La dernière étude de Santé Publique France, publiée le 9 avril, démontre que les cas de dépression augmentent de manière considérable chez les lycéens et en particulier les lycéennes. Comment expliquer une telle évolution ? Décryptage.
Qu’est-ce que la dépression ?
Avant de parler de dépression, il faut bien cerner ce que c’est. Pour cela, pas besoin de chercher bien loin, il suffit juste de reprendre la définition proposée par Ameli : « La dépression (ou trouble dépressif) est une maladie psychique fréquente qui par ses troubles de l’humeur, perturbe fortement la vie quotidienne ». À la lecture de cette définition, on se rend rapidement compte que les symptômes de la dépression sont nombreux. Afin de mieux les déceler, notamment chez les adolescents, un questionnaire a été mis en place nommé échelle ADRS pour Adolescent Depression Rating Scale. Celle-ci fait état de 10 symptômes dépressifs chez les jeunes à savoir le manque d’énergie, le découragement, la difficulté à réfléchir, le fait de mal dormir, de ne pas supporter grand-chose, la tristesse, d’avoir un sentiment d’inutilité, le désintérêt, l’échec scolaire ou encore l’envie de mourir.
Quelles conclusions tirer de l’enquête de Santé publique France ?
Commençons par les bonnes nouvelles. La majorité des lycéens (84 %) et des collégiens (86 %) se considèrent en bonne santé. Néanmoins, les garçons sont plus satisfaits de leurs conditions de vie que les filles. Cette disparité dans le domaine de la santé mentale va se poursuivre tout au long de cette étude.
Ensuite, ce bien-être ambiant chez nos jeunes est, en réalité, à nuancer. Tout d’abord, selon l’indice de bien-être mental de l’OMS, cela serait seulement 59 % des collégiens et à peine plus d’un lycéen sur deux qui seraient en bonne santé mentale. Or, 55 % des jeunes âgé de 11 à 17 ans ont fait état de symptômes dépressionnaires au cours des douze derniers mois comme celui de la solitude.
Aujourd’hui, il y a 14 % des collégiens et 15 % des lycéens qui présenteraient un risque important de dépression symbolisé majoritairement par trois symptômes : le manque d’énergie, le fait d’être découragé et la difficulté à réfléchir.
Le symptôme suicidaire est observé chez quasiment ¼ des lycéens interrogés (24 %) avec une disparité importante entre les filles (31 %) et les garçons (17 %). Par ailleurs, 1 lycéen sur 10 aurait déjà réalisé une tentative de suicide. Comme le montre le tableau ci-dessous, en matière de dépression, les filles sont largement plus impactées que les garçons et cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Ce qui inquiète surtout, c’est l’augmentation importante des symptômes dépressifs chez les lycéens et les collégiens. Les experts constatent une dégradation de la santé mentale survenue depuis 2018 et qui ne cesse de croître. Celle-ci accentue les disparités entre filles et garçons sur le plan de la santé mentale.
Comment expliquer une telle disparité ?
Tu t’en doutes, le genre peut expliquer pourquoi les filles sont plus atteintes de symptômes dépressifs que leurs homologues masculins. Les jeunes filles sont soumises à des attentes sociales et à des normes difficilement atteignables à leur âge. Toute cette pression conduit à une baisse de l’estime de soi et donc à un épisode dépressionnaire. Bien évidemment, cela n’est pas le seul critère et les cas de harcèlement ou de violences sexistes peuvent aussi amener à la dépression.
Néanmoins, la disparité pourrait ne pas être si importante que cela. En effet, les filles ont plus de facilités à faire part de leurs émotions, à manifester leurs problèmes ce qui donne lieu à une meilleure prise en charge de leur cas de dépression contrairement aux garçons qui ont plus tendance à tout garder pour eux.
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Une tendance également observée dans le monde des adultes ?
Selon le baromètre de Santé publique France de 2021, 12,6 % de la population a connu un épisode dépressif au cours des douze derniers mois. Encore une fois, les femmes sont plus nombreuses que les hommes avec 15,7 % des femmes françaises contre 9,5 % des hommes. Ces chiffres complètent ceux qui précisent que 60 % des personnes dépressives sont des femmes.
Néanmoins, là où la dépression évolue à vitesse grand V, c’est chez les 18-25 ans passant de 11 % en 2017, à 20 % soit un jeune sur cinq, un chiffre en augmentation de près de 80 %. Ici aussi, les jeunes femmes (26,5 %) sont plus affectées que les jeunes hommes (15,2 %).
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette disparité. Des symptômes dépressifs peuvent se manifester pendant une grossesse ou après l’accouchement. La charge mentale, plus importante chez les femmes que chez les hommes, augmente avec l’âge et affecte la santé mentale des femmes notamment chez celles qui s’occupent seules d’enfants ou qui ont une personne à charge. Selon l’OMS, ces deux facteurs seraient aussi importants que les violences sexistes ou les inégalités sociales sur les cas de dépression. Enfin, dans la majorité des cas, les épisodes dépressionnaires laissent place à d’autres troubles comme l’anxiété ou un burn-out. 2/3 des femmes concernées par une dépression seraient touchées par l’une de ces maladies par la suite.
Qui contacter en cas de dépression ?
Si tu as entre 12 et 25 ans et que tu es ou penses être atteint de dépression, sache que Santé publique France a mis une place une ligne téléphonique dédiée pour en parler nommée Fil Santés Jeunes disponible au numéro suivant : 0 800 235 236. Accessible à tous les jours de 9h à 23, l’appel est totalement gratuit et anonyme. Le service est dispensé par des professionnels de santé comme des psychologues, des conseillers familiaux ou des médecins afin qu’ils puissent correctement te conseiller.
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