Dans cet article, nous abordons le thème du contrôle social et tentons de répondre à la question suivante : comment le contrôle social s’exerce-t-il aujourd’hui ?
Qu’est-ce que le contrôle social ?
Le contrôle social représente l’ensemble des mécanismes et des normes sociales qui régulent le comportement des individus au sein d’une société donnée. Il s’agit d’un processus par lequel la société exerce une influence sur ses membres pour les inciter à se conformer aux normes, aux valeurs et aux attentes sociales. Ce contrôle social vise à maintenir l’ordre social, à prévenir les comportements déviants et à promouvoir la cohésion sociale. Il peut être de deux types : formel et informel.
Le contrôle social formel se réfère aux mécanismes de contrôle qui sont institués et organisés par des institutions officielles de la société, telles que le gouvernement, les forces de l’ordre, les tribunaux et les lois. Ces institutions utilisent des règles explicites, des sanctions légales et des procédures formelles pour réguler le comportement des individus. Ainsi, le contrôle social formel peut prendre la forme de lois et des sanctions judiciaires.
Le contrôle social informel fait référence aux mécanismes de contrôle passant par les interactions sociales quotidiennes au sein de la société et non pas une institutionnalisation des normes. Il repose sur des normes sociales non écrites, des attentes culturelles et des pressions sociales exercées par le groupe. Ce contrôle passera alors par le regard des autres, la désapprobation sociale, la stigmatisation, etc.
La stigmatisation est un processus par lequel un individu ou un groupe est marqué, étiqueté ou jugé de manière négative en raison de certaines caractéristiques, attributs ou comportements considérés comme déviants, socialement inacceptables ou différents de la norme sociale dominante. Cette stigmatisation peut être basée sur des aspects tels que la race, l’origine ethnique, la classe sociale, l’orientation sexuelle, le handicap, la maladie mentale, les convictions religieuses ou politiques, et d’autres traits identitaires. Les personnes stigmatisées peuvent être sujettes à des préjugés, à la discrimination, à l’exclusion sociale, à la marginalisation et à d’autres formes de traitement injuste ou inéquitable en raison de leur stigmatisation.
La dissuasion, quant à elle, est un concept qui fait référence à l’utilisation de mesures ou de stratégies visant à décourager les individus de commettre des comportements considérés comme indésirables, nuisibles ou déviants. Ce processus repose sur la mise en place de sanctions, de menaces ou de conséquences négatives prévues pour dissuader les individus de s’engager dans des actions potentiellement préjudiciables ou contraires aux normes sociales établies. La dissuasion peut être exercée par divers moyens, tels que des lois et des réglementations, des sanctions légales, des mesures de sécurité, des programmes de sensibilisation et d’éducation, ainsi que des stratégies de prévention.
Lire aussi : SES : quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ?
L’évolution des formes du contrôle social
L’évolution des formes du contrôle social est intrinsèquement liée à la complexité des sociétés et à l’évolution des normes sociales au fil du temps. Effectivement, à l’origine, le contrôle social permet d’avoir le respect des règles régissant la vie en société et prévenant les comportements déviants.
La socialisation des individus au sein de divers groupes sociaux et institutions, tels que la famille, l’école, ou la justice, joue un rôle central dans le processus du contrôle social. Ces institutions agissent comme des agents de socialisation, inculquant aux individus les normes et valeurs de la société, tout en assurant le respect de ces normes par le biais de divers mécanismes.
Les différentes théories et le rôle des sanctions
Émile Durkheim, le sociologue français le plus connu et reconnu dans le domaine, insiste sur l’importance des institutions sociales dans l’exercice du contrôle social aujourd’hui. Il estime que le contrôle social s’exerce à travers des mécanismes de régulation intégrée et de solidarité sociale, qui sont indispensables pour maintenir la cohésion et l’harmonie au sein de la société moderne.
Georg Simmel, quant à lui, insiste sur le rôle des interactions sociales dans le contrôle social contemporain. En effet, les personnes sont incessamment engagées dans des réseaux sociaux complexes, où les normes, les valeurs et les attentes sociales impactent leurs comportements.
De plus, la théorie de l’interactionnisme symbolique souligne l’importance des rituels de la vie quotidienne dans le contrôle social contemporain. En outre, les individus sont constamment engagés dans des performances sociales où ils doivent suivre des scripts sociaux préétablis. Le non-respect de ces scripts peut entraîner des sanctions informelles telles que le regard désapprobateur des autres.
Dans sa théorie sur l’anomie, Merton montre qu’il y a une tension entre les objectifs culturels et les moyens légitimes pour les atteindre. Il souligne que dans une société où les individus sont constamment poussés à atteindre le succès matériel. Le contrôle social peut être exercé à travers des mécanismes de désapprobation sociale envers ceux qui adoptent des moyens déviants pour atteindre ces objectifs.
Enfin, Becker expose la théorie de la déviance. Cette dernière pose l’accent sur le rôle de l’étiquetage social dans le contrôle social contemporain. En effet, les personnes sont étiquetées comme déviants en fonction des jugements sociaux portés sur leurs comportements. Par conséquent, le contrôle social s’exerce à travers le processus d’étiquetage et de stigmatisation des individus considérés comme déviants par la société.
Lire aussi : De la socialisation de l’enfant à la socialisation de l’adulte : continuité ou ruptures ?
Le rôle des nouvelles technologies dans le contrôle social
Le progrès technique a permis la scientifisation du travail policier, comme mis en avant dans les médias et les séries télévisées, et ont révolutionné les méthodes de surveillance et de contrôle de la liberté individuelle, avec l’avènement de la télésurveillance et des bracelets électroniques.
Globalement, les nouvelles technologies vont permettre de prévenir la délinquance à différents niveaux, allant des caméras de surveillance dans les magasins aux régulateurs automatiques de vitesse sur les routes. De plus, des dispositifs tels que les analyseurs d’haleine anti-démarrage et la procédure mise en place par la loi Hadopi témoignent de la volonté de prévention des délits plutôt que de leur simple répression.