Au cours de tes études, tu as nécessairement entendu parler du célèbre poète Guillaume Apollinaire. Cet article te présente donc les événements marquants de sa vie, et ses œuvres majeures, afin d’être incollable sur cet immense auteur de la poésie française !
📚 Ce qu’il faut retenir sur Guillaume Apollinaire
- Né en 1880 à Rome, il grandit entre Italie, Pologne et France, marqué par une culture européenne variée.
- Acteur majeur de la modernité littéraire et artistique du début du XXᵉ siècle, il côtoie Picasso, Laurencin, Cocteau, Stravinsky…
- Œuvres clés :
- Alcools (1913), recueil poétique libéré des contraintes classiques.
- Calligrammes (1918), poèmes visuels mêlant texte et dessin.
- Romans et récits : L’Hérésiarque & Cie, Les Onze Mille Verges, Voyage en Orient.
- Créateur du terme « surréalisme », dès 1917.
- Poète engagé : il participe à la Première Guerre mondiale, blessé en 1916, décoré de la Légion d’honneur.
- Thèmes majeurs : l’amour, la ville moderne, la mémoire, la guerre, la liberté formelle.
- Innovations : vers libres, absence de ponctuation, calligrammes, fusion poésie-arts visuels.
- Décès en 1918 de la grippe espagnole, à seulement 38 ans.
- Héritage : figure centrale des avant-gardes, inspirateur des surréalistes, icône de la poésie moderne.
Guillaume Apollinaire reste une figure incontournable pour comprendre la poésie moderne, entre tradition, innovation et ouverture sur le monde.
Guillaume Apollinaire : contexte historique et littéraire
Né à la fin du XIXᵉ siècle (1880), Guillaume Apollinaire débute sa vie entre plusieurs cultures : son père, d’origine italienne, demeure mystérieux, tandis que sa mère, Maria, est Polonaise. C’est ainsi qu’Apollinaire grandit aux confins de traditions variées – un héritage qu’il porte, consciemment ou non, toute sa vie.
Le tournant du siècle est aussi celui de la modernité : l’Europe s’industrialise, les arts s’émancipent, les avant-gardes naissent. Impressionnisme, symbolisme, cubisme… tous bousculent les repères. Poète, écrivain, critique d’art, expérimentateur, Apollinaire s’inscrit au cœur de cette effervescence. Il est l’un des acteurs majeurs de la transition, l’un des passeurs entre la fin d’un monde et l’irruption d’un autre, encore incertain, encore fertile.
De Rome à Paris : les débuts d’une conscience artistique
Enfance et adolescence (1880–1898)
Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apolinaris de Kostrowitzky voit le jour le 26 août 1880 à Rome. Sa mère, Maria Włodzimierz Czartoryska, lui transmet un prénom chargé de références slaves et la complexité d’un héritage culturel. Plusieurs noms circulent comme celui du père, italien ou anglais, mais il n’y a aucune certitude sur son identité.
Après une enfance marquée par les allers-retours entre Rome, Naples, Monaco, Nice, la Suisse et la Pologne, il arrive à Paris en 1898. Paris, première scène d’une vie artistique bousculée par ses découvertes de la littérature et de l’art moderne. Il fréquente les musées, suit des cours à l’École des Beaux-Arts, s’initie au dessin de paysage, aux poèmes symbolistes, plus tard à la critique d’art.
Immersion dans le monde de l’art (1899–1905)
Apollinaire travaille pour divers journaux : La Tribune, L’Express de Paris, Mercure de France. Il s’intéresse à des artistes comme Puvis de Chavannes, Cézanne, Seurat, Bonnard, Kupka… Les expositions impressionnistes et les œuvres récentes attirent son regard. Il acquiert une place de choix dans le cercle intellectuel et fréquente Mallarmé, Moreau, Rodin, Picasso.
Dès cette époque, il forge son double statut : poète et critique d’art. Ses premiers articles tracent déjà sa sensibilité, sa soif de renouvellement stylistique. Il participe à la critique des salons, explore formes et thèmes rares.
Chemins de création : entre poésie et prose
Poésie : innovation, liberté, éclatement
Sa première publication majeure, Alcools (1913), constitue l’un des jalons de la poésie moderne. Rompant avec la versification classique, Apollinaire élimine les ponctuations, bouscule la métrique. Dans « Zone », « Le Pont Mirabeau », « Marie », il fait vivre l’amour, la ville, la mémoire, l’abandon. Il conçoit ainsi une poésie libre, où l’émotion se mêle à l’instantané, à l’image.
Apollinaire s’intéresse aussi au calligramme : des poèmes où la typographie (ou la disposition visuelle) renforcent le sens (par exemple, « Il Pleut » en forme de pluie). Ce désir de fusion entre poésie écrite et poésie visuelle fascine les artistes des générations futures, marque l’histoire de la poésie graphique.
En prose : romans et récits
Sur le plan narratif, il donne vie à des nouvelles et romans comme L’Hérésiarque & Cie (1910) et Les Onze Mille Verges (posthume, 1920), d’un érotisme provocateur. Plus anecdotiques peut-être que ses poèmes, ces œuvres dévoilent son goût pour le mystère, l’humour, l’argot, la subversion.
Ajoutons ses récits de voyage – notamment Voyage en Orient (1914). Récit d’un périple de 1904 à 1909, il peint la Turquie, l’Arménie, la Syrie. C’est un hommage à la diversité, à la curiosité.
Avant-garde(s) et engagements de Guillaume Apollinaire
Le cubisme, la revue Les Soirées de Paris
Apollinaire accompagne l’essor du cubisme, aux côtés de Picasso, Braque, Gris, Severini. En 1912-1913, il publie Les Soirées de Paris, revue artistique ouverte. Il y écrit sur la peinture cubiste : il popularise le terme et explique les ruptures de perspective, les jeux de plans. En tant que critique et proche de ces artistes, il contribue activement à faire connaître ce courant.
Il forge son propre terme : surréalisme. Dès 1917, dans une lettre à Paul Dermée, il lance l’expression, signifiant une forme « au‑delà du réel » (surréel) – et il l’applique à l’art, à la poésie, à la vie littéraire, bien avant Breton ou Éluard.
Guillaume Apollinaire et la Première Guerre mondiale
Mobilisé en août 1914, il devient brancardier, puis officier d’artillerie. Sur le front, sa santé se détériore : blessure à la tête en mars 1916. Il doit être opéré, une bordereau chirurgical mentionne « traitement aseptique ». L’opération réussie, il est décoré de la Légion d’honneur. Mais son état reste fragile.
Malgré cela, il continue d’écrire. Ses poèmes de guerre – dont Calligrammes (1918) – donnent des visions éclatées, où la guerre côtoie l’émotion intime, la mémoire, le jeu visuel. Son œuvre s’affine : drames et lumière s’entremêlent avec un lyrisme nouveau.
Guillaume Apollinaire, le chantre d’un modernisme total
Techniques, formes, langues de sa poésie
Quelques-unes des caractéristiques de l’écriture poétique d’Apollinaire sont présentées ci-dessous :
- Calligrammes : poèmes dessinés,
- Vers libres, sans ponctuation,
- Mélange de langues : français, espagnol, italien ;
- Pratiques typographiques novatrices : dispositions, retours à la ligne,
- Fusion des genres : poésie–prose, critique : il dépasse les clivages.
Son œuvre est un continuum du modernisme : il prête une attention particulière à la forme autant qu’au fond, aux bruits de la ville moderne, à la vitesse, à la mémoire fragmentée.
Les thèmes marquants de son œuvre
- Amour et douleur : Marie Laurencin (son amoureuse) inspire des poèmes tendres, mélancoliques. L’amour devient souvenir douloureux.
- Ville et voyage : Zone, Automne malade, La Jolie Rousse évoquent une modernité urbaine aux paysages très concrets.
- Mémoire et nostalgie : tension entre le souvenir, la guerre, l’enfance.
- Polyphonie : citations, langues multiples, échos.
Réseaux, amitiés, influences d’Apollinaire
Les artistes et les écrivains
France Rivière, Marie Laurencin, Pablo Picasso, Igor Stravinsky, Fernand Léger, Marcoussis, Jean Cocteau… le cercle d’Apollinaire est mixte, attachant. Il fédère autour de la revue, des soirées, des lectures. Il observe, prend la mesure du monde contemporain.
Son rôle d’initiateur
De plus, il introduit ou accompagne des artistes inattendus, contribue aux premières expositions cubistes, donne une visibilité critique. En cela, il est un orfèvre d’un idéal avant‑gardiste, un catalyseur entre poésie et arts visuels.
Guillaume Apollinaire : la fin précoce d’un poète
Retour à la vie civile et à la création
Après la guerre, Apollinaire continue d’écrire. Il prépare un second recueil de poèmes : l’initiative Poèmes à Lou. Toujours très actif, il cultive ses amitiés, participe à la vie littéraire.
La grippe espagnole et son décès
Au début de l’année 1918, la grippe dite « espagnole » frappe l’Europe. Apollinaire, fragile à cause de sa blessure de guerre, contracte la maladie en novembre 1918. Il décède le 9 novembre 1918, deux jours après l’Armistice. Il n’a que 38 ans.
Héritage et postérité de Guillaume Apollinaire
Réactions immédiates
Sa mort provoque un émoi considérable. Ballade de poètes, professeurs, artistes… on salue la polyvalence, la modernité, la créativité. Le recueil Calligrammes est publié en 1918, inaugurant la tradition moderne de la poésie visuelle.
Histoire littéraire : influence durable
Apollinaire inspire les surréalistes (Breton, Aragon…), les poètes visuels. Ses innovations formelles – vers libres, calligrammes – s’inscrivent dans la permanence de l’expérimentation. Aujourd’hui encore, étudiants, chercheurs, créateurs s’emparent de son œuvre.
Prolégomènes à la modernité
Le geste apollinairien est fondateur dans la modernité européenne. Il remet en question les hiérarchies. Il ouvre à l’invisible, à la curiosité, à l’œil, à l’écoute sensorielle. Il efface les frontières entre les disciplines, entre l’art et la vie, entre l’écriture et la peinture.
Ce que tu dois retenir de Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire est un poète-médiateur, critique, auteur, promoteur. Il est le miroir de son époque – ses ferments, ses tensions, ses questions. Il invente une poésie visuelle, urbaine, polyphonique, libérée.
Mort prématurément en 1918, il laisse une œuvre riche, diverse, intime et collective. Il rappelle que la modernité s’écrit davantage dans les formes que dans les idées. Que la poésie peut vivre dans le quotidien, qu’elle peut reconfigurer la page — et la perception.