Le chômage est au cœur du programme de sciences économiques et sociales de la classe de terminale. Dans ce nouvel article, nous revenons avec toi sur les causes du chômage en France.
Le chômage est une « invention récente » (Robert Salais), elle date du XIXe siècle, parce que c’est durant cette période qu’apparaît la notion de salariat et la question sociale. Aujourd’hui encore des difficultés de mesure du chômage existent, du fait de frontières floues entre l’activité, l’inactivité et l’emploi.
La catégorie du chômage apparaît à la fin du XIXe siècle. L’existence d’un sous-emploi à l’occasion des crises agricoles n’était pas assimilable à du chômage : les ouvriers n’étaient pas vraiment coupés du monde rural. Un grand nombre d’entre eux conciliait une activité industrielle salariée et une production agricole non marchande.
À partir de la seconde révolution industrielle, le salariat se développe, dépourvu de protection sociale. Le chômage lors des crises économiques entraîne des conséquences désastreuses pour les travailleurs, ces derniers ne disposant que de leur force de travail pour s’assurer un revenu. Les réformateurs sociaux se penchent sur la question du chômage ; ils cherchent à distinguer les chômeurs de ceux qui ne travaillent pas et à cerner les causes du chômage. La catégorie statistique de chômeur apparaît en France pour la première fois dans le recensement de 1896.
Un chômage lié aux fluctuations de l’activité économique
Le chômage conjoncturel est lié au fait que le rythme de croissance de l’activité a tendance à fluctuer et que son ralentissement engendre du chômage qui se résorbe lorsque le cycle d’activité recommence à s’accélérer. Mais la croissance n’entraîne pas une diminution proportionnelle du chômage. Ce chômage conjoncturel a des effets différents selon les catégories de travailleurs.
Dans le chapitre XXIV de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), John Maynard Keynes écrit : « Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont le premier que le plein emploi n’y est pas assuré, le second que la répartition de la fortune et du revenu y est arbitraire et manque d’équité ». Keynes développe une analyse du chômage non fondée sur une théorie du marché du travail. Il s’oppose à la thèse néoclassique du chômage, en particulier à celle d’A.C. Pigou (La théorie du chômage, 1933), attribuant l’existence d’un sous-emploi permanent à une cause unique : la rigidité des salaires réels à la baisse (monnaie neutre chez classiques). Les syndicats empêchent la baisse des salaires et le chômage est donc considéré comme « volontaire ». Pour Keynes, au contraire, le chômage est avant tout « involontaire », c’est-à-dire qu’en l’absence de toute rigidité des salaires à la baisse, le chômage peut subsister, car l’emploi offert est déterminé par le seul niveau de la demande effective, c’est-à-dire de la demande anticipée par les entreprises. Cette dernière détermine le volume de production qu’elles mettent en œuvre et donc l’emploi qu’il requiert. Or rien ne garantit que cette demande effective corresponde à une situation de plein emploi. Il existe ainsi du chômage involontaire même lorsque le marché des biens et services est en équilibre. Il s’agit d’un équilibre de sous-emploi : la demande effective est insuffisante pour assurer le plein-emploi.
Enfin, les caractéristiques du marché du travail peuvent jouer. L’emploi et le chômage sont ainsi plus sensibles dans les pays où le marché du travail est flexible que dans les pays où il est relativement rigide. La France a sur une longue période, un coefficient d’Okun plus faible que celui des États-Unis. Toutefois, le coefficient a changé en France durant la période récente, rejoignant celles des États-Unis : 0,4 contre 0,5 (aux États-Unis une augmentation d’un point de pourcentage du PIB se traduit par une diminution d’1/2 point de chômage). La croissance s’est donc « enrichie en emploi » en France. Certains économistes mettent l’accent sur le fait que le marché du travail américain est plus flexible en Europe, ce qui explique qu’en cas de croissance le chômage diminue plus fortement.
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Le chômage catégoriel, également appelé sélectif
En général quand il y a crise, les premiers à être licenciés sont les jeunes car ils coûtent moins chers en indemnités, mais aussi et surtout : les jeunes ont moins de capital spécifique (ex : savoir que si l’imprimante marche pas un coup de pied et ho, l’utilisation des logiciels, etc.) donc on perd moins à s’en séparer mais aussi parce qu’ils sont souvent en CDD car si le CDD n’est pas renouvelé il n’y a pas d’indemnités de licenciements. Pareil, les moins qualifiés sont les plus remplaçables aussi et dons les premiers à être licenciés.
Les différences de taux de chômage entre les catégories de travailleurs dépendent de leurs productivités et de leurs salaires relatifs, mais aussi de la conjoncture. Ainsi, le taux de chômage des jeunes est plus sensible aux variations de l’activité économique que celui des adultes. En cas de récession, les entreprises n’embauchent pas et ces nouveaux entrants ne trouvent pas d’emploi. Les jeunes en emploi souvent temporaire sont davantage menacés de perdre cet emploi, car les entreprises ne prolongent pas les contrats temporaires en cas de baisse de l’activité. De même si elles sont obligées de licencier, elles choisissent davantage les jeunes qui ont moins d’expérience dans l’entreprise et donc moins de capital humain spécifique. De même, les entreprises licencient plus facilement les travailleurs peu qualifiés car ils n’ont pas de compétences recherchées. Ces travailleurs connaissent donc une plus grande vulnérabilité face au ralentissement économique. On retrouve ce même phénomène pour les emplois de cadres et d’ouvriers. Une baisse d’activité a des effets plus rapides sur ces derniers emplois, la suppression des postes d’encadrement n’intervenant qu’en cas de baisse durable.
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Le chômage structurel
Celui-ci est lié au fonctionnement des mécanismes de marché et non pas à la croissance et aux fluctuations de l’économie. Dans cette optique, s’il y a du chômage structurel c’est à cause des politiques macro-économiques inadéquates et qui n’ont aucun impact.
Les néoclassiques, comme A.C Pigou, dans Theory of unemployment, en 1933, proposent une représentation du marché du travail reposant sur plusieurs hypothèses. Le travail est une marchandise comme une autre, échangée sur un marché. Les agents raisonnent en salaires réels car ils ne sont pas victimes de l’illusion monétaire. La monnaie est neutre.
La demande de travail (D), représentant le nombre de travailleurs demandés par les entreprises est décroissante avec le salaire réel (w/p), c’est-à-dire le salaire nominal divisé par le niveau général des prix. La rémunération du facteur travail dépend de sa productivité marginale. La productivité marginale décroît quand la quantité de travail employée augmente. Les entreprises embauchent ainsi tant que la productivité marginale est supérieure ou égale au salaire réel.
L’offre de travail (O) représentant le nombre de personnes qui souhaitent travailler est croissante avec le salaire réel (W/P). L’analyse microéconomique part du principe que le travailleur doit arbitrer entre les loisirs et le travail. Ce dernier lui procure un revenu qui lui permettra de consommer. Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du salaire horaire va modifier l’arbitrage de l’individu entre travail et loisirs. L’individu augmentera sa quantité de travail pour accroître sa consommation. L’offre de travail est donc une fonction croissante du salaire réel.
La confrontation entre l’offre et la demande de travail aboutit à l’apparition d’un salaire d’équilibre (w/p)*, et d’un niveau d’emploi / quantité de travail d’équilibre (Q*) qui est le plein emploi. Si l’offre de travail est supérieure à la demande de travail, la baisse du salaire conduit certains offreurs à sortir du marché du travail et des demandeurs à entrer sur le marché du travail. Un phénomène inverse se produit lorsque la demande est supérieure à l’offre.
Si un déséquilibre persiste, c’est en raison de l’existence de rigidités qui empêchent le salaire de se fixer au niveau d’équilibre. Il s’agit d’un chômage volontaire.