Les expressions « tel père tel fils » ou encore « Telle mère telle fille » suggèrent que les enfants partagent des traits avec leurs parents. Cela interroge sur la continuité ou les ruptures dans la socialisation tout au long de la vie. Cette réflexion met en lumière les mécanismes de transmission des valeurs et des comportements, ainsi que les changements individuels qui peuvent survenir avec le temps.
Le rôle de la société dans la socialisation du nouvel adulte
Dans les sociétés industrialisées et dans la classe moyenne croissante des pays en développement, l’âge adulte est atteint aujourd’hui plus tard que par le passé. Les changements économiques ont rendu plus souhaitable pour les jeunes d’obtenir une éducation et une formation au-delà de l’école secondaire afin de se qualifier pour des emplois dans la nouvelle économie mondiale basée sur l’information.
Plus important encore, l’individualisme croissant a donné aux jeunes une plus grande liberté pour décider du moment où ils entreront dans les rôles d’adultes que sont le mariage, la parentalité et le travail à long terme, et compte tenu de cette liberté, beaucoup d’entre eux attendent au moins le milieu de la vingtaine avant de le faire. Par conséquent, entre l’adolescence et le début de l’âge adulte, une nouvelle période du parcours de vie, l’âge adulte émergent, s’est développée.
Pour les nouveaux adultes, les objectifs de socialisation que sont l’autorégulation, le développement d’un ensemble de croyances et de valeurs, et l’apprentissage de rôles et de compétences relationnelles sont toujours en cours, mais pas encore atteints. Cependant, la nature du processus de socialisation change entre l’adolescence et l’âge adulte émergent. Les parents et les pairs/amis sont toujours impliqués dans la socialisation des adultes émergents, mais dans une moindre mesure qu’à l’adolescence.
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Le rôle de l’école
L’école reste un contexte de socialisation pour les adultes émergents, mais sous une forme plus large et moins restrictive, et seulement pour certains d’entre eux. Ainsi, les cadres institutionnels s’affaiblissent dans le processus de socialisation et les adultes émergents font l’expérience de l’individualisation, car ils sont laissés à eux-mêmes pour faire leur chemin vers l’âge adulte à travers l’auto-socialisation.
Cette liberté peut être exaltante, mais certains la trouvent déconcertante et désorientante. La socialisation peut devenir si vaste qu’elle fournit un soutien et une orientation inadéquats, de sorte que les objectifs de la socialisation peuvent rester insaisissables. La mesure dans laquelle les adultes émergents s’épanouissent ou luttent dans le cadre de leur socialisation exceptionnellement large est encore largement inconnue. Le domaine de l’âge adulte émergent est nouveau et l’étude de la socialisation de l’âge adulte émergent n’en est qu’à ses débuts. Bien que l’on en sache assez peu sur la socialisation parentale à l’âge adulte émergent, les recherches sur la socialisation par rapport aux pairs/amis, à l’école et au travail, ainsi qu’aux médias, sont rares. Cette situation limite la possibilité de dresser un tableau complet de la socialisation chez les jeunes adultes, mais elle offre de grandes possibilités de théorie et de recherche créatives aux chercheurs qui souhaitent contribuer à ce domaine en pleine expansion.
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Le changement de socialisation à l’âge adulte
Le processus de vieillissement entraîne inévitablement des changements dans les rôles sociaux, les normes et l’appartenance à un groupe. Cette transition peut se produire progressivement ou soudainement, mais elle nécessite une adaptation du comportement et des attentes sociales.
Selon des théories sociologiques telles que la théorie des rôles de Goffman, le vieillissement peut être considéré comme un changement dans les rôles socialement définis. Par exemple, le rôle nourricier des grands-parents diffère de celui des parents, car il se caractérise souvent par le soutien et le transfert de connaissances plutôt que par la responsabilité directe des soins quotidiens. De même, les normes sociales concernant l’apparence et le style vestimentaire évoluent avec l’âge.
Selon la théorie de Berger et Luckmann sur la construction sociale de la réalité, les attentes et les normes sociales façonnent le comportement humain. Il est donc généralement admis que les personnes âgées adoptent un style vestimentaire et un comportement adapté à leur âge et à leur statut social. Ces adaptations sont influencées par les normes culturelles et les attentes sociales associées au vieillissement, telles que la sagesse et la maturité. En bref, le vieillissement entraîne des changements dans les rôles, les normes et les comportements sociaux, reflétant des adaptations à l’évolution des attentes et des exigences de la société.
En tant que durkheimien, Halbwachs s’est particulièrement intéressé aux groupes sociaux et à leur influence sur les individus, notamment à travers l’étude de leurs pratiques de consommation. Cette approche met l’accent sur le rôle des interactions sociales et des structures sociales dans la formation de l’identité et du comportement individuels. Ainsi, un individu est façonné par une multitude d’expériences sociales qui se croisent et interagissent pour influencer ses attitudes, ses valeurs et ses comportements tout au long de sa vie. En résumé, la vision de Lahire de la socialisation en tant que processus cumulatif souligne l’importance des expériences sociales multiples dans la formation et le développement de la personnalité, et cette idée est fortement soutenue par les travaux de Halbwachs sur le contexte social de la mémoire et du souvenir.
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