Un article qui interroge la notion de performance de l’entreprise, notamment les différentes visions autour de l’évaluation de cette dernière.
Qu’est-ce qu’une entreprise ?
L’entreprise est une unité économique avec autonomie juridique, qui dispose de facteurs de productions et de consommations intermédiaires pour produire des biens et services marchands dans un but de maximisation du profit.
François Perroux estime que l’entreprise est un lieu de relations sociales humaines, dont les décisions ont un impact sur l’ensemble de la vie sociale et politique.
Lire aussi : SES : en quoi l’entreprise est-elle une organisation à part ?
La performance de l’entreprise se mesure par sa capacité à générer du profit
Considérée comme une boîte noire, on dit que c’est une firme point, dans le sens où l’entreprise n’est qu’une boîte dans laquelle rentrent des inputs et ressortent des outputs. On ne prend en compte ni les relations avec les salariés, ni entre salariés, avec les fournisseurs, distributeurs, etc.
L’entreprise se résume à une fonction de production qui fait l’objet d’une formalisation mathématique : Y= f(K,L). Cela représente une relation quantitative et causale entre une quantité et les facteurs de production nécessaires pour les produire. Le prix des facteurs étant donné par les marchés, on trouve la meilleure combinaison productive (la plus efficace) en fonction du coût relatif des facteurs et de leur productivité.
Dans cette perspective, la maximisation du profit réalisé par l’entreprise permet de juger sa performance.
On assiste à la mise en œuvre de principes de gouvernance d’entreprise orientés vers les actionnaires au début des années 1980. On constate une importance prise par la financiarisation de l’économie et par le poids croissant des investisseurs institutionnels (exemples : banques, assurances, fonds de pension, fonds commun). Ces derniers ont à gérer des volumes considérables d’actifs financiers. Ils sont ainsi présents, souvent pour des montants significatifs, dans le capital d’un grand nombre de grandes sociétés, notamment celles qui constituent les indices boursiers de référence. La gouvernance d’entreprise « orienté actionnaires » est fondée sur un modèle boursier ; l’évolution du cours de l’action d’une société est censée synthétiser l’ensemble des performances de cette société et permettre ainsi à tous les acteurs concernés – en premier lieu les actionnaires et les dirigeants – d’optimiser leurs décisions. Ainsi, l’évolution du cours de l’action est un indicateur de performance.
Un tel modèle de gouvernement de la firme est largement fondé sur la théorie des marchés financiers efficients développée par Eugène Fama “Efficient Capital Markets” : les forces du marché, c’est-à-dire les arbitrages effectués par les investisseurs correctement informés, font du cours boursier( prix d’une action (ou d’un autre titre coté comme une obligation) à un moment précis) le meilleur indicateur possible de la performance de l’entreprise. Ainsi, l’accroissement de l’activité boursière, portée par les investisseurs institutionnels qui scrutent et évaluent les performances des dirigeants et allouent leurs portefeuilles de titres en fonction, devient le modèle dominant.
Lire aussi : SES : comment évoluent les entreprises sur un marché ?
La responsabilité sociale de l’entreprise et sa part dans l’évaluation de la performance
La responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise consiste à prendre une perspective de long terme pour maximiser le profit intertemporel dans la mesure où la renonciation du profit maximal à court terme conduit à un profit ultérieur plus élevé. Les institutions internationales jouent également un rôle pour impulser ces démarches volontaires, comme l’illustre le Pacte mondial qui donne un cadre international à la RSE. Le Pacte mondial, ou Global Compact en anglais, est une initiative des Nations Unies lancée en 2000 visant à inciter les entreprises du monde entier à adopter une attitude socialement responsable en s’engageant à intégrer et à promouvoir plusieurs principes relatifs aux droits de l’homme, aux normes internationales du travail, et à la lutte contre la corruption. Initiative volontaire, il n’est pas contraignant juridiquement parlant.
Ainsi, pour évaluer la performance de l’entreprise, il faut regarder son impact social et environnemental. L’efficacité de la gouvernance de la firme dépend alors de sa capacité à faire coïncider les objectifs des parties prenantes. Or, les intérêts que chaque partie prenante s’attache à défendre ne convergent pas nécessairement spontanément. Ainsi, s’agissant des salariés, il sera par exemple question d’amélioration de leur statut, de valorisation salariale, de pérennisation de leur emploi, etc., tandis que s’agissant des consommateurs (représentés par exemple par des associations consuméristes), il s’agira de prendre en compte leur satisfaction du point de vue de la qualité des produits proposés par la firme, ce qui peut impliquer le respect d’un cahier des charges sur le plan environnemental et/ou social.
En Angleterre, la coopérative la plus connue est John Lewis. Créée en 1929, elle réalise un chiffre d’affaires de 10,1 milliards de livres (12,3 milliards d’euros), et compte 91 000 salariés. Une partie des profits est redistribuée aux employés, sous forme d’un bonus qui est le même pour tous (en pourcentage du salaire). En 2013, il s’est élevé à 15 % de la rémunération. Cette structure inhabituelle joue enfin en faveur de l’image de marque de John Lewis, qui communique beaucoup sur son système de coopérative.