Comment se forment les prix sur un marché ?

Comment se forment les prix sur un marché ?

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L’établissement des prix sur un marché constitue un processus complexe qui suscite l’intérêt des économistes et des acteurs du monde des affaires. Comprendre comment se forment ces prix est essentiel pour appréhender les dynamiques économiques sous-jacentes et anticiper les implications sur la consommation, la production et la distribution des biens et services.

Pour les classiques et les néoclassiques, les prix naissent de la confrontation entre l’offre et la demande sur le marché

Classiques et néoclassiques analysent les prix comme le résultat de la confrontation entre l’offre globale et la demande globale sur le marché. Dans cette perspective, le prix établi sur le marché permet de concilier l’offre et la demande. Simple ébauche par les classiques, cette thèse est détaillée par les néoclassiques, notamment l’économiste Marshall, dans son ouvrage les Principes d’économie politique écrit en 1890. Selon lui, il existe un prix pour lequel offre et demande s’accordent : à la fois, il est possible d’avoir le maximum que les demandeurs sont prêts à payer et le minimum que les producteurs exigent.

Fisher en 1907 et Pigou en 1933 parviennent à des conclusions similaires sur les marchés des facteurs de production. Le taux d’intérêt (prix du capital) se forme par confrontation entre l’offre et la demande de fonds prêtables, de même pour le salaire d’équilibre, c’est-à-dire : prix du facteur travail.

Walras, en 1874, va plus loin, ce dernier décrit la manière dont se forment les prix, il utilise l’image d’un marché d’enchères avec un commissaire-priseur annonçant les prix, si pour un prix donné l’offre est supérieure à la demande, le commissaire-priseur annonce un prix plus faible (et inversement). Ainsi, par « tâtonnement », il va finir par trouver le prix qui égalise l’offre et la demande, et donc trouver le prix d’équilibre. Cela montre aussi que le prix d’un bien dépend du prix des autres produits, ils sont interdépendants, la formation des prix résulte de l’équilibre simultané sur les différents marchés (système de n équations à n inconnues avec 1 seule solution).

Si les prix nominaux sont influencés par les variables monétaires, les prix relatifs ont des déterminants réels, ils adhèrent à la théorie quantitative de la monnaie. On distingue sphère réelle et sphère monétaire, les prix viennent de la sphère monétaire (hausse de la quantité de monnaie non suivie d’une hausse de la richesse se traduit par une hausse des prix, selon l’équation de Fisher MV=PT. L’équation de Fisher MV=PT établit une relation monétaire entre la masse monétaire (M), la vitesse de circulation de la monnaie (V), le niveau global des prix (P) et la quantité de biens et services échangés (T). Selon cette formule, toute augmentation de la masse monétaire (M) entraîne une hausse proportionnelle des prix (P) si la vitesse de circulation de l’argent (V) est stable et si la production totale (T) reste inchangée. Cette vision monétaire est toutefois limitée par l’impact des facteurs réels sur les prix de certains biens. Les économistes néoclassiques ont développé une analyse détaillée des déterminants de l’offre (O) et de la demande (D), d’où il ressort que la demande est déterminée par les préférences des consommateurs et qu’elle a une fonction décroissante du prix et de l’utilité marginale. De la même manière, l’offre dépend des techniques de production, avec une fonction croissante du prix. Les taux d’intérêt et les salaires, considérés comme des déterminants réels, influencent également les prix. Fisher souligne la préférence pour le présent dans le cas de l’épargne (O) et la rentabilité du capital dans le cas de l’investissement (D), tandis que Pigou souligne que l’offre de travail est déterminée par les préférences en matière de loisirs et la productivité du travail par la demande. Ainsi, bien que les prix soient interdépendants, la structure relative des prix est davantage influencée par des facteurs réels que par des considérations monétaires.

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Selon les courants marxiste et keynésien, le processus de formation des prix a une dimension sociale et conventionnelle

La fixation des prix est dans la réalité en partie affaire de rapports de force et de conventions, selon Karl Marx, qui critique la théorie classique. Il montre que le maintien du salaire au niveau de subsistance résulte de rapports de force sociaux et non d’une régulation naturelle, en effet c’est l’appropriation des moyens de production par les capitalistes, qui oblige les prolétaires à louer leur force de travail, ils vont alors constituer l’ « armée de réserve » et cette armée va provoquer le maintien des salaires / prix bas.

Keynes, dans sa Théorie générale, insiste sur le poids des conventions dans la fixation des salaires. Le salaire se détermine en fonction de normes collectives, selon les compétences et la place dans la hiérarchie. Les décisions des agents ne sont pas toujours faites en fonction des facteurs réels, parfois, il est possible d’observer un comportement mimétique lorsqu’il y a une incertitude radicale notamment sur les marchés financiers. L’analogie du concours de beauté popularisée par l’économiste John Maynard Keynes offre une perspective intéressante pour comprendre le comportement des marchés financiers.

Dans sa métaphore du concours de beauté, Keynes suggère d’imaginer un concours dans lequel les participants doivent choisir les visages qu’ils trouvent les plus attirants, non pas sur la base de leurs propres préférences, mais en anticipant le choix de la majorité. De même, sur les marchés financiers, les investisseurs ne cherchent pas nécessairement à évaluer objectivement la valeur intrinsèque des actifs, mais plutôt à anticiper les mouvements probables du reste du marché. Par conséquent, les décisions d’investissement sont souvent fondées sur les attentes des autres participants au marché, ce qui crée un cycle réflexif dans lequel les croyances des investisseurs influencent les prix des actifs et vice-versa. Cette perspective met en évidence la nature non seulement subjective, mais aussi interconnectée des marchés financiers, où les participants au marché tentent d’anticiper les attentes des autres plutôt que de s’appuyer uniquement sur les fondamentaux économiques. Cette vision du marché financier met en lumière le comportement grégaire et la dynamique de mimétisme qui peuvent influencer les fluctuations de prix, et ajoute une dimension psychologique et sociale à notre compréhension des marchés financiers.

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