L’épargne doit-elle être un préalable à la croissance économique ?

SES : l’épargne doit-elle être un préalable à la croissance économique ?

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Dans cet article, nous abordons avec toi les notions d’épargne et de croissance économique, sous la forme d’une dissertation sur le sujet suivant : l’épargne doit-elle être un préalable à la croissance économique ? Tu trouveras ci-dessous une proposition de corrigé mettant en lumière des points importants de ton programme de spécialité SES (sciences économiques et sociales).

Selon la Banque de France, le surcroît d’épargne des Français en 2021 et 2022 atteint 200 milliards d’euros (soit 15% des dépenses de consommation annuelles des ménages en France.). Dans cet article nous nous interrogerons sur l’importance du rôle de l’épargne dans le financement de l’économie et donc le rôle que celle-ci joue dans la croissance économique.

L’épargne est vertueuse et doit être favorisée pour financer l’économie

« L’épargne est l’origine du capital comme elle est la justification morale du capitalisme, puisqu’elle représente une privation, un effort et même un sacrifice. Car celui qui ne consomme pas tout ce qu’il a gagné pense aux autres au lieu de penser à lui-même. Il pense à ses enfants, à ses successeurs. Il pense, sans le savoir à tout le monde. Il n’y a eu de civilisation qu’à partir du jour où des hommes, au lieu de manger tout le gibier de leur chasse et de se gaver, ont fumé ou salé de la viande, ce qui a permis à la tribu de se livrer à d’autres travaux. » Cette citation de Jacques Bainville, tirée de l’Action française, écrit le 6 juin 1925, défend le rôle de l’épargne dans la vie économique d’une société.

L’épargne source d’investissement, elle permet l’accumulation du capital. La question des craintes d’une insuffisance d’épargne limitant le financement des investissements ou d’un excès d’épargne limitant les débouchés en raison d’une insuffisance de la consommation, constitue une question déterminante dans l’analyse économique. En effet, l’arbitrage des ménages entre épargne et consommation n’est pas sans conséquence sur le niveau de l’investissement. L’épargne est traditionnellement à l’origine du processus d’accumulation du capital et détermine pour une part le niveau futur de la croissance économique. L’opposition entre classiques et keynésiens est ici déterminante pour comprendre les enjeux autour de l’épargne. Pour les classiques dans le prolongement de la loi de Say, l’offre crée sa propre demande, il ne peut y avoir de crise de surproduction découlant d’une insuffisance de la demande. Par conséquent, si les marchés fonctionnent correctement, ils devraient conduire à un équilibre de l’offre et de la demande de capitaux sur le marché financier, et donc conduire à un équilibre entre épargne et investissement. L’épargne ne peut exister en surabondance pour les classiques, car la thésaurisation est impossible parce que l’épargne rencontre toujours l’investissement correspondant.

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L’insuffisance de l’épargne entraîne une dégradation des échanges extérieurs

En économie ouverte, une insuffisance de l’épargne conduit à aggraver le déficit extérieur. En effet, une insuffisance de la production de biens et de services conduit à importer davantage. Par ailleurs, cette insuffisance de l’épargne doit être compensée par le recours à des emprunts extérieurs qui augmentent la dette avec le reste du monde. Ce risque peut être atténué si le pays en question possède des avoirs extérieurs suffisants grâce à une balance commerciale excédentaire. Mais le plus souvent, face à l’endettement extérieur, les pays doivent opérer une réduction importante du pouvoir d’achat des ménages et modifier leur système de retraite.

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Une accumulation de l’épargne excessive, peut entraîner des effets négatifs

En Europe, aux États-Unis et au Japon, l’épargne des entreprises augmente au détriment des salaires, ce qui mine, au passage, la consommation et donc la croissance. En Chine, les ménages mettent massivement de côté afin de financer leurs achats immobiliers. En Allemagne, ils jouent aux fourmis pour préparer leurs vieux jours.

En face, les entreprises (y compris et surtout celles qui épargnent) rechignent à investir. Elles n’ont pas assez confiance en l’avenir. Elles estiment que, demain, la demande des consommateurs sera insuffisante pour justifier l’achat de machines, de logiciels ou de bâtiments. De leur côté, certains pays, comme l’Allemagne, fuient également l’investissement, redoutant que ces nouvelles dépenses ne grèvent leurs finances publiques, oubliant, au passage, qu’elles favorisent aussi la croissance future…

Trop d’épargne tue l’épargne ! « Le surplus de liquidité mondiale a provoqué, jusqu’en 2007, l’excès d’endettement et, de manière liée, la bulle boursière à la fin des années 90, puis la bulle immobilière », constate Patrick Artus.

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