La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

À lire dans cet article :

Si tu prépares les épreuves du bac de français de la session 2024, tu vas rencontrer dans tes cours et révisions le thème de la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle. Dans cet article, nous te proposons de retracer avec toi les éléments essentiels à retenir pour ce thème et briller lors des épreuves écrite et orale.

Qu’est-ce que la littérature d’idées ?

La littérature d’idée n’est pas un genre à part entière. Il s’agit plutôt d’une appellation générique regroupant les écrits appartenant à la littérature argumentative. Celle-ci a pour objectif de transmettre des idées et regroupe par conséquent plusieurs genres littéraires utilisant aussi bien l’argumentation directe qu’indirecte. Elle existe dans le genre narratif, théâtral et poétique.

En plus de l’aspect argumentatif et de la volonté de transmettre une idée, l’aspect littéraire de la littérature d’idées est primordial. En effet, cette dernière conserve sa finalité esthétique : il s’agit avant toute chose d’une création. L’auteur(e) de cette littérature crée une œuvre autour d’une pensée et c’est ce qui fait la différence avec un simple argumentaire.

Le terme « littérature d’idées » désigne tous les genres argumentatifs. Pour reconnaître un texte appartenant à cette catégorie littéraire, certains éléments sont à repérer. Par exemple, l’auteur utilise des moyens argumentatifs pour défendre ou réfuter une thèse ou transmettre une idée au lecteur. Pour cela, il peut déployer un thème et une thèse, puis proposer des arguments suivis d’exemples.

Les procédés de la littérature d’idées

Le terme « littérature d’idées » désigne tous les genres argumentatifs. Par conséquent, les textes appartenant à ce genre ont pour objectif d’informer le lecteur, de défendre une thèse ou, au contraire, de la réfuter.

Convaincre ou persuader ?

Un auteur peut faire appel à la raison du lecteur, à ses capacités de raisonnement, pour le convaincre.

L’auteur peut également faire appel aux émotions du lecteur pour le persuader.

Les différents types d’argumentation

La littérature d’idées prend des formes variées qui évoluent en fonction du contexte historique, politique ou littéraire dans lequel s’inscrit l’auteur(e). A ce titre, les auteurs peuvent choisir de présenter leurs idées à travers deux types d’argumentation :

  •  directe : l’auteur expose directement ses idées, il s’implique généralement et il n’a pas recours à la fiction. C’est une argumentation généralement claire et efficace ;
  •  indirecte : l’auteur passe par un récit fictif afin de présenter ses idées. Le lecteur doit interpréter le texte mais ce dernier est protégé de la censure.

Les grandes familles de la littérature d’idées

L’essai

La première forme que peut prendre la littérature d’idée est celle de l’essai. Ce genre apparaît au XVIe siècle avec l’œuvre de Montaigne qui livre ses réflexions et sa vie dans un ouvrage intitulé Essais. À travers cette œuvre, Montaigne pose un regard critique sur la société de son époque, en prenant appui sur ses lectures des textes anciens. Il y aborde des sujets variés comme la religion, la politique, l’Histoire, la découverte du Nouveau Monde ou encore l’éducation à propos de laquelle il explique que les précepteurs doivent développer l’esprit critique et la réflexion de leurs élèves et non les assommer de connaissances.

Ce genre a pour objectif d’exprimer ses réflexions et ses pensées sur un ou plusieurs sujets au cours de l’écriture de l’ouvrage.

Le discours

En outre, les discours, sous une forme écrite, intègrent également les textes à idées puisqu’ils utilisent l’art de la rhétorique et l’argumentation pour transmettre une idée, dénoncer quelque chose, exprimer une pensée, etc. Ce genre, souvent oralisé dans l’écriture, apparaît dès le XVIe siècle avec Étienne de La Boétie, par exemple, qui écrit son Discours sur la servitude volontaire, dont tu trouveras une analyse linéaire complète juste ici.

La satire

Ensuite, la satire, définie comme un texte qui passe par la moquerie, voire la caricature, pour critiquer un sujet, rencontre un franc succès aux XVIe et XVIIe siècles. Ces textes critiquent directement des caractères, des modes, des idées ou des comportements du siècle de son auteur. Ce dernier exprime sa pensée et révèle tous les travers de l’objet considéré. Dans ce registre, nous pouvons par exemple citer Le Malade imaginaire de Molière.

La lettre ouverte

On peut également évoquer la lettre ouverte, qui utilise l’appui de la presse pour exprimer un avis sur un sujet précis. Sous la forme d’une lettre généralement adressée, l’auteur dénonce un événement, une situation, une attitude. Ces lettres sont souvent politiques et polémiques. Une des lettres ouvertes les plus connues est celle d’Émile Zola, intitulée « J’accuse », rédigée par Émile Zola au cours de l’affaire Dreyfus. Cette lettre a été publiée dans le journal L’Aurore n° 87 du 13 janvier 1898 sous la forme d’une lettre ouverte au président de la République française alors en place, Félix Faure.

Les caractéristiques de la littérature d’idées

La littérature d’idée profite donc des portraits pour critiquer un personnage ou un comportement. La représentation est plutôt satirique, mais contrairement à ce genre, le portrait insinue sa critique plus qu’il ne la fait éclater. Par exemple, La Bruyère va rédiger des portraits dans Les caractères dont certains seront positifs et d’autres négatifs.

Enfin, tous les genres regroupés sous le titre d’apologue. Il s’agit d’un court récit narratif, didactique, démonstratif et fictif, à visée argumentative, dont se tire une vérité morale pratique, un enseignement pour le lecteur ; il est rédigé principalement en vers. Les apologues servent particulièrement bien la littérature d’idée : que ce soit sous la forme de fable, de conte, d’une utopie, d’une dystopie, passer par une fiction pour porter une morale relève de cette littérature argumentative indirecte.

Les thèmes privilégiés dans la littérature d’idées

Naturellement, les pensées et les modes qui sont sujets de réflexion changent selon les époques et les sociétés. Il est donc facile de repérer certaines thématiques par rapport au contexte d’écriture. Par exemple, la littérature d’idée au XVIe siècle se concentre sur l’Homme (non au sens masculin, mais au sens de genre humain).

L’humanisme pense l’homme et son éducation d’une manière différente, comme dans Gargantua de Rabelais. Thomas More écrit Utopie, le premier livre dans le genre, proposant un système sociétal différent de celui qui est connu et qui tend à être meilleur. Point commun : tous veulent transmettre leur idée du monde à travers une œuvre de fiction riche.

Dernier exemple, Montaigne avec ses Essais pense la société, en fait un portrait et apporte ses réflexions sur sa vie, sur le monde tel qu’il le connaît, etc. Il crée un genre nouveau, apportant à la fois des informations autobiographiques et en en faisant son autoportrait. De cette façon, il crée une œuvre argumentative riche et ne passe plus par la fiction pour transmettre ce qu’il pense.

Les idées majoritairement émises au XVIIe siècle concernent plutôt la mesure et la raison. L’honnête homme est mis en avant, l’art de la conversation et de se tenir en société se déploie… tous tendent à louer ce qu’il y a d’admirable dans cette recherche du savoir-vivre sans se priver de critiquer les faux-semblants, les hypocrisies et les excès qu’elle entraîne. Force est de constater qu’il y a beaucoup de choses à dire pour des auteurs comme La Bruyère et Les Caractères, Pascal avec ses Pensées ou encore La Rochefoucauld, La Fontaine, etc.

Les genres littéraires favoris au XVIIe siècle pour la littérature d’idée sont les suivants : les maximes, les pensées et les portraits (La Rochefoucauld, La Bruyère, Pascal), mais aussi les fables et les contes (La Fontaine et Perrault), ainsi que les œuvres épistolaires (des ouvrages regroupant des lettres, telles que Les Lettres persanes de Montesquieu).

Comment analyser la littérature d’idées ?

Tout d’abord, il est essentiel de repérer le thème et la thèse : de quoi parle le texte ? Ensuite, il est nécessaire d’isoler les arguments selon leur nature : s’agit-il d’argumenter, de persuader ou de convaincre ? Notons que l’argumentation est l’action de convaincre et pousser ainsi l’autre à agir. Contrairement à la persuasion, elle vise à être comprise de tous et résiste à l’utilisation d’arguments fallacieux (de mauvaise foi, biaisés, voire faux).

Il peut également être pertinent de s’intéresser à la manière dont le raisonnement est exposé : par induction, par déduction, par concession, etc. Reste néanmoins vigilant(e), car la littérature argumentative utilise souvent le registre satirique, comique, etc. pour faire passer une idée, il faut savoir déceler le second degré (forme d’ironie et d’humour qui laisse sous-entendre l’inverse de ce que l’on pense vraiment).

Finalement, reconnaître les figures de style telles que les syllogismes et les chiasmes de construction, dans ton analyse sera valorisé. Pour cela, tu peux t’aider de notre article complet sur les figures de style.

Les courants de la littérature d’idées

L’humanisme

Dès la fin du XVe siècle, des penseurs, des écrivains, des théologiens et des scientifiques tentent de rompre avec les idées moyenâgeuses selon lesquelles l’humain serait contraint de subir la volonté divine : ce sont les humanistes. Selon eux, l’homme est le gardien du monde dans lequel il vit et il en est même l’acteur. L’homme n’est donc pas celui qui subit, mais celui qui décide.

La littérature d’idées est plébiscitée (mise en avant, valorisée) par les humanistes, car elle leur permet de remettre en question les savoirs, de s’interroger sur le monde qui les entoure et surtout de transmettre leurs idées. Les humanistes sont des érudits, c’est-à-dire des savants qui disposent d’une solide formation intellectuelle). Ces derniers maîtrisent de nombreux domaines tels que les langues anciennes, les mathématiques, l’astronomie, la géographie, etc. Toutefois, leur volonté est de transmettre ces connaissances afin d’instruire l’homme et le rendre meilleur. C’est la raison pour laquelle de nombreux ouvrages ont pour sujet l’éducation.

Pour aller plus loin

Tu trouveras de nombreuses ressources complémentaires à ce sujet sur le site internet Lumni, un plateforme publique sur laquelle interviennent des professeurs de l’éducation nationale.

Si tu souhaites compléter les lectures que tu as pu faire en classe cette année et les années précédentes, l’académie d’Amiens a réalisé une liste répertoriant des lectures cursives sur le thème de la littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle. Bien entendu, il ne s’agit pas de tout lire, mais tu peux faire quelques recherches sur certaines de ces œuvres pour approfondir le sujet.

Enfin, n’hésite pas à consulter les analyses sur des œuvres appartenant à la littérature d’idées que nous avons réalisées pour toi, afin de te faire gagner du temps dans ton travail et tes révisions. En voici les principales :

Conclusion

La littérature d’idées est transversale, en ce qu’elle concerne différents courants littéraires, de la poésie aux essais. Elle est essentielle car elle permet de véhiculer des idées philosophiques par le biais d’écrits littéraires et de donner à réfléchir celui ou celle qui la lit, qui en fait un objet d’apprentissage et d’ouverture sur le monde.

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