Philip W. Anderson, est une thèse fondamentale dans le domaine de la physique de la matière condensée. Ce paradoxe met en lumière la complexité des phénomènes quantiques collectifs dans les systèmes désordonnés, tels que les matériaux magnétiques désordonnés. Selon Anderson, dans ces systèmes, les fluctuations quantiques peuvent conduire à une interruption de la conductivité électrique, même en présence de faibles niveaux de désordre. Ce phénomène, connu sous le nom de localisation d’Anderson, représente une forme de désordre quantique qui contraste avec l’idée traditionnelle de conductivité électrique basée sur la mobilité des porteurs de charge.
Le déclassement une conséquence de cette relation tripartite
Pour Éric Maurin, dans son ouvrage La peur du déclassement (2009), le déclassement inter-générationnel est à nuancer. La proportion de jeunes salariés enfants d’ouvriers et d’employés devenant cadres ou profession intermédiaire a augmenté. Par ailleurs, entre 1973 et 2008, les avantages des diplômés sur le marché de l’emploi se sont renforcés. Alors qu’au milieu des années 1970, l’écart entre le taux de chômage des diplômés du supérieur et celui des non-diplômés était d’environ 10 points, il dépasse 40 points. Plus les actifs sont diplômés, plus la probabilité d’être en CDI est forte. Si l’avantage des diplômés reste incontestable, ce qui s’est aggravé, selon Éric Maurin, c’est le sort des non-diplômés. Le prix de l’échec scolaire a augmenté.
Le rapport du CAS sur « La mesure du déclassement », (2009) reprend les chiffres clés de Camille Peugny et, sans les contester, interroge leur portée. Le ratio ascendant/descendants diminue, mais 40% d’une génération parvient encore à «faire mieux» que ses parents. Le nombre d’emplois qualifiés progresse.
Pour Éric Maurin, être déclassé, c’est perdre son emploi lorsqu’on est en CDI. À cette aune, le risque de déclassement est très faible, (1% de la population active). Et si l’angoisse de la chute sociale règne en maître en France, c’est parce que nous sommes dans une société à statuts, compartimentée, hiérarchisée, au sommet de laquelle se trouve le CDI. Offrant stabilité et protection, il est convoité de tous. Même les titulaires d’un CDI sont anxieux, car un licenciement, aussi improbable soit-il, entraînerait une perte immense pour celui qui le subirait. C’est le paradoxe de la protection de l’emploi: «Plus les statuts sont protégés, moins on les perd, mais plus on perd quand on les perd.». Il engendre la peur du déclassement.
En 2020, parmi les pays de l’OCDE, la France investit 25% de moins que la moyenne des pays de l’OCDE pour l’enseignement primaire ; ce qui nuit à une lutte précoce contre les inégalités scolaires.