Il y a quelques mois, Gabriel Attal, alors nommé ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, annonçait une expérimentation du port de l’uniforme à l’école. Il y a quelques jours, un lycée privé parisien interdisait à ses élèves le port de jupes et de robes au sein de l’établissement. Alors que les tenues arborées par les plus jeunes sont au cœur de tous les débats, nous avons passé au peigne fin le règlement intérieur de l’un des lycées français les plus prestigieux.
Le Lycée Stanislas, situé dans le 6e arrondissement de Paris, exige une tenue irréprochable de la part de ses élèves et étudiants. Interdiction donc pour eux de porter le moindre vêtement qui ne serait pas approuvé par l’administration. « À Stanislas, nous voulons des élèves « de haute et belle tenue », dans tous les sens du terme : tenue vestimentaire, tenue physique, tenue morale, tenue intellectuelle, tenue spirituelle. Car nous savons que sur le chemin de la croissance de nos élèves, « tout se tient. », peut-on lire dès le préambule du règlement intérieur du lycée. Règlement que nous nous sommes procuré sur le site internet du Lycée Stanislas.
Le port du tablier obligatoire pour les plus jeunes
« À l’école primaire, le port du tablier bleu marine de Stanislas est obligatoire de la maternelle au CM2. », indique scrupuleusement le règlement intérieur. L’établissement Stanislas accueille élèves de primaire, collège, lycée et classe préparatoire et tous sont ainsi soumis à des règles vestimentaires strictes. Les plus jeunes élèves de l’institution sont priés de porter un tablier, symbole de réminiscence de l’uniforme arboré par les générations passées.
Il s’agit là de la seule mention vestimentaire à destination des élèves de primaire inscrite dans le règlement intérieur de l’établissement. Arrivent ensuite les restrictions destinées aux garçons et aux filles des classes supérieures.
Lire aussi : Le port de l’uniforme bientôt obligatoire à l’école ?
« Aux beaux jours, seuls les plus jeunes des garçons sont autorisés à porter des bermudas »
En poursuivant notre lecture, nous découvrons les règles vestimentaires dédiées aux garçons. « Nos garçons doivent veiller à porter une tenue qui suscite le respect et manifeste la conscience qu’ils ont de leur dignité. », peut-on ainsi lire. Une tenue unique leur est imposée constituée d’une chemise avec col, rentrée dans le pantalon ou d’un polo avec col. Il est également indiqué qu’aux beaux jours, « seuls les plus jeunes des garçons (jusqu’en 5e) sont autorisés à porter des bermudas. » Les garçons en classe de 4e et plus ont ainsi interdiction de porter un short ou un bermuda, y compris par temps de fortes chaleurs. Parmi ces interdictions, nous retrouvons également les vêtements déstructurés, les surchemises, les pantalons serrés ou taille basse, troués, déchirés, trop courts ou retroussés au-dessus de la cheville, les t-shirts et les sweat-shirts à capuche.
Par ailleurs, le règlement mentionne que les garçons doivent porter les cheveux courts, propres et peignés, et la barbe rasée. Les crânes rasés, quant à eux, ne sont pas acceptés au sein de l’établissement.
De multiples restrictions pour les jeunes filles
Une fois les restrictions concernant les garçons passées en revue, arrive le tour des jeunes filles… et elles ne sont pas épargnées. Première règle, le maquillage est proscrit, de même que le vernis à ongle et ce, jusqu’en classe de terminale. Elles doivent par ailleurs porter leurs cheveux attachés et ne pas arborer de bijoux ostentatoires.
Pour ce qui est de la tenue, la liste des interdits commence avec les débardeurs, les t-shirts, les sweat-shirts à capuche, les surchemises et les hauts légers. Cédant ensuite leur place aux pantalons « trop moulants », troués, déchirés, taille basse « rapidement indécents », les pantalons en cuir ou imitation cuir, les leggings et les shorts.
Mais alors que peuvent-elles porter dans l’enceinte de l’établissement ? Les élèves féminines sont autorisées à porter des hauts couvrant leurs épaules, opaques, à col-rond ou à petit col-v, et tombant sur les hanches (ils ne doivent pas s’arrêter à la ceinture du pantalon). Si elles souhaitent porter des chaussures à talons, elles en ont la permission, dans la limite de 5cm dans leur partie la plus haute.
Lire aussi : Un lycée parisien interdit les jupes et les robes à ses élèves
Pourquoi de tels impératifs vestimentaires ?
L’établissement Stanislas déploie ainsi un nombre florissant de restrictions vestimentaires à destination de ses élèves, masculins comme féminins. Si le Lycée privé sous contrat Charles de Foucauld annonçait à la rentrée dernière que ses élèves n’étaient plus en droit de porter de jupes et de robes, le Lycée Stanislas, quant à lui, ne proscrit nullement ces vêtements. Toutefois, le règlement intérieur ne manque pas de restreindre les possibilités (t-shirt, bermudas, leggings, maquillage, etc., interdits).
Pourquoi de telles décisions ? Selon l’établissement, la tenue n’est pas uniquement liée à la pudeur des élèves. « En s’habillant, nous tenons un langage, nous disons quelque chose de nous en fonction des lieux, des états, des circonstances. La relativité de la mode n’est pas une raison valable pour renoncer a priori à un discernement moral et esthétique en ce domaine. », peut-on lire dans le règlement. « L’objectif de ce code vestimentaire détaillé pour les filles comme pour les garçons est de donner des indications suffisamment précises pour éclairer le discernement des parents comme des élèves dans le choix de leur garde-robe. Ce souci du détail permet d’adapter une bonne fois pour toutes la tenue vestimentaire des élèves au style éducatif de Stanislas et de ne pas rentrer de façon récurrente dans des situations de casuistique stérile et lassante. Le souci excessif de leur apparence génère en effet chez les élèves des sentiments et des attitudes d’exclusion, encourage les phénomènes de mode et restreint leur liberté. »
De par ses restrictions vestimentaires, le Lycée Stanislas se tient garant de la réussite de ses élèves et de leur comportement exemplaire. Toute entrave au règlement se verra alors sanctionnée immédiatement.
L’établissement Stanislas dans la tourmente
Depuis quelques jours, l’établissement Stanislas fait l’objet de vives polémiques. L’une liée à des contournements sur la plateforme Parcoursup et une autre au sujet de cas de sexisme, d’homophobie et de harcèlement latents.
En effet, depuis la nomination d’Amélie Oudéa Castéra au ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, l’établissement est au cœur de la tourmente. La ministre révélait, dès sa première semaine rue de Grenelle, avoir fait le choix du Lycée Stanislas pour ses enfants, car elle regrettait « les heures non remplacées » dans l’enseignement public français. Un premier tollé auprès du corps enseignant.
Une enquête Médiapart du 16 janvier 2024 a ensuite placé sous le feu des projecteurs un rapport de l’Éducation nationale concernant les dérives de l’établissement. Homophobie, sexisme, cours de catéchisme obligatoire, etc. Une enquête est alors ouverte pour injures sexistes et homophobes au sein de l’établissement Stanislas.
@loopsider ♬ son original – Loopsider
Enfin, parce que jamais deux sans trois, l’établissement fait une nouvelle fois parler de lui. Un contournement de la plateforme Parcoursup est cette fois-ci en cause. Plusieurs médias ont révélé, ce dimanche 21 janvier 2024, que l’établissement scolaire aurait eu recours, à plusieurs reprises, à une bifurcation du système d’admission, absolument contraire au système Parcoursup. Et une fois de plus, le nom de la nouvelle ministre refait surface. Médiapart affirme que l’un des fils d’Amélie Oudéa Castéra aurait profité de ce contournement pour intégrer l’établissement. Le média en ligne rapporte que « certains élèves sont incités à renoncer à leurs autres vœux dans Parcoursup » en échange de la « garantie d’être admis » en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE).
Une affaire à suivre…
Lire aussi : Amélie Oudéa-Castera nommée ministre de l’Éducation nationale… et des Sports