L’art : a-t-il une utilité ?

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Musique, peinture, théâtre, architecture, danse… L’art est partout. Il accompagne nos vies, nos émotions, nos révoltes, nos fêtes. Mais au fond, pourquoi faisons-nous de l’art ? Et pourquoi aimons-nous tant le contempler, parfois même sans bien le comprendre ? Autrement dit : l’art a-t-il une utilité ? La question peut sembler étrange, voire provocatrice : faut-il vraiment que tout ait une fonction, un usage, un rendement pour exister ? Et pourtant, dans un monde qui valorise l’efficacité, on peut se demander si l’art est un luxe, une distraction… ou une nécessité.

💡Méthode : pour briller en dissertation, il est important de se constituer un bagage de quelques œuvres qui te plaisent afin d’illustrer tes propos. Cela est utile que le sujet aborde l’art directement ou non.

L’art est utile : il exprime, transmet, rassemble

L’art est d’abord un langage. Un moyen pour l’humain d’exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il pense, ce qu’il vit. Quand Munch peint Le Cri, il ne cherche pas à faire joli : il donne forme à une angoisse intérieure, une peur sourde, un mal-être universel. De la même manière, une chanson triste peut parfois mieux parler d’une rupture tragique que mille discours rationnels. L’art exprime ce que les mots ne suffisent pas toujours à dire, il exprime l’indicible.

Mais l’art ne s’arrête pas à l’individu. Il a aussi une fonction collective. Il reflète une époque, une société, des tensions. Par exemple, les fresques murales de Diego Rivera au Mexique racontent l’histoire du peuple, des ouvriers, des luttes sociales. À travers elles, l’art devient un vecteur de mémoire collective, un moyen de faire entendre des voix souvent absentes du récit officiel. C’est également ce que montre Francisco Goya dans sa série de gravures Les Désastres de la guerre. Il y représente avec une sobriété glaçante les violences, exécutions et famines causées par l’invasion napoléonienne en Espagne. Ces œuvres ne cherchent ni la beauté ni la consolation : elles documentent l’horreur. Chaque scène semble figée entre silence et cri, comme un témoignage adressé à la postérité. À travers elles, Goya transforme l’art en outil de mémoire, non pas pour raconter l’histoire objectivement, mais pour faire ressentir, préserver la trace de ce qui ne doit pas être oublié. Loin de tout art décoratif, c’est un art du choc, de la vérité pure. L’œuvre ne produit rien de matériel, mais elle agit sur la conscience, c’est cela qui fait sa force.

L’art est aussi un puissant vecteur de lien social. Il ne se limite pas à une expérience individuelle, mais crée des émotions partagées qui rassemblent les individus. Un film comique, par exemple, suscite le rire collectif dans une salle obscure ; un concert réunit des personnes d’âges et d’origines diverses dans une même vibration musicale. Ce que l’on vit alors, c’est une forme d’unité sensible, une communion momentanée qui dépasse les différences. L’art devient un langage universel, capable de toucher chacun au-delà des mots. Même dans l’espace public, une fresque murale ou une performance de rue peut provoquer des réactions communes et nourrir le dialogue. Ainsi, sans produire quoi que ce soit de matériel, l’art crée du lien, et joue un rôle essentiel dans la construction du vivre-ensemble.

Pourtant, l’art ne « sert » à rien… au sens matériel

Mais si l’on entend le mot « utilité » au sens technique ou pratique, alors l’art semble bien inutile. Une symphonie ne répare pas une voiture. Une sculpture n’apaise pas une faim. Une peinture ne soigne pas une maladie. Dans ce sens-là, l’art ne produit rien de directement utile à la survie de l’humain.

C’est ce que souligne le philosophe Alain, dans Le Système des beaux-arts. Il explique que l’art se distingue de l’artisanat : un artisan fabrique un objet utile (une chaise, un vase), tandis que l’artiste crée une œuvre libre, sans fonction définie. L’art, dit-il, est libre de toute contrainte extérieure. Il ne répond pas à une commande de la nature ou de la société.

C’est d’ailleurs ce que revendiquent certains artistes. Lorsque Marcel Duchamp expose un simple urinoir retourné sous le nom de Fontaine (1917), il ne cherche ni à embellir l’espace ni à transmettre un message clair. Il remet en question l’idée même d’œuvre d’art : qu’est-ce qui fait qu’un objet devient art ? Est-ce la beauté ? Le travail technique ? Ou simplement le contexte et le regard qu’on lui porte ? Duchamp défie les attentes, brouille les repères, et force le spectateur à penser l’art autrement. L’objet exposé ne sert à rien d’un point de vue technique mais il fait réagir, réfléchir, contester.

Kant va plus loin : pour lui, dans La Critique de la faculté de juger, l’art relève d’un « jugement désintéressé ». Cela signifie qu’on admire une œuvre non parce qu’elle nous sert, mais parce qu’elle nous touche, sans attente, sans but. On aime une peinture, une musique, une architecture… juste pour ce qu’elle est. Et cette gratuité serait précisément ce qui rend l’art si précieux.

Mais l’art est utile autrement : il soigne, transforme, élève

Il faut peut-être alors changer de perspective : et si l’art n’était pas utile matériellement, mais intérieurement ? Non pas un outil extérieur, mais un miroir, un refuge, une force de transformation intérieure.

Déjà dans l’Antiquité, Aristote observait que la tragédie permettait au spectateur de « purger » ses émotions. C’est ce qu’il appelle la catharsis : en voyant un personnage souffrir ou faire face au destin (comme Œdipe dans la pièce de Sophocle), le spectateur éprouve une émotion intense, qui l’apaise. Il ressort soulagé, grandi, transformé.

L’art peut aussi consoler. Écouter La Passion selon Saint Matthieu de Bach, lire un poème, contempler un tableau, peut apaiser une angoisse, offrir un instant de paix. Simone Weil, philosophe et ouvrière, écrivait que même dans la détresse du travail en usine, la beauté d’un poème pouvait sauver l’âme. L’art ne soigne pas le corps, mais il peut soulager le cœur.

Enfin, l’art éveille, interroge, transforme notre regard. Un roman de science-fiction, une performance contemporaine, une œuvre vidéo déstabilisante, une architecture inhabituelle, tout cela nous oblige à sortir de nos habitudes, à repenser notre manière de voir le monde. L’art ouvre des possibles, stimule l’imagination, donne envie de créer à notre tour. Il ne se contente pas de représenter la réalité : il nous invite à la réinventer.

Conclusion : l’art ne « sert » peut-être à rien, mais il est essentiel

Si l’on s’en tient à une définition stricte de l’utilité, alors oui, l’art est inutile : il ne produit pas, ne répare pas, ne rend pas un service concret. Mais si l’on considère ce qu’il fait en nous (provoquer, émouvoir, consoler, faire penser, faire lien), alors l’art n’a jamais été aussi nécessaire.

Il nous aide à vivre, à comprendre, à nous souvenir, à nous projeter. Il ne sert pas à vivre, mais il donne du sens à la vie.

À retenir

  • L’art peut sembler inutile au sens matériel, mais il remplit de nombreuses fonctions : expression, mémoire, émotion, lien social, imagination.
  • Des philosophes comme Kant ou Alain insistent sur sa liberté : l’art ne doit pas être utile pour avoir de la valeur.
  • Des œuvres comme celles de Goya (Les Désastres de la guerre) ou Duchamp (Fontaine) montrent que l’art peut déranger, éveiller, transformer.
  • En définitive, l’art ne se justifie pas par ce qu’il produit, mais par ce qu’il nous fait vivre et comprendre.

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