Comment mesurer le niveau de la délinquance ?

Comment mesurer le niveau de la délinquance ?

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La délinquance, une notion qui montre l’intérêt de la sociologie dans la compréhension des problèmes de société. Il existe diverses méthodologies de mesures.

Qu’est-ce que la délinquance ?

Le concept de délinquance est caractérisé par le non-respect d’une norme juridique, et non une norme globale instaurée en société. Cette notion est en lien direct avec le concept de déviance, c’est-à-dire : le non-respect d’une norme, quelle que soit sa nature. Ainsi, la délinquance est une forme particulière de la déviance.

Il est possible d’observer trois types de délinquance : l’infraction, la contravention et le délit. En effet, une infraction est un comportement considéré comme une violation d’une loi ou d’une règle, généralement pénale. La contravention, elle, se distingue par sa spécificité, elle est souvent moins grave et est habituellement punie par une peine légère plutôt que par une peine d’emprisonnement. Enfin, le délit est une infraction de gravité moyenne dans le système juridique, plus grave qu’une contravention, mais moins grave qu’un crime. Les délits sont généralement punis par des peines moins sévères que les crimes, telles que des amendes, des peines de prison de courte durée ou des travaux d’intérêt général.

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La sociologie de la déviance

Le sociologue français Emile Durkheim explique que la déviance est une notion centrale qui révèle les limites et les normes de la société. Selon lui, la déviance est tout comportement qui s’écarte des normes établies d’une société donnée. Il la considère comme un phénomène naturel et inévitable dans toute société, car les normes sociales ne sont pas statiques et évoluent avec le temps. Durkheim met en avant le rôle fonctionnel de la déviance dans la société. Il soutient que la déviance joue un rôle crucial dans le maintien de l’ordre social en réaffirmant les normes et les valeurs collectives. En exposant les transgressions, la société réaffirme ses propres limites et renforce le consensus sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Cependant, Durkheim met également en garde contre l’excès de déviance, qui peut menacer la cohésion sociale en sapant la confiance et en générant des sentiments d’anomie. Ainsi, pour Durkheim, comprendre la déviance revient à comprendre la société elle-même, ses normes, ses valeurs et ses mécanismes de régulation sociale. Son analyse de la déviance a grandement influencé la sociologie moderne, en fournissant un cadre théorique pour étudier les comportements déviants et leur impact sur la dynamique sociale.

La sociologie de la délinquance

La théorie de la délinquance anomique, développée par le sociologue français Robert K. Merton dans les années 1930, offre une perspective éclairante sur la hausse de la délinquance dans certaines sociétés. Merton s’inspire des idées d’Émile Durkheim sur l’anomie pour explorer comment les déséquilibres entre les objectifs culturels et les moyens institutionnels peuvent conduire à des comportements déviants. Selon Merton, les sociétés modernes accordent une importance accrue à la réussite matérielle et au succès économique. Ces objectifs sont généralement valorisés et soutenus par la culture dominante. Cependant, tous les membres de la société n’ont pas le même accès aux moyens légitimes pour atteindre ces objectifs, comme l’éducation, un emploi stable ou des opportunités économiques adéquates. Le fossé entre les aspirations culturelles et les ressources institutionnelles disponibles crée un sentiment d’anomie lorsque les individus se sentent déconnectés des normes sociales et des attentes de la société.

Dans de telles circonstances, certaines personnes ont recours à des moyens non traditionnels pour atteindre des objectifs culturellement valorisés. La criminalité devient alors une réaction rationnelle à une situation sociale intenable. Merton identifie cinq modèles d’adaptation individuelle à cette pression sociale : le conformisme, l’innovation, le retrait, la ritualisation et la rébellion. L’innovation implique par exemple l’utilisation de moyens illégaux pour atteindre des objectifs socialement acceptables, ce qui peut entraîner une augmentation de la criminalité dans des sociétés caractérisées par de fortes inégalités économiques et des chances de réussite légales limitées. La théorie atomique du crime de Merton offre donc un cadre précieux pour comprendre comment les conditions sociales peuvent favoriser l’émergence et la croissance de comportements déviants dans certains types de sociétés.

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La mesure de la délinquance

La mesure du niveau de la délinquance est une mission difficile pour les sociologues, cela implique l’utilisation de différentes méthodes et sources de données.

Les statistiques officielles produites par les autorités policières enregistrent le nombre de délits et d’arrestations signalés et constituent une mesure importante de la criminalité. Toutefois, ces chiffres peuvent être influencés par des facteurs tels que la politique de réglementation, les taux de déclaration et les différences dans la définition et l’enregistrement des infractions. Il est donc important de compléter ces chiffres par d’autres sources d’information, telles que les enquêtes de victimisation. Les enquêtes de victimisation interrogent directement les personnes sur leur expérience de la victimisation, y compris les infractions non déclarées. Les enquêtes autoadministrées, dans lesquelles les individus sont interrogés sur leur comportement criminel, constituent une autre méthode importante de mesure de la criminalité. Cette approche peut fournir des informations précieuses sur les activités criminelles qui passent inaperçues aux yeux des autorités. En outre, les analyses longitudinales et comparatives peuvent contribuer à évaluer les tendances à long terme de la criminalité et à comparer les taux de criminalité entre différentes régions et différents groupes sociaux. En résumé, la mesure de la criminalité nécessite une approche globale et l’utilisation de différentes méthodes et sources de données afin d’obtenir une image plus complète et plus précise de ce phénomène complexe.

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