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SES : quelle est le rôle de la politique de concurrence ?

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Dans cet article, voyons ensemble ce qu’est la politique de la concurrence en économie et quelles sont ses conséquences à l’échelle mondiale.

Au début du XIXe, l’homme politique et homme d’affaires Gournay faisait l’éloge du processus concurrentiel comme moteur de la croissance à travers sa citation connue : « Ces deux mots, laisser faire et laisser passer, en tant qu’ils constituent une source infinie d’action, sont autant de sources de richesses ».

La concurrence, véritable moteur de la croissance

D’une part, Walras dans son Traité d’économie pure (1874), comme beaucoup de libéraux, fait de la concurrence la première source de la croissance et développe l’explication du modèle classique de marché se basant sur les 5 hypothèses de la concurrence pure et parfaite (homogénéité des biens, atomicité des agents, mobilité, libre-entrée et sortie, transparence). Ainsi, ces conditions, font converger l’offre et la demande vers le maximum, ce qui permet une croissance pérenne. On observe cela lors de la première révolution industrielle au XIXe siècle, où transport et communication ont maximisé la concurrence et, donc, par la suite la croissance.

D’autre part, Joseph Schumpeter dans son ouvrage Théorie de la croissance économique datant de 1912, montre le lien entre concurrence et croissance en exploitant l’innovation, innovation permise par une plus forte quantité d’offreurs sur le marché, ce qui assure un monopole temporaire et encourage les grappes d’innovations qui entrainent toute l’économie. En effet, Hayek dans Prices and production (1931), avait déjà montré que la politique de forte concurrence force à la rationalité des offreurs, qui veulent survire et doivent se démarquer par l’innovation, elle-même porteuse de la croissance sur le long terme. D’ailleurs, Steve Jobs affirme : « If you don’t cannibalize yourself, someone else will ». Ainsi, il insiste sur la nécessité d’innover face à ses propres innovations. Dans le cas contraire, l’entreprise subirait des pertes du marché.

La concurrence étant source de croissance, cela justifie que les pouvoirs publics cherchent à la maximiser à travers différentes politiques de concurrence. Cette volonté de forte concurrence débute très tôt aux États-Unis avec le Sherman Antitrust Act datant de 1890 et le Clayton Act de 1914.

Les avantages de la non-concurrence

C’est d’abord Joseph Stiglitz dans son bouquin La Grande Désillusion datant de 2001, qui parle du fait que l’ouverture à la concurrence n’a pas toujours abouti à de la croissance. Il donne, ainsi, l’exemple du secteur aérien : une trop forte concurrence a plutôt conduit à une baisse de la qualité et une fermeture des petits aéroports locaux plutôt qu’à de la croissance.

De plus, l’économiste Stigler, avait déjà réalisé une étude empirique en 1966, qui allait dans ce sens. Cette étude montrait que le prix de l’électricité a augmenté aux États-Unis après la dérèglementation qui a eu lieu à la suite d’une politique de concurrence allant vers la libéralisation du marché de l’électricité.

Tout cela est en réalité dû à des hypothèses de la CPP très fortes, voire trop fortes et peu réalistes. Dans ce sens, Brander et Spencer, dans leur article « Export subsidies and international market share rivalry » datant de 1985 ont montré comment la trop forte concurrence sur un marché, ne suivant pas les cinq conditions de la CPP, peut être nuisible. Ils prennent le cas de duopole de Cournot (concurrence par les quantités). Dans cet exemple, l’équilibre de Nash réside dans l’absence de production de la part des 2 firmes. De même pour l’exemple d’Airbus et Boeing : en l’absence de concurrence pure les autorités mettent en place des politiques non concurrentielles de soutien à l’exportation, ce qui peut bloquer la croissance. Par conséquent, seule une pratique anti concurrentielle permettrait de remédier à ce problème.

De plus en plus, de nos jours, les économistes repensent cette politique de la concurrence. Déjà dans les années 1950 aux États-Unis, on pensait que c’est la concentration et non la concurrence qui fonde la croissance. Ainsi, l’auteur Lilienthal dans Big Business, affirme en 1955, que « la taille de nos entreprises est notre plus grande source de richesse ».

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