HGGSP : les puissances internationales

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Les puissances internationales sont un élément important de ton programme de terminale en spécialité HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politique). Dans cet article, nous faisons le point avec toi sur ces grandes entités et te proposons une problématique et un plan sur le sujet. 

Après avoir été au premier rang entre 2005 et 2014, l’Union européenne (UE) est depuis la deuxième puissance économique du monde, représentant en 2022 22% du PIB mondial[1]. Pourtant, l’UE n’est pas considérée comme une « puissance » : le président français E. Macron affiche son ambition d’arriver à une « Europe puissance », tout comme l’ex-chancelière allemande (2005-2021) A. Merkel : « nous, les Européens, nous devons vraiment prendre en main notre propre destin ». Ces appels indiquent que ne pas être une puissance constitue une menace pour l’Union européenne, comme le relève l’ancien leader du SPD (gauche allemande) Sigmar Gabriel : « dans un monde de carnivores géopolitiques, les Européens sont les derniers végétariens. Sans le Royaume-Uni, nous deviendrons végan. Puis une proie. »

Alors, que manque-t-il à l’Europe pour être une véritable puissance ? Qu’est-ce que la « puissance » désigne ? Quelles ont été les grandes puissances de l’histoire récente ? Quelles sont-elles aujourd’hui ?

Qu’est-ce que la puissance ?

La puissance désigne la capacité d’un acteur à imposer ses choix aux autres acteurs. Dans son ouvrage La puissance des États (1998), Gérard Dorel, docteur en géographie économique, distingue cinq attributs de la puissance : une puissance est « un État qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial (1, qui donne accès à des ressources stratégiques comme le pétrole ou le gaz), démographique (2, qui peut être un atout, si tous les habitants produisent des richesses, ou un fardeau, si trop de monde est dans la misère économique ou sociale) et économique (3, la puissance économique ou plutôt la dimension économique de la puissance se traduisant par des capacité d’innovation et d’investissement, y compris à l’étranger), mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels (4, passant notamment par la langue et la diffusion de biens et pratiques culturelles, comme le fait d’acheter des produits Nike ou de regarder des films d’Hollywood pour les USA) et diplomatiques (5, par la dimension militaire de la puissance et l’influence dans les institutions internationales comme l’ONU, le FMI…). » 

On peut également ajouter un sixième attribut découlant du rayonnement de certains centres d’impulsion, comme Paris pour la France ou New York pour le États-Unis. Ces six attributs peuvent être regroupés dans les deux catégories classiques de la puissance : le hard power, ou puissance dure, qui repose sur la contrainte -économique ou militaire- et le soft power, ou puissance douce, qui utilise l’influence et l’adhésion des autres acteurs à son modèle. Être parmi les premières nations du monde pour tous ces attributs à la fois confère le statut de superpuissance. Lorsqu’il n’y a qu’une seule superpuissance à l’échelle mondiale, on peut parler d’hyperpuissance, comme ce fut perçu pour les États-Unis dans les années 1990 (de la fin de la guerre froide en 1991 aux attentats du 11 septembre 2001, qui montrent que même les USA sont vulnérables). On peut alors également parler d’hégémonie.

On peut affiner la notion de puissance en la distinguant du pouvoir : ce dernier désigne une capacité d’action concrète, connu (le pouvoir de nommer le directeur de la Banque Mondiale pour les USA par exemple), quand la puissance se définit toujours de façon relative (un pays est d’autant plus puissant que les autres le sont peu) et plus globale, ne désignant pas une action particulière mais plutôt un ou des champs d’action (puissance économique, militaire…).

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Les grandes puissances de l’histoire récente

Si dans l’Antiquité Athènes puis l’Empire Romain ont constitué des puissances hégémoniques, on peut également distinguer, après l’âge d’or du Califat abbasside (750-1258) des grandes puissances dans l’histoire moderne puis contemporaine. En effet, des pays ont exercé une influence durable sur toute ou partie de la planète. À grands traits[2], le XVIe siècle est le siècle d’or espagnol, le XVIIe celui du classicisme français. Si le XVIIIe est plus équilibré entre les principales puissances européennes (le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, le Portugal et les Provinces Unies (proches des Pays-Bas actuels) s’affirment par la domination de vastes empires coloniaux en Amérique et en Asie), le XIXe est celui de la Révolution Industrielle, qui voit le Royaume-Uni prendre de l’avance. 

La 1ère Guerre Mondiale détruit l’Europe occidentale, ce qui fait basculer le centre de gravité mondial vers les USA, qui vont ensuite renforcer leur domination notamment par la diffusion mondiale de leur monnaie, le dollar, de leur mode de vie et de leurs entreprises. Après la 2nde Guerre Mondiale, le monde se divise en deux blocs sous la guerre froide (1947-1991), chaque pays se rangeant plus ou moins derrière les USA ou l’URSS. À ce moment, il est impossible d’être souverain (ne pas dépendre des autres pour sa survie), et donc d’être une puissance, sans l’arme nucléaire, force de dissuasion ultime. Après la chute de l’URSS, on parle de la décennie de l’hyperpuissance américaine dans les années 1990.

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Vers une « nouvelle guerre froide » ou un monde multipolaire ?

Avec la remise en cause de l’hyperpuissance américaine (attentats du 11 septembre 2001, échec des guerres en Irak et en Afghanistan) l’émergence de nouvelles puissances, notamment la Chine, et la succession de crises (2007, Covid, guerre russe en Ukraine) l’équilibre des puissances mondiales est aujourd’hui incertain.

Certains voient un monde bipolaire se former, préparant une « nouvelle guerre froide » opposant la Chine et les USA (tous les autres pays devraient alors choisir un des deux camps).

D’autres aspirent à un monde multipolaire dans lequel de multiples puissances s’équilibreraient à travers le monde : l’affirmation de l’Union européenne en tant que puissance (économique certes, mais en plus militaire, diplomatique et culturelle) est à ce titre essentielle, pouvant contrer l’avènement d’une « nouvelle guerre froide ».

Il est même possible d’aller plus loin dans cette vision multipolaire, en dissociant le concept de puissance de l’échelle étatique. En effet, les entreprises mondiales, notamment les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, voire Netflix, Disney…), acquérant tellement de pouvoir et étant toujours plus internationalisées, elles peuvent faire des choix opposés à l’intérêt de leur pays d’origine, constituant de ce fait autant de nouveaux pôles en concurrence des États et ajoutant à l’instabilité géopolitique mondiale.

[1] Produit Intérieur Brut, soit l’ensemble de la production mondiale, sur une année.

[2] Il s’agit des puissances ressortant plus que les autres sur une période donnée, ce qui ne veut pas dire qu’elles sont seules au monde, loin de là : la domination britannique ne fait pas disparaître ses rivaux russe, français et allemand entre autres. D’autre part, la liste est loin d’être exhaustive : d’autres grandes puissances ont eu une influence de long terme au cours de l’histoire, notamment au Mali ou en Chine, mais sans nécessairement avoir une influence significative à l’échelle mondiale.

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