Le monde de l’édition est un secteur d’emploi qui attire beaucoup d’étudiant(e)s et de littéraires. Pour intégrer ce milieu, un master d’édition est nécessaire, en plus de stages et d’expériences professionnelles dans des maisons d’édition. Pour répondre à tes questions à propos de ce master, nous avons interviewé deux étudiant(e)s : Sandra, actuellement en seconde année de master d’édition à La Sorbonne Nouvelle, à Paris, et, Daniel, déjà lauréat du master de l’Université de Strasbourg. Voici leurs réponses à nos questions.
Quels sont les profils des étudiants en master d’édition ?
Pourrais-tu décrire ton parcours universitaire, puis professionnel, dans le secteur du livre et de l’édition ?
Daniel : J’ai eu plusieurs vies. D’abord, j’ai été dans une école de commerce et j’ai travaillé dans les RH pendant 5 ans. Pendant le COVID, j’ai changé de voie et j’ai choisi l’édition par passion et par envie. J’ai donc fait une L3 en lettres, puis le master d’édition à l’université de Strasbourg.
Sandra : J’ai fait un master de recherche en lettres, j’ai effectué de stage de septembre 2023 à fin juin 2024, où j’étais assistante éditoriale dans une maison d’édition, et je fais actuellement mon alternance chez Belin en parascolaire.
Quelle plateforme utilises-tu pour candidater à un poste (stage, alternance, CDD, CDI) ?
Daniel : J’utilise principalement Asfored et Profil Culture.
Sandra : J’utilise Profil Culture, LinkedIn, Welcome to the Jungle et Asfored.
Comment gères-tu les refus ?
Daniel : Il y a beaucoup de refus, mais disons qu’il y a surtout des non-réponses. J’étais même rassuré de voir des refus, car il y avait un retour. Pour moi, la recherche c’est le plus pénible.
Sandra : Je n’ai pas eu de refus pour ainsi dire, seulement des réponses automatiques par mail.
Quels sont les secteurs que tu vises dans une maison d’édition (fabrication, éditorial, commercial, juridique, etc.) ?
Daniel : De base, je visais l’éditorial ; mais, après mon mémoire et mon stage, ce serait plutôt dans la fabrication et la numérisation.
Sandra : Je m’intéresse au secteur éditorial et à la cession de droit.
Comment obtenir un poste dans le milieu de l’édition ?
Est-ce qu’un master d’édition aide pour obtenir un poste dans le secteur du livre ?
Daniel : Ça dépend quoi et comment. Ça n’aide pas à trouver, mais ça aide à connaître le secteur et mieux l’intégrer. C’est une plus-value au vu des connaissances, de l’image renvoyée et du côté pratique. Ce sont les acquis qui comptent.
Sandra : Oui, mais que les masters en alternance. Avec l’expérience dans le milieu professionnel, c’est plus facile de trouver un emploi par la suite.
As-tu des expériences professionnelles dans le monde du livre et de l’édition (stage, alternance, bénévolat, CDD, CDI, etc.) ?
Daniel : J’ai eu un premier stage dans une maison d’édition indépendante parisienne qui se spécialise dans la littérature du Proche-Orient, surtout de la Turquie. Elle est de très petite taille avec des conditions de travail compliquées et n’est pas rentable. Pour mon deuxième stage, j’ai eu du mal à trouver dans une grande maison d’édition. J’ai fini avec deux offres : une en marketing chez Hachette, une en commercial chez Éditis.
Sandra : Non, mais je me suis inscrit(e) au comité de lecture « Hors normes » de France TV.
Est-ce compliqué de trouver une offre de travail à Paris ?
Daniel : Oui, c’est compliqué je trouve, parce que les niveaux de rémunération ne permettent pas vraiment de vivre sur Paris.
Sandra : Oui, mais la plupart des postes attendent une expérience de 5 ans minimum, et en tant que junior, c’est très difficile de se faire une place.
Est-ce compliqué de trouver une offre de travail hors de la ville de Paris ?
Daniel : Oui, parce qu’en tant que junior, c’est plus facile de trouver un travail dans les grandes maisons d’édition, car ils ont les moyens de former, ce qui est l’opposé des maisons d’édition hors de Paris. Il y en a quelques-unes, comme Actes Sud, Glénat, mais ce n’est rien comparé à Hachette.
Sandra : J’avoue ne pas avoir cherché.
As-tu été retenu(e) dans ton lieu de stage ? Sinon, dis-nous pourquoi.
Daniel : Non, car les missions n’étaient pas les plus intéressantes et notre équipe était très isolée. Si on ajoute aussi le choix des livres faits, ça allait contre mes valeurs et je ne voulais pas participer à ça.
Les astuces, avis, conseils et remarques à propos du master d’édition
Conseillerais-tu les masters des métiers du livre et de l’édition aux étudiant(e)s ?
Daniel : Ça dépend de l’objectif et du projet. Si tu connais la réalité du monde de l’édition et que tu es déterminé(e), ça peut être intéressant. Il faut être prêt(e) à ne pas faire de l’édition en faisant ce master.
Sandra : Oui quand même, surtout pour la pratique de logiciels, tels que InDesign et Word.
Quel métier fais-tu maintenant ?
Daniel : Je suis sous un contrat de 1 an en RH. Je fais ça avant de créer ma propre maison d’édition.
Quel métier souhaites-tu faire après ton master ?
Sandra : J’aimerais être éditrice en littérature jeunesse.
Quel métier aurais-tu souhaité faire après ton master ?
Daniel : J’aurais sans doute choisi d’être libraire, car le master m’aide beaucoup à cette formation. J‘aurais aussi voulu travailler dans l’édition scientifique ou dans les humanités, également en tant que graphiste, mais je n’ai pas suivi de formation adéquate.
Que ressors-tu de cette expérience à l’université ?
Daniel : J’ai adoré le master, c’était l’occasion de rencontrer de superbes personnes. On était unis dans la même galère, donc ça crée un lien fort. Une ouverture d’esprit, des connaissances techniques et théoriques.
Que ressors-tu de cette expérience dans le monde du livre ?
Daniel : Le livre est une industrie comme une autre, mais elle est unique. Aujourd’hui, elle est soumise à des difficultés extérieures à cause de l’économie générale, et qui est une industrie compliquée à saisir du premier coup d’œil.
Sandra : Je trouve ça très stimulant, car en éditorial, on touche à tout sans pratiquer. Il y a ce contact assez humain avec l’auteur, le livre. Ça nous demande beaucoup de créativité et de réactivité.
Y a-t-il des choses que tu aurais aimé savoir avant de rentrer dans un master d’édition ?
Daniel : J’étais au courant que les débouchés étaient compliqués et les salaires bas. Un truc que j’ai découvert pendant mon master, c’était le côté très commercial du monde du livre.
Sandra : Que la concurrence est rude et surtout qu’en licence, on manque d’aide pour les lettres de motivation et de CV. Ça serait utile d’améliorer ces compétences.
As-tu des avis, conseils ou remarques pour nos lecteurs en ce qui concerne les masters d’édition ?
Daniel : De manière générale, il y a trop de masters d’édition en sachant pertinemment que le marché n’est pas capable d’absorber autant de diplômé(e)s.
Sandra : C’est préférable de faire un master pro sur Paris et en alternance. Il faut aussi quelque chose en accord avec la littérature. Les masters sont très sélectifs, alors ils scrutent notre profil avec précision. Avant de passer les entretiens, je conseillerai de faire des recherches approfondies sur le milieu du livre et d’avoir une maison d’édition préférée.
À savoir : Sandra nous a fait part d’un projet éditorial collectif proposé dans son master. L’intégralité des étudiant(e)s de son master participe tous à la conception d‘un jeu de société, nous les encourageons pour cette démarche !