Mondialisation, altermondialisation contestation politique

Antimondialisation et altermondialisation, la contestation politique

À lire dans cet article :

Dans cet article, nous faisons le point avec toi sur la mondialisation, point clé de ton programme de spécialité HGGSP en classe de terminale, et la contestation politique des antimondialistes et des altermondialistes.

Depuis 1945 avec la mise en place des institutions multilatérales toujours en vigueur aujourd’hui (Organisation des Nations unies, Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, GATT puis Organisation mondiale du Commerce, construction européenne à partir de 1950, etc.), la plupart des pays du monde ont pris part à la mondialisation, ce processus historique, pluriséculaire, de mise en relation des sociétés du monde entier, devenu un lieu commun à toute l’humanité. À partir des années 1990, on distingue une nouvelle phase de la mondialisation, accélérée par l’essor du secteur financier et des nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui permettent aux capitaux et aux informations de parcourir le monde. Mais cette intégration à la mondialisation bouleverse l’organisation des pays, avec des acteurs et des territoires vus comme « gagnants » et d’autres « perdants » de la mondialisation, accentuant les inégalités. Ainsi, en parallèle de son développement, des contestations de la mondialisation émergent. Celle-ci peut prendre la forme d’un rejet pur et simple de la mondialisation, c’est l’antimondialisation. Une autre forme de contestation possible intègre certaines dynamiques de la mondialisation (diffusion des idées, des cultures), en en rejetant d’autres, notamment financières (financiarisation, accroissement des inégalités). On parle alors d’altermondialisation, qui promeut une « autre mondialisation », moins violente. Dès lors, comment a évolué la contestation de la mondialisation depuis les années 1990 ? 

Les tentatives d’organisation

Les mouvances de la contestation de la mondialisation

La contestation de la mondialisation se caractérise par le refus de voir la mondialisation comme une extension infinie de la logique de marché. Ce mouvement vient d’intellectuels marqués « à gauche », opposés au néolibéralisme. Il se matérialise au Forum Social Mondial de 2001 à Porto Alegre (Brésil), organisé en contestation du forum de Davos, où se réunissent classiquement les principaux acteurs de la mondialisation néolibérale. La contestation de la mondialisation a au départ une attache française, avec l’organisation Attac d’une part, qui promeut notamment la taxe Tobin (du nom de son concepteur), une sur les transactions financières à l’échelle mondiale, et les articles du Monde diplomatique d’autre part.

La fragmentation des contestations

D’abord, le fonctionnement en réseau de cette contestation permet la diffusion dans l’espace public des thèses promues par les contestataires de la mondialisation (on note le paradoxe de l’utilisation des réseaux sociaux, caractéristiques de la forme de mondialisation qu’ils dénoncent).

Mais des divisions profondes apparaissent rapidement, entre radicaux, écologistes, tiers-mondistes, syndicalistes, ce qui entrave la formulation commune de propositions concrètes.

En 2011, les différents mouvements des indignés (Occupy Wall Street à New York puis 600 villes des USA, mouvement de la Puerta del Sol à Madrid) ont redonné du souffle à la contestation mondialisée, mais sans dépasser la faiblesse du mouvement. Cette forme commune de contestation est ainsi retombée, alors que le refus de tout leadership par ces mouvements indignés, leur fonctionnement horizontal, avait séduit les opinions publiques, contrairement aux contestations violentes précédentes (au sommet du G8 à Seattle en 1999 en particulier). Globalement, la contestation mondialisée (commune) s’est donc essoufflée : les effectifs d’Attac ont été divisés par trois entre 2003 et 2013 par exemple.

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Les réactions politiques

L’essor des nationalismes

En parallèle (et peu après) l’émergence de ces tentatives d’organisation mondialisée, la contestation de la mondialisation se traduit également par l’essor des nationalismes. La poussée nationaliste est une traduction de la perception de la mondialisation par les opinions publiques. Le discours populiste qui le promeut et l’accapare dédouane des faiblesses nationales sur les processus mondialisés. Les classes moyennes des pays développés y sont particulièrement sensibles, puisqu’elles subissent l’essentiel de la pression fiscale (entre une classe pauvre impossible à imposer et une classe riche qui a recours à l’évasion fiscale) et subissent les hausses de coûts, notamment du logement et de l’éducation, voyant ainsi l’accès à l’ascenseur social bloqué. D’où un vote contestataire, de plus en plus assumé.

Dès lors, la démocratie est mise en danger. En effet, les élections européennes de 2014 et 2019 sont marquées du succès des listes nationalistes (en particulier en France, où le Rassemblement National arrive en tête des élections européennes de 2019, et au Royaume-Uni, comme confirmation du Brexit). La Hongrie est dirigée par le Fidesz de V. Orban, qui réhabilite la dictature du régent Horthy (1919-1944). La Turquie de R. Erdogan (AKP) affirme explicitement son héritage de l’Empire ottoman. Le Japon de S.Abe avait promu le nationalisme face à la stagnation économique, l’Inde de N.Modi exacerbe le nationalisme hindou, engendrant des violences face aux minorités musulmanes du pays notamment. Dernier exemple, le plus actuel, la Russie de V.Poutine affirme un nouvel impérialisme, qui se matérialise dès 2014 avec l’annexion unilatérale de la Crimée ukrainienne, puis la guerre menée en Ukraine depuis le 24 février 2022.

La poussée protectionniste

Dans de nombreux pays à travers le globe, des instruments de « protection » face à la mondialisation actuelle perçue comme dangereuse sont mis en place. Ce mouvement a été renforcé par la crise de 2008, comme réponse politique à des problèmes économiques. Par exemple, la France définit en 2014 des « secteurs stratégiques (tels que les transports, l’énergie, l’eau, les télécommunications). Pour ces secteurs, le gouvernement se réserve le droit d’intervenir dans des rachats (après une tentative de rachat d’Alstom (qui construit des TGV et TER) par l’américain General Electric). Les USA ont eux depuis longtemps des instruments efficaces pour rassurer les opinions publiques. Ils restent les premiers récipiendaires d’IDE (Investissements Directs à l’Étranger) mais le CFIUS (1975) protège les intérêts touchants à la « sécurité nationale » : le président peut s’opposer à des rachats d’entreprises américaines. D’où le non-rachat d’Unocal par l’entreprise chinoise Cnooc en 2005. Le CFIUS reste toutefois surtout une arme de dissuasion, la moitié des dossiers n’étant pas allés à leur terme. En Allemagne, le ministère de l’Économie a un délai de deux mois pour interdire ou amender les opérations de rachat (mais ne l’a jamais utilisé). Les pays émergents ne sont pas en reste. En Inde, le secteur agricole représente 17% du PIB, et 55% de la population y travaille (plus de la moitié donc). D’où des tarifs douaniers sur les produits agricoles pouvant atteindre 300% ! (Ce qui signifie que le cas échéant, un produit importé valant 100$ coûte 400$, ce qui favorise les produits concurrents produits sur place par les agriculteurs indiens). La Chine exige des joint-ventures : lorsque les entreprises étrangères veulent accéder au marché chinois et s’installer en Chine, elles doivent s’associer à une entreprise chinoise. L’entreprise étrangère est souvent minoritaire dans l’association, ce qui favorise les transferts de technologie. La Chine prend également ponctuellement des mesures de protection sur les activités menacées : elle rétablit par exemple les droits de douane (à 6%) sur le charbon en 2014. Ceux-ci avaient été supprimés en 2005, mais 70% des mines étaient très endettées par la baisse des cours.

Ainsi, sur le plan politique, la contestation de la mondialisation se traduit avant tout par l’essor des nationalismes et du protectionnisme. Mais sur le plan citoyen, la contestation de la mondialisation prend des formes variables (antimondialisation, altermondialisation, mouvement des indignés…), faisant émerger des formes alternatives d’organisation économique, contestant également la mondialisation actuelle, et traitées dans le second article.

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