Réforme bac Jean-Michel Blanquer

Réforme du bac : quelles conséquences pour la filière scientifique et les futurs ingénieurs ?

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Cette année, les lycéens rentrés en Première font l’expérience de la réforme du baccalauréat. Finies les filières S, ES et L ! Désormais, les étudiants doivent choisir parmi trois spécialités, avant d’en abandonner une en Terminale. Conséquence : les profils plus divers sont plus complexes à intégrer dans les classes prépas. La Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) s’est donc réunie pour comprendre l’impact de cette réforme.

 

La volonté du groupe de travail de la Cdefi est d’accompagner la réforme du bac et d’en savoir plus sur le profil des nouveaux bacheliers qui arriveront en 2021“, explique Emmanuel Perrin, président du groupe de travail relatif à la réforme du baccalauréat de la CDEFI et DG de Polytech Lyon. Cette réforme, ambitieuse en termes de programme, fait naître également des nouvelles problématiques d’orientation, obligeant les lycéens à être beaucoup plus proactifs sur ce sujet.

 

Désacraliser le baccalauréat

Pour Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, ce projet a pour but de désacraliser cet examen. ” Cette réforme n’affaiblit pas le bac, elle le renforce. Le contrôle continu va dans ce sens, car il permet de faire de l’anti-bachotage. Nous incitons les élèves à réaliser un travail continu et serein.

Le ministre parle également d’une réforme qui crée ” une liberté nouvelle chez le lycéen. Il est plus facile d’apprendre quand on aime une matière. Si vous aimez les maths, vous choisissez les maths. L’unique message c’est : faites ce que vous aimez ! Aujourd’hui, on le met dans une situation où le lycéen choisit son avenir et on le pousse à faire ce qu’il aime. ” Pour Jean-Michel Blanquer, cette réforme a pour ambition de hausser le niveau du baccalauréat, mais aussi à diversifier les parcours.

 

Réforme du bac : qu’est-ce qui change ?

Olivier Sidokpohou (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche) a profité de l’événement pour détailler la réforme du bac. Désormais, le lycée insiste plus sur les humanités. Les futurs scientifiques verront le volume horaire des cours d’histoire-géographie et de philosophie augmenter.

L’objectif de cette réforme est de faire un focus sur les connaissances fondamentales pour assurer aux lycéens ” une meilleure réussite dans le supérieur “, affirme Olivier Sidokpohou. Ainsi, les nouveaux programmes sensibilisent les élèves aux grands classiques de la littérature. Ils doivent lire quatre œuvres en entier durant l’année de Première, parmi une liste de textes proposés par le ministère. En histoire-géographie, le programme insistera avant tout sur la chronologie des événements, pour donner des ” repères aux élèves “. Enfin, l’accent sera mis sur la rédaction et l’expression.

Autre nouveauté de la réforme : le numérique. ” Dès la sortie du collège, chaque étudiant sera confronté au numérique. ” Quelques notions en IA seront également transmises à tous les lycéens. Avec cette réforme, le gouvernement a l’ambition d’élever le niveau des lycéens tant en matière de culture générale que dans les domaines de spécialité au travers une approche transdisciplinaire.

 

Les spécialités du bac 2021

Au total : 15h30 seront consacrées aux enseignements communs et 12h aux spécialités. Si l’élève doit choisir trois spécialités en Première, il est nécessaire pour lui d’en abandonner une à la Terminale. Cependant, cette réforme ouvrira le champ des possibles pour ceux qui souhaitent s’orienter dans une prépa scientifique après le bac.

Ainsi, un étudiant qui a choisi Maths-Physique-Chimie-SVT en Première pourra faire sa terminale avec les spécialités PC et SVT, tout en prenant des heures complémentaires en mathématiques. Les lycéens pourront s’ouvrir sur le monde en choisissant, après la Seconde, de suivre un parcours Maths-PC-HLP (pour Humanités-Littérature-Philosophie).

Désormais, le conseil de classe ne sera plus décideur du parcours à choisir. L’étudiant et sa famille feront seuls ce choix. Ainsi, il devient encore plus crucial d’accompagner les lycéens sur la voie de l’orientation. Même si, “le ministère de l’Éducation nationale a donné des conseils aux élèves, sur les parcours à choisir pour aller en classe préparatoire”, rassure Olivier Sidokpohou.

 

Les lycéens face à la réforme du bac

Comme indiqué précédemment, cette année, les élèves de lycées ont dû, pour la première fois, choisir les nouvelles spécialités proposées par la réforme. Hervé Gateau, proviseur du lycée Chaptal à Paris et Patrick Fournié, proviseur du lycée Janson de Sailly sont revenus sur l’impact pour les étudiants.

Patrick Fournié évoque “beaucoup d’inquiétude de la part des élèves l’an dernier dans le choix des spécialités.” Pour Hervé Gateau, les parents se posaient avant tout la question avant tout du post-bac et comment le choix des spécialités pouvait influer sur l’orientation de leurs enfants. Il est intéressant de constater qu’à Chaptal, sur 180 élèves, 179 ont choisi la spécialité en mathématiques. En revanche, dans le même établissement, la spécialité Numérique et Sciences Informatiques (NSI) n’a été que peu plébiscitée.

Toujours à Chaptal, un lycée majoritairement scientifique, Patrick Fournié a sondé ses élèves pour connaître la spécialité qu’ils abandonneront en Terminale. Résultat : beaucoup d’étudiants sont attirés par la combinaison Maths-PC, une combinaison gagnante pour entrer en prépa scientifique selon le ministère et les associations CPGE.

Autre constat, de nombreuses combinaisons atypiques ont vu le jour. A Janson de Sailly, les étudiants ont opté pour Maths-HLP-SVT ou encore NSI-SES-Maths. Hervé Gateau observe également des lycéens qui se posent moins de limites, ” je suis persuadé que les choses vont bouger dans les années à venir et que les élèves seront moins traditionnels.

Côté orientation, globalement, les deux proviseurs constatent que les étudiants sont beaucoup plus proactifs comparées aux promotions précédentes et cherchent à se renseigner plus en détail pour comprendre comment le choix des spécialités influence leur avenir.

 

Panorama du choix des spécialités

Le gouvernement a mené l’enquête pour en savoir plus sur le choix des étudiants. Cette année, les mathématiques s’imposent comme la spécialité la plus plébiscitée (67,7%). Elles sont suivies de la physique-chimie (46%), de la SVT (43,4%), des SES (38,7%) et de l’histoire-géographie (34,4%).

En ce qui concerne les combinaisons, la tendance observée par les proviseurs de Chaptal et de Janson de Sailly est également vraie sur le territoire national. Près de 50% des élèves ont fait des choix sortants des séries L, S et SES. Les combinaisons les plus choisies sont Maths-PC-SVT (28%), HG-Maths-SES (7,3%), HG-LLCE Anglais-SES (6,4%).

 

Réforme du bac : quel impact sur les futurs ingénieurs ?

Mickaël Prost, président de l’UPS (association qui fédère la majorité des classes préparatoires scientifiques en France) et Sébastien Gergadier, président de l’UPSTI (l’Union des Professeurs de Sciences et Techniques Industrielles ont identifié les enjeux qu’entraînent cette réforme sur les classes prépas.

Mickaël Prost UPS
Mickaël Prost, président de l’UPS et Sébastien Gergadier, président de l’UPSTI

Voici les grands chantiers sur lesquelles devront travailler les CPGE scientifiques pour accueillir les bacheliers en 2021 :

Le premier consiste à Garantir un haut niveau scientifique et pluridisciplinaire qui caractérise les classes prépas. Il faudra également pérenniser le vivier de recrutement, en portant une attention particulière aux CPGE de proximité. Les classes prépa dvront ensuite répondre à la diversification des profils en adaptant l’offre actuelle. Cela passe par la création d’une nouvelle filière : MP2I pour garantir un parcours adapté à tous les profils. Enfin, elles devront offrir une formation lisible, attractive et facile à expliquer.

Se pose ainsi la question des profils qu’il faut accueillir et des spécificités qu’il faut choisir pour intégrer une classe prépa scientifique. Les CPGE travaillent également sur l’évolution des enseignements et de leur volume horaire. Les programmes définitifs seront dévoilés le 4 avril.

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