Dans cet article, nous revenons avec toi sur les concepts d’universel, de particulier et de singulier, à connaître pour l’épreuve de philosophie du 15 juin prochain.
En philosophie, on appelle l’universel, le particulier et le singulier les quantificateurs d’un jugement.
L’universel renvoie à ce qui est vrai de toutes choses, ou de toutes dans un ensemble prédéfini. Au contraire, le singulier renvoie à ce qui est vrai d’une seule chose. Entre les deux, le particulier renvoie à ce qui est vrai pour certaines choses, et faux pour d’autres. Par élargissement, on dit de quelque chose qu’il est universel s’il concerne tout le monde, ou que telle personne est singulière si elle est incomparable aux autres, si elle est extraordinaire.
En logique, le particulier est la négation de l’universel, son contradictoire. Dire “il est faux que tous les hommes soient petits”, c’est dire “il est vrai que certains hommes ne sont pas petits”. De même, l’universel est le contradictoire du particulier.
L’universel et le général
L’universel diffère aussi du général : ce qui est général concerne tous les individus d’un genre. Ainsi, si l’on prend le genre humain, l’on peut dire que tous les êtres humains sont des êtres vivants : cette propriété est commune à tous les êtres humains, elle est donc générale. Dans cette définition première, le général est équivalent à l’universel, car “tous les êtres humains sont des êtres vivants” est aussi un jugement universel. En revanche, si l’on parle du général au sens de “ce qui est le plus souvent vrai, mais peut souffrir des exceptions”, alors la distance est infinie entre le général et l’universel, car il suffit d’une exception pour que le général soit définitivement exclu de l’universel. Ainsi, si les hommes sont généralement égoïstes, il suffit d’un homme altruiste pour que l’égoïsme ne puisse être une propriété universelle de l’être humain. On peut seulement dire que l’homme est “généralement” égoïste (même si un seul homme dans l’histoire a été véritablement altruiste).
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Universalité et déduction
Une méthode part de l’universel pour découvrir d’autres vérités : il s’agit de la déduction. Celle-ci part d’une vérité connue comme universelle (par exemple le fait que tout triangle a des angles qui valent 180°) pour découvrir d’autres vérités universelles : il n’est pas nécessaire de les vérifier empiriquement, sur les triangles que l’on croise. À l’inverse, nos connaissances autres que mathématiques, logiques (et, dans une certaine mesure, philosophiques) reposent sur l’expérience : même les lois de la physique reposent en dernière instance sur l’induction, c’est-à-dire sur le cumul de cas particuliers présentant un même résultat.
Cela signifie aussi que l’universalité est inséparable, du point de vue modal, de la nécessité : dire que tout triangle a la somme de ses angles valant 180°, c’est dire la même chose que “il est nécessaire qu’un triangle a la somme de ses angles valant 180°”.
Mais aussi, l’universel implique quelque chose comme un absolu : dire que tout triangle a la somme de ses angles valant 180°, c’est interdire tout relativisme quant à cette affirmation. Personne ne peut affirmer que cette somme ne vaut pas 180° et en même temps être dans le vrai.
Singularité et esthétique
Si la science vise le plus possible l’universel, l’art, lui, vise le singulier. Plus précisément, là où la science cherche à subsumer (c’est-à-dire ranger, classer, ramener) les phénomènes qui se présentent à elle sous des concepts le plus large possible, l’art, lui, développe des objets auxquels aucun concept préexistant ne correspond. Les œuvres d’art relèvent ainsi d’un concept singulier, dont elles sont la seule instanciation. Un tableau comme le Portrait d’Innocent X de Vélasquez présente une telle singularité : elle représente le pape dans ce qu’il a d’unique, qui le différencie de tout autre être humain, en rehaussant ce que son visage et son expression ont d’extraordinaire. En cela, la peinture et la musique sont particulièrement aptes à exprimer le singulier, soit par la vue soit par l’ouïe. La poésie, entre autres arts du langage, est mis en difficulté par sa matière elle-même, les mots, qui recouvrent toujours des concepts particuliers : le visage singulier que je peux chercher à décrire ne peut être dit simplement “blême” ou “doux”, car ces adjectifs peuvent encore s’appliquer à d’autres choses.
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Les quantificateurs chez Kant
Dans la Critique de la raison pure, Kant traite l’universel, le particulier et le singulier comme les quantificateurs des jugements : l’universel est ce qui est vrai de toutes choses, le particuliers de certaines seulement. Le singulier est pris comme la synthèse des deux autres quantificateurs. En effet, le jugement singulier, comme le jugement universel, porte sans exception sur tout son concept. Si je dis que “Socrate est mortel”, le jugement est identique à “tous les Socrate sont mortels”, car il n’y en a qu’un. Mais le jugement singulier n’est pas réductible à un jugement universel, car il n’a qu’un seul élément.
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