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SES : La lutte contre le chômage

À lire dans cet article :

Bien que sa définition varie en fonction des pays, le chômage représente généralement l’état de l’ensemble des personnes en âge de travailler, sans emploi et recherchant un emploi. Il s’oppose donc à l’emploi et à l’inactivité. Le chômage est un phénomène économique structurant, qui touche à la fois les ménages, ce sont les personnes physiques qui sont au chômage, les entreprises, qui parviennent ou non à recruter, et l’État qui prend en charge l’indemnisation des chômeurs. Le chômage est l’une des premières préoccupations de l’opinion publique française et la lutte contre ce dernier est une priorité affichée par les décideurs politiques français.

 

Les politiques de lutte contre le chômage sont nombreuses. L’État peut agir sur le coût du travail, l’investissement, l’attractivité du territoire ou encore l’indemnisation des chômeurs. Différents modèles se concurrencent dans la lutte contre le chômage. Découvre cet article écrit par Corentin Jousserand qui te permettra de mieux appréhender cette thématique incontournable au bac de sciences économiques et sociales !

 

Présentation de la notion de chômage

Les indicateurs du chômage

Le Bureau International du Travail (BIT) définit le taux de chômage comme le nombre de chômeurs au sens du BIT divisé par la population active. Pour être un chômeur au sens du BIT, il faut ” être sans travail “, c’est-à-dire n’avoir aucune activité, même partielle ; ” être disponible pour travailler “, être en mesure d’accepter toute opportunité d’emploi dans les quinze jours et ” rechercher activement un emploi “.

En France, Pôle Emploi définit cinq catégories de chômeurs (A, B, C, D et E). La catégorie A correspond peu ou prou au chômage BIT. Les autres catégories servent, par exemple, à désigner les chômeurs qui ne sont pas tenus d’accomplir des actes de recherche d’emploi ou les salariés à temps partiel qui recherche un complément d’emploi.

Outre les définitions qui diffèrent en fonction des pays, les économistes distinguent plusieurs types de chômage. Le chômage conjoncturel, qui est dû à une dégradation de la conjoncture économique, s’oppose ainsi au chômage structurel, dû au mauvais fonctionnement du marché de l’emploi. Le chômage frictionnel correspond au taux minimum de chômage qu’un pays peut atteindre, la période de chômage provoquée par le délai nécessaire à une personne pour trouver un autre emploi.

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Les causes du chômage

Le chômage est, par définition, une différence entre les actifs ayant un emploi et les actifs recherchant un emploi. Toutes choses étant égales par ailleurs, le chômage est donc causé soit par une hausse du nombre d’actifs, soit par une baisse du nombre d’emplois, soit par une combinaison des deux phénomènes.

La démographie est une des causes importantes du chômage. Si de nombreux actifs arrivent sur le marché du travail au même moment, ce dernier doit avoir la capacité d’absorber ces arrivées, sinon le chômage augmente. A l’inverse, le chômage peut diminuer dans certains pays, non pas grâce à une politique de l’emploi efficace mais simplement grâce à la démographie : les actifs partant à la retraite sont plus nombreux que les actifs arrivant sur le marché du travail. La Japon par exemple se trouve dans cette dernière situation et a, en 2019, un taux de chômage inférieur à 3%.

La hausse du chômage peut également être causée par la destruction d’un grand nombre d’emploi à la suite d’une crise économique. Les crises économiques et les difficultés économiques des entreprises, qui doivent se séparer d’une partie de leur main d’œuvre, font donc partie des causes récurrentes de la hausse du chômage. Un coût du travail trop élevé ou des contraintes trop importantes pesant sur l’embauche de salariés, peuvent également être des freins au recul du chômage.

Enfin, une cause récurrente du chômage est l’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, notamment en termes de formation. Un pays peut, en théorie, avoir assez de postes à pourvoir pour employer tous ses chômeurs. Mais si ces derniers n’ont pas la formation idoine pour occuper ces emplois, le chômage reste élevé. De même, les mécanismes de recrutement doivent permettre une bonne péréquation entre l’offre et la demande d’emploi.

 

Les conséquences du chômage

La première conséquence du chômage est la précarité et l’exclusion des chômeurs. Depuis la fin du XXème siècle, les pays développés, en particulier les pays d’Europe de l’Ouest, voient naître des situations de chômage prolongé qui mène les chômeurs de longue durée à une précarité importante et une forme d’exclusion sociale. Cette tendance tend à s’accentuer. En France en 2019, un chômeur passe en moyenne 16 mois au chômage contre 13,8 mois en 2012.

L’État est également impacté par le chômage. En effet, le chômage augmente les dépenses de l’Etat (indemnisation des chômeurs) et diminue ses recettes (manque à gagner de cotisations salariales et patronales). De plus, au niveau macroéconomique, plus le chômage augmente, plus la production d’un pays (PIB) diminue.

Les entreprises peuvent néanmoins tirer profit d’un chômage élevé. En effet, si un grand nombre de personnes cherchent un emploi, les entreprises peuvent profiter d’une forme de concurrence entre les chômeurs et baisser le salaire des emplois les moins qualifiés.

Dans certains pays, le manque de main d’œuvre qualifiée (ou non) peut également freiner le développement économique. Les entreprises ne parviennent pas à embaucher et refusent donc de s’implanter dans ces pays. Un chômage trop faible constitue donc également une difficulté économique.

 

Les politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre le chômage

Les politiques de lutte contre le chômage se séparent en trois modèles :

  • Le modèle anglo-saxon, il se distingue par une faible protection des emplois et une faible indemnisation du chômage. Très peu de contraintes légales pèsent sur les embauches et les licenciements et les chômeurs touchent une portion très faible de leur précédent salaire. Ce modèle permet aux entreprises de rebondir facilement en période d’embellie économique et d’embaucher rapidement des chômeurs en recherche d’emploi. Néanmoins, en période de crise, ce modèle provoque une forte instabilité avec un taux de chômage qui augmente très fortement et une précarité importante chez les chômeurs.
  • Le modèle français, qui met en place une forte protection des emplois et une indemnisation importante des chômeurs. Ce système permet d’éviter les chocs trop sévères en cas de crise et constitue un filet de sécurité pour que les chômeurs ne tombent pas dans la précarité. Néanmoins, les entreprises doivent être certaines de leurs besoins en main d’œuvre avant d’embaucher à cause des contraintes qui pèsent sur les licenciements. Ce modèle crée donc une forte inertie sur le marché de l’emploi.
  • Le modèle scandinave, qui permet des licenciements plus faciles aux entreprises et qui indemnisent les chômeurs sous conditions. Les pays scandinaves soutiennent la création d’emplois en insistant sur l’accompagnement et la formation des chômeurs. Les entreprises sont incitées à embaucher et les chômeurs incités à retrouver un emploi. Néanmoins, une protection sociale importante évite aux chômeurs de tomber dans une trop grande précarité comme ce peut être le cas avec le modèle anglo-saxon.

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Exemples, auteurs et citations autour de la notion

Auteurs et économistes pensant la lutte contre le chômage

  • John Maynard Keynes (1883-1946) considère que le marché ne garantit pas spontanément l’équilibre de plein emploi. C’est donc l’État qui doit se donner les moyens de rétablir le plein emploi. Keynes prône un fort interventionnisme de l’Etat dans l’économie, notamment sous forme d’investissements publics, pour créer de l’activité économique et donc des emplois. Ces politiques d’investissement pour lutter contre le chômage sont appelées “politiques keynésiennes” de lutte contre le chômage.
  • Joseph Schumpeter (1883-1950). Le concept de destruction créatrice de Schumpeter, certaines activités obsolètes meurent du fait du cycle économique et sont remplacées par des activités plus innovantes, oriente les politiques de lutte contre le chômage vers la formation. En effet, avec un changement d’activité, les ressources doivent être ré-allouées. Le travail étant une ressource, les travailleurs doivent être formés pour participer au développement de la nouvelle activité innovante. Schumpeter nous apprend donc qu’un chômage dû à une mutation de l’activité doit être solutionné par de la formation.

 

Exemple de la Grande Dépression de 1930

La crise financière de 1929 se transforme peu à peu en crise économique. Le chômage explose aux Etats-Unis (il atteint 24,9% en 1933) et en Europe de l’Ouest. Le chômage devient un problème politique majeur et est une des raisons expliquant la montée des fascismes en Europe, les nazis allemands étant élus en partie sur un programme de lutte contre le chômage. Cet exemple montre les conséquences dramatiques que peut avoir un chômage très élevé.

 

Exemple détaillé d’un sujet de bac

Baccalauréat Terminale ES, année 2013, Académie Amérique du Sud.

Montrez que la diversité des formes de chômage peut orienter les politiques de l’emploi.

Un chômage élevé a des conséquences néfastes sur les ménages, qui sont susceptibles de connaître la précarité et l’exclusion sociale et sur l’État, dont les dépenses sont fragilisées. L’Etat met donc en place des politiques de l’emploi pour que le taux de chômage se rapproche le plus possible du taux de chômage frictionnel (ou naturel).

Il faut distinguer différents types de chômage, notamment le chômage structurel et le chômage conjoncturel. Le type de chômage auquel un Etat fait face va déterminer les politiques de l’emploi utilisées. La réflexion autour de ce sujet peut également mener à différencier les modèles de politiques de l’emploi (anglo-saxon, français ou scandinave) et leur adéquation avec certaines formes de chômage.

Dans ce sujet, une dissertation avec un plan en deux parties semble de rigueur. Il faut commencer par une introduction expliquant la nécessité pour l’Etat de mettre en place des politiques de l’emploi mais la difficulté du choix des politiques de l’emploi, qui diffèrent en fonction des formes du chômage.

  • La première partie peut porter sur la lutte contre le chômage structurel et la nécessité pour un Etat d’avoir un marché du travail qui fonctionne correctement, au bénéfice des actifs et des entreprises.
  • La seconde partie doit alors expliciter la notion de chômage conjoncturel et donner des exemples de politiques de relance (dites keynésiennes) et les politiques de soutien à la création d’emploi.
  • Une conclusion sur l’efficacité des différents modèles de politique de l’emploi face à la forme actuelle de chômage dans les pays concernés (notamment la France) permet de boucler le sujet avec une conclusion qui apporte un nouvel élément à la fin de la dissertation et une ouverture intéressante.

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Conclusion

Le chômage est un phénomène économique qui touche de nombreux pays dans le monde, aussi bien des pays développés que des pays en voie de développement. Le chômage a des conséquences sociales et politiques délétères pour les populations de ces pays. La lutte contre le chômage fait donc partie des priorités en termes de politiques économiques. Différents modèles de lutte contre le chômage existent et permettent tantôt de protéger les chômeurs en leur assurant des revenus décents, tantôt de permettre aux entreprises d’embaucher et de licencier facilement.

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