Pour beaucoup d’étudiant(e)s, la question des congés menstruels à l’université s’est vite posée. En effet, les menstruations sont très douloureuses et beaucoup en souffrent. Ceci les empêche d’avoir une scolarité continue et crée un espace d‘inégalité parmi les étudiant(e)s. Nous nous intéressons alors aux dispositifs implémentés par les universités pour répondre à ces douleurs.
Qu‘est-ce qu’un congé menstruel ?
Un congé menstruel est une période de repos accordée à une personne touchée par une menstruation. Ça lui permet de se reposer et de calmer la douleur afin d’éviter des complications. Voilà bientôt près de 70 ans que la Corée du Sud et le Japon ont des lois à ce sujet. Cependant, cette question est arrivée en France que bien plus tard.
Ce n‘est que très récemment que des entreprises et des universités ont commencé à mettre en place des congés spécifiques à la menstruation. Même implémenté, ce congé reste très contrôlé, controversé et mal compris. Pourtant, il constitue une avancée notable dans le droit des personnes souffrant de règles douloureuses. Alors, pourquoi est-il si controversé ?
Les congés menstruels, un sujet tabou ?
La question du congé menstruel est polémique et surtout politique. Là où certain(e)s y voient une « révolution », d‘autres y voient un « un argument supplémentaire pour les exclure », comme le note Aline Bœuf. En effet, l’étude menée par Aline Bœuf démontre la gêne ressentie par les personnes concernées. Selon elle, il y a un souci à parler de la situation, celle du saignement.
Face à ce manque de communication, beaucoup de personnes concernées se censurent et préfèrent éviter d’en parler. La racine du problème réside dans le manque de communication face à cette situation. À ceci s’ajoute une volonté d’une intégration dans le milieu du travail, qui reste prédominant masculin, et les problèmes liés à la menstruation n’ont donc jamais été évoqués.
C’est également le cas au sein des universités et des écoles de l’enseignement supérieur. Heureusement, plusieurs de ces établissements participent activement à la reconnaissance de ces congés. Leur implémentation souligne la nécessité des problèmes rencontrés par les personnes concernées par les menstruations. Voici maintenant les écoles et universités qui l’ont compris et qui proposent des congés menstruels à ce titre.
Quelles sont les universités qui proposent des congés menstruels ?
Sciences Po Rennes
Récemment, l’IEP de Rennes a décidé de mettre en place un congé menstruel pour ses étudiant(e)s. L’école s’est aussi engagée à lutter contre la précarité menstruelle en proposant « une distribution de culottes menstruelles » lors du lundi 18 novembre 2024.
Le congé permet aux concerné(e)s de s’absenter un total de 10 jours chaque an, sous présentation d’un certificat médical et d’un rattrapage des épreuves manquées le cas échéant.
Université Bordeaux Montaigne
C’est à partir de la rentrée de septembre 2024 que l‘université bordelaise a créé un congé menstruel destiné à ses étudiant(e)s. Chaque année, c’est un total de 15 jours d’absence qui leur sont offerts, sans présentation d’un certificat médical, quoique recommandée.
Il suffit de remplir une attestation sur honneur et de la transmettre à la plateforme de dématérialisation des justificatifs d’absence.
Université Angers
Lors du 12 juillet 2023, la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU) a modifié sa charte des examens. Ainsi, c’est un total de 10 jours d’absence qui sont accordés en cas de règles douloureuses. Cette absence « sera considérée comme [étant] justifiée pour tout examen, écrit ou oral, ou épreuve de contrôle continu ».
Il est à noter que ces « absences justifiées sans justificatifs » concernent aussi tous les enseignements obligatoires.
Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)
C’est le mardi 28 janvier 2025 que l’université de Reims Champagne-Ardenne a voté la mise en place d‘un congé menstruel étudiant qui se justifie grâce à une simplification de la procédure : un envoi de mail.
Pour les concerné(e)s menstrué(e), c‘est 10 jours de congé qui leur sont accordés en cas de règles douloureuses, sans excédé de 2 jours d’absence par mois maximum et sans avoir à fournir de justificatif d’absence. Attention, pour les examens terminaux, un justificatif médical doit être fourni par mail.
Université Paris-Est Créteil (UPEC)
L’UPEC a annoncé, à la rentrée 2024, la mise en place d’un congé menstruel pour les étudiant(e)s concerné(e)s. Voici les conditions de ce congé et de son implémentation, en plus des dispositifs mis en place contre les maladies chroniques, dont l’endométriose :
- Les concerné(e)s bénéficient de 12 jours par année universitaire, dont 2 jours par mois au maximum
- Le congé menstruel fait partie des absences justifiées, tant pour le contrôle de l’assiduité que pour l’absence aux contrôles et examens
- Une attestation annuelle, rédigée par un médecin, doit être transmise à la scolarité de la composante de la personne concernée. Ce justificatif devra être présenté aux enseignant(e)s en tant que justificatif d’absence
Université Montpellier Paul-Valéry
Depuis la rentrée de 2024, les étudiant(e)s menstrué(e)s ont le droit à 10 jours de congé plafonnés par année universitaire sans justificatif nécessaire, examens compris. C‘est grâce au Syndicat de combat universitaire de Montpellier (SCUM) que cette décision a été prise. Le syndicat se ravit de cette décision, tout en continuant à « négocier deux à trois jours de congé par mois » au lieu d’un seul, à l’heure actuelle.
Université Clermont-Auvergne (UCA)
En 2024, l‘UCA a instauré un congé menstruel étudiant expérimental. Pour l’obtenir, les personnes concernées devaient justifier en remplissant un formulaire en ligne avant le 31 octobre 2024. Ainsi, c’était 10 jours d’absence pour trouble menstruel qui leur ont été attribués.
À l‘heure actuelle, on ignore encore si le système sera reconduit. Il le sera « s’il n’y a pas trop de dysfonctionnement », comme le souligne la direction de l’université.
Université Haute-Alsace
L‘université Haute-Alsace a mis en place un congé menstruel étudiant dès la rentrée universitaire 2024-2025. Il est ouvert à toutes personnes menstruées et offre 10 jours d’absence sans justificatif médical à raison d‘un jour par mois maximum. Ce congé ne s‘applique pas pour les contrôles continus et terminaux : un justificatif médical sera réclamé.
Pour bénéficier de ce congé, la personne concernée a 5 jours ouvrés pour fournir un certificat d’absence à la scolarité. Un contrôle rigoureux de la scolarité sera effectué « en cas d’absence systématique liée [sic] aux dysménorrhées ».
Université Sorbonne Paris Nord
Depuis la rentrée 2024, l‘université Sorbonne Paris Nord propose un congé menstruel étudiant aux personnes concernées. Il leur permet de s’absenter une fois par mois en raison de règles douloureuses. Pour bénéficier de ce congé, la présentation d’un justificatif médical est obligatoire.
Université Rennes 2
L’université Rennes 2 propose des aménagements d’études pour les personnes menstruées. Ainsi, une dispense d’assiduité pour santé menstruelle a été mise en place afin de « ne pas limiter le nombre de jours attribué dans l’année », comme le souligne Emmanuelle Smirou, Emmanuelle Smirou, vice-présidente Conditions de travail, action sociale, égalité à l’Université Rennes 2.
Pour accéder à cet aménagement, il suffit de compléter un formulaire de dispense d’assiduité et de fournir un certificat médical avant une date butoir. Le service de scolarité a la gestion des dispenses d’assiduité et déterminera leur durée, soit pour une année ou pour un seul semestre. Dans ce cas, les épreuves de contrôles continus seront remplacées par des examens terminaux à la fin du semestre.
Université de Bretagne Occidentale (UBO)
Dans un communiqué de presse, le 25 novembre 2024, l‘UBO a décidé de mettre en place un dispositif de congés menstruels étudiants pour la rentrée 2025. Le congé permet aux concerné(e)s de bénéficier d’un dispositif allant jusqu’à 20 jours de congés menstruels par an.
Ce dispositif est dès lors expérimenté depuis janvier 2025 dans quelques facultés de l’UBO. Ces congés permettront, entre autres, d’avoir une absence justifiée à l’occasion des cours magistraux, de travaux pratiques, de travaux dirigés et d’examens du contrôle continu. Pour les examens terminaux, une attestation délivrée par un professionnel de santé agréé sera demandée.