Qu’est-ce qu’un choc d’offre ou de demande ? Décryptage et exemples concrets

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Au sommaire de cet article 👀

Un marché, c’est un peu comme un équilibre sur un fil : il tient… jusqu’au moment où un événement vient le faire vaciller. En économie, on appelle cela un choc : un choc d’offre quand ce sont les producteurs qui prennent de plein fouet la secousse, et un choc de demande quand ce sont les acheteurs qui tournent soudain les talons… ou se ruent massivement sur les produits. De la crise pétrolière de 1973 aux turbulences post-Covid-19, en passant par la flambée des prix de l’énergie en 2025 (+18 % sur le gaz, +12 % sur le pétrole selon Eurostat), ces épisodes rappellent que le système économique est tout sauf un long fleuve tranquille. Les économistes, de Keynes à Schumpeter, en passant par Blanchard et Aglietta, tentent depuis des décennies de décrypter ces secousses pour savoir si elles viennent « de l’intérieur » (politiques économiques, anticipations, rigidités) ou « de l’extérieur » (catastrophes, innovations, crises géopolitiques). L’objectif de cet article : comprendre clairement ce qu’est un choc d’offre, ce qu’est un choc de demande, comment ils se déclenchent, comment ils s’imbriquent, mais aussi pourquoi les politiques économiques trébuchent parfois dans leur gestion. Avec en fil rouge, un constat simple mais implacable : en économie, anticiper les chocs, c’est un peu comme garder un parapluie dans son sac, ça ne stoppe pas la pluie, mais ça évite de finir trempé.

Définitions et différences fondamentales entre un choc d’offre et de demande

Choc d’offre → problème côté producteurs.

Choc de demande → problème côté acheteurs.

Comprendre la différence, c’est éviter de prescrire du paracétamol pour une jambe cassée.

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Le choc d’offre

Le choc d’offre, c’est quand les conditions de production changent brutalement et sans prévenir. Une innovation qui booste la productivité ? Choc d’offre positif. Une guerre qui coupe les approvisionnements ? Choc d’offre négatif. En clair, ça déplace la courbe d’offre : à droite quand ça va mieux, à gauche quand ça se complique. Et pour le pétrole en 1973, disons que la courbe est partie franchement à gauche… et les prix à la stratosphère.

Le choc de demande

Le choc de demande, lui, touche directement ce que les consommateurs veulent et peuvent acheter. Une grosse baisse d’impôts ou un plan de relance façon « open bar budgétaire » stimule la demande (courbe déplacée à droite). Une hausse des taux ou une crise de confiance ? À gauche toute ! Keynes, dans Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, résumait bien : « La demande effective est la seule force qui détermine le niveau d’activité économique ». Et il avait raison : sans clients, même le meilleur producteur vend… de l’air.

Les mécanismes du choc d’offre

Le choc d’offre se manifeste par une variation soudaine et imprévue des conditions de production qui affecte les entreprises. Il peut résulter de hausses des coûts (matières premières, énergie), de ruptures d’approvisionnement, ou d’innovations modifiant radicalement la production. Par exemple, la hausse continue des prix de l’énergie liée aux tensions géopolitiques en 2025 a constitué un choc d’offre négatif. En France, cela se traduit par une croissance ralentie estimée à seulement +0,6% du PIB pour 2025, selon l’Insee, alors que l’investissement des entreprises, un facteur clé de l’offre, reste faible et instable. Par ailleurs, l’emploi salarié accuse une nette baisse avec environ 210 000 postes perdus sur 5 trimestres, ce qui illustre concrètement l’effet d’un choc d’offre négatif sur l’emploi. Le choc d’offre agit sur trois dimensions clés : les prix augmentent, la production stagne ou diminue, et l’emploi se détériore. Les théories économiques rappellent que ces chocs demandent parfois des réformes profondes et des innovations pour restaurer l’équilibre.

Les mécanismes du choc de demande

Comprendre le fonctionnement et les conséquences d’un choc de demande

Le choc de demande correspond à une variation imprévue et brutale de la demande globale adressée aux producteurs. Cette variation peut porter sur plusieurs composantes : les dépenses publiques, la fiscalité, la confiance des ménages et des entreprises, ou encore les anticipations économiques. Par exemple, une hausse significative des dépenses publiques ou une baisse des impôts favorisent la consommation et l’investissement, provoquant un choc de demande positif. À l’inverse, une montée des taux d’intérêt ou une perte de confiance des agents économiques réduit la demande globale, frappant directement la production et l’emploi.

Une figure incontournable : John Maynard Keynes

John Maynard Keynes a largement insisté sur l’importance de la demande dans la dynamique économique. Dans Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), il écrivait : « La demande effective est la seule force qui détermine le niveau d’activité économique ». Pour Keynes, une insuffisance de demande conduit à une sous-utilisation des capacités productives, ce qui génère du chômage et freine la croissance. Ce phénomène fonde la légitimité des politiques de relance budgétaire ou monétaire pour stimuler la demande globale.

L’exemple du COVID 19 en France

Sur le plan empirique, le plan de relance budgétaire de 2020, déployé dans de nombreux pays face à la crise Covid-19, en est une illustration majeure. En France, ce plan a mobilisé près de 100 milliards d’euros, soit environ 4% du PIB, avec pour objectif de soutenir la demande pour contenir la chute de l’activité. L’Insee souligne que cette intervention a permis de limiter la contraction économique à -7,3% en 2020, alors que sans cela, la récession aurait pu excéder -10%. Sur le marché de l’emploi, si le chômage a temporairement augmenté, les mesures comme le chômage partiel ont permis d’atténuer la destruction massive d’emplois.

Typologie et articulation des chocs : exogènes vs endogènes

Les chocs exogènes

Les premiers proviennent d’événements extérieurs au système économique, souvent imprévisibles, tels que des catastrophes naturelles, des pandémies (exemple : Covid-19), ou des innovations technologiques majeures. Ces événements modifient brutalement les paramètres de l’économie sans dépendre directement des mécanismes internes. Par exemple, la pandémie de Covid-19 a d’abord causé un choc d’offre exogène par la rupture des chaînes d’approvisionnement, rapidement suivi d’un choc de demande mondial. Les innovations radicales, à l’image des révolutions industrielles passées ou actuelles transformations numériques, produisent aussi des chocs exogènes positifs, déclenchant la célèbre destruction créatrice théorisée par Joseph Schumpeter, où de nouvelles technologies remplacent d’anciennes structures productives, dynamisant à long terme la croissance.

Les chocs endogènes

À l’opposé, les chocs endogènes sont générés par des processus internes à l’économie, notamment par les politiques publiques, les anticipations des agents économiques ou les dysfonctionnements internes des marchés. Par exemple, une hausse soudaine des impôts ou un resserrement trop brutal de la politique monétaire peuvent induire un choc de demande négatif. De même, les comportements mimétiques des investisseurs ou les rigidités institutionnelles (comme la rigidité des salaires) créent des cycles susceptibles d’amplifier les fluctuations économiques. Ces mécanismes endogènes sont fonctionnels à l’intérieur des modèles économiques et prennent en compte les rétroactions et la dynamique propre au système.

Comprendre leurs effets cumulatifs

La distinction entre exogène et endogène ne signifie pas qu’ils agissent séparément. Au contraire, ces chocs s’articulent souvent de façon complémentaire et cumulée. Par exemple, un choc exogène initial (pandémie, guerre, catastrophe naturelle) peut déclencher des réactions endogènes amplificatrices, comme une crise financière ou des ajustements par la politique économique qui à leur tour modifient la demande et l’offre. C’est la dynamique des effets cumulatifs, pouvant conduire à des phénomènes comme l’effet d’hystérèse : une fois que le choc a provoqué une destruction d’emplois ou des pertes de capacités productives persistantes, ces effets ne disparaissent pas nécessairement avec la reprise économique, entraînant une fragilisation durable.

Analyse critique et débats contemporains

Nature complexe des crises récentes : choc d’offre ou choc de demande ?

Le débat sur l’origine des crises économiques actuelles oppose souvent un choc d’offre à un choc de demande, mais la réalité est plus nuancée. Michel Aglietta, dans sa Théorie de la régulation (1976), souligne que les crises modernes résultent toujours d’une « combinaison de facteurs exogènes et endogènes », où les chocs d’offre (comme les perturbations des chaînes d’approvisionnement) et les chocs de demande (comme les politiques budgétaires expansives) s’entrelacent de façon complexe. Aglietta rappelle que « l’économie ne peut être comprise sans son contexte social et politique, qui détermine les réponses aux chocs ». Jean-Paul Fitoussi insiste aussi sur cette double nature : la pandémie de Covid-19 a déclenché tour à tour un choc d’offre négatif puis un choc de demande positif alimenté par des plans de relance massifs, ce qui complique le diagnostic et la conduite des politiques économiques. Olivier Blanchard précise que « les réponses doivent être calibrées précisément, car un excès de rigueur budgétaire peut exacerber un choc d’offre encore fragile ».

Limites des réponses politiques face aux chocs actuels

La gestion politique des crises présente d’importantes limites en 2025. Les banques centrales augmentent les taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation, mais cette stratégie pèse lourdement sur l’investissement et fragilise l’offre productive, particulièrement dans un contexte où les problèmes d’approvisionnement persistent. Selon le CEPII, la hausse du taux directeur européen dépasse désormais 4%, contribuant à ralentir la croissance qui plafonne à +0,6% dans la zone euro en 2025. Sur le plan budgétaire, les États, contraints par la dette publique élevée, réduisent leurs dépenses, ce qui bride la capacité de relance. Jean-Paul Fitoussi dénonce ce « déficit de politique », affirmant que « l’Europe souffre moins d’un excès de déficit que d’un manque de stratégie économique cohérente ». Michel Aglietta ajoute que cette situation fragilise la transition écologique et l’innovation, pourtant nécessaires pour corriger les faiblesses de l’offre à long terme.

Ce qu’il faut retenir sur les chocs d’offre et de demande

Comprendre la différence entre un choc d’offre et un choc de demande, ce n’est pas seulement un exercice de cours d’économie : c’est un peu comme distinguer si votre mal de tête vient d’un rhume ou d’un coup de marteau… Le remède ne sera pas le même ! L’histoire, des chocs pétroliers de 1973 à la crise post-Covid-19, nous enseigne que l’économie ne vacille presque jamais pour une raison unique. Les analyses d’Aglietta, Fitoussi ou Blanchard montrent bien que nos économies fonctionnent comme des machines complexes où l’offre et la demande se croisent, se répondent… ou se percutent de plein fouet. En 2025, entre tensions géopolitiques, flambée énergétique et révolutions technologiques, nous vivons dans un contexte où prévoir le prochain choc économique relève parfois plus de la météo marine que de l’arithmétique. Mais comme le disait Keynes, « À long terme, nous serons tous morts »… ce qui n’excuse pas de planifier l’avenir. Miser sur la résilience, diversifier nos moteurs de croissance et accepter qu’un choc bien géré puisse parfois devenir une opportunité, voilà sans doute la meilleure leçon. Et si un jour vous entendez aux informations qu’un « nouveau choc » arrive, ne paniquez pas : ce n’est peut-être pas la fin du monde, juste un changement de courbe sur un graphique… Avec un peu de chance, dans le bon sens.

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