Commentaire composé de la lettre CLIII des Liaisons dangereuses de Laclos

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Au sommaire de cet article 👀

La lettre CLIII des Liaisons dangereuses est l’un des passages les plus révélateurs du roman épistolaire de Choderlos de Laclos. Valmont y écrit à la marquise de Merteuil pour transformer leur relation amoureuse en un véritable affrontement stratégique. Cette lettre, à la fois brillante et cruelle, constitue un excellent support pour un commentaire composé au bac de français : structure épistolaire précise, argumentation maîtrisée, jeu de manipulation, bascule entre amour et haine.

Dans cet article, tu trouveras une analyse complète du texte, les enjeux littéraires essentiels et les axes qui te permettront de rédiger un commentaire composé clair, structuré et efficace le jour de l’épreuve.

Exemple de commentaire composé sur Les Liaisons Dangereuses (Lettres CLIII) de Choderlos de Laclos

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L’extrait choisi pour ce commentaire de texte n’est autre que la lettre CLIII du roman épistolaire Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, paru en 1782. Il s’agit d’un bon exemple de texte épistolaire. Le Vicomte de Valmont s’adresse alors à la Marquise de Merteuil.

Introduction

Dans l’introduction de ton commentaire composé, assure-toi de bien mettre en évidence les premières observations générales sur le texte selon l’ordre suivant : le titre et la date de publication de l’œuvre dont est extrait le texte, sa nature ; le thème, le type de narrateur, le registre, les outils majeurs de l’argumentation ; la structure du texte, le plan et la problématique. Pour faire un bon commentaire composé, il est important de respecter cet ordre !

Dans notre exemple, il s’agit d’un texte épistolaire extrait des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1782). Le thème est une relation amoureuse. L’amour et la haine y cohabitent. Le narrateur, comme c’est toujours le cas, est personnage. Le registre est argumentatif et vindicatif. Un amant s’adresse à son amante et la défie. Cette défiance structure le texte, car il y a une gradation dans la tension du Vicomte. Nous étudierons tout d’abord les caractéristiques de la forme épistolaire, puis les sentiments du Vicomte et les outils de son argumentation.Dans quelle mesure cet extrait épistolaire présente l’évolution belliqueuse d’une relation amoureuse ?

I. La forme épistolaire : la lettre

I.1. L’apostrophe à son amante

La structure narrative de ce texte, typique de la lettre, est l’apostrophe du rédacteur de la lettre à une autre personne. Ici, le Vicomte de Valmont s’adresse à la Marquise de Merteuil. Il s’adresse à elle avec le pronom vous, mais nous comprenons très vite qu’ils sont amants (« rester unis comme nous l’avons été » l 7). L’usage du vous est caractéristique des lettres d’amour adressées à un amant, d’autant plus au XVIIIe siècle.

I.2. Les tournures classiques du style épistolaire

Ce texte se distingue par l’alliance du discours et des tournures très écrites, très nobles. C’est un aspect que l’on retrouve souvent dans les correspondances internes à la Cour et à la noblesse. Concentrons-nous d’abord sur le discours : « Je réponds sur-le-champ à votre Lettre, et je tâcherai d’être clair » (l 1), « Il n’était donc pas ridicule de vous dire, et il ne l’est pas de vous répéter que, de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. » (l 8-9), « Je sens à merveille que ce choix vous gêne » (l 10), « Je vous préviens seulement que vous ne m’abuserez pas » (l 15), « J’ajoute donc que le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre (…) Deux mots suffisent. » (l 21-23) et « Hé bien ! la guerre. » (l 26). Le registre est celui de la discussion amoureuse, de la dispute argumentative. Un dialogue entre les deux personnages s’instaure à travers ces tournures. Mais le dialogue n’est pas uniquement oral ici. Le style est très écrit, les tournures complexes : « je tâcherai d’être clair ; ce qui n’est pas facile avec vous, quand une fois vous avez pris le parti de ne pas entendre. » (l 1-2), « je n’ignore pas que vous n’avez jamais aimé à être placée ainsi (…) : mais vous devez sentir aussi que je ne puis vous laisser sortir de ce cercle étroit sans risquer d’être joué ; et vous avez dû prévoir que je ne le souffrirais pas. » (l 11-13). Les tournures comme « quand une fois vous avez pris le parti de ne pas entendre. » et le vocabulaire plutôt recherché (« je ne puis », « joué », « je ne le souffrirais pas ») montrent un style délicat et recherché typique de la lettre. Le style est donc bien épistolaire.

I.3. La structure de la lettre

La structure du texte est aussi un bon indice du genre épistolaire.

Le Vicomte commence par annoncer le contexte de sa lettre (« Je réponds sur-le-champ à votre Lettre »), il fait ensuite un état de fait quant à leur relation en se référant à une discussion (ou à une lettre) antérieure (« De longs discours n’étaient pas nécessaires pour établir que (…) nous avons un égal intérêt à nous ménager mutuellement » l 3-5 et « Il n’était donc pas ridicule de vous dire, et il ne l’est pas de vous répéter que, de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. » l 8-9), puis il justifie sa lettre (« vous devez sentir aussi que je ne puis vous laisser sortir de ce cercle étroit sans risquer d’être joué» l 12).Il énonce ensuite l’objet précis de sa lettre (« Je vous préviens seulement que vous ne m’abuserez pas par vos raisonnements » l 15 et « je préfère la paix et l’union : mais s’il faut rompre l’une ou l’autre, je crois en avoir le droit et les moyens. » l 19-20), et la termine avec des mots concis qui la résument (« le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre (…) Deux mots suffisent. » l 21-23). C’est la structure classique de la lettre.

Ici, nous avons mis en avant la structure du texte en nous appuyant sur des citations précises !

II. La relation du Vicomte et de la marquise

II.1. L’amour

Étant donné la relation qui semble les unir (ils sont amants), l’amour est le premier sentiment qui les unit. On sait qu’ils ont été très proches (« rester unis comme nous l’avons été, de le devenir davantage encore en reprenant notre première liaison » l 7) et que le vicomte est attaché à la marquise (« perdre l’autre » l 4, « je ne le souffrirais pas » l 13, « je vous déclare avec plaisir que je préfère la paix et l’union » l 19). Cette lettre est d’ailleurs pour lui une ultime tentative de clarification de leur relation et des sentiments de son amante (« je peux vous laisser le choix mais non pas rester dans l’incertitude » l 14).

II.2. La haine 

Il est bien connu qu’un amour déçu peut vite tourner à la haine. C’est l’évolution qui a lieu dans cette lettre. La proposition suivante condense ceci : « je serai ou votre Amant ou votre ennemi. » (l 9). On sent une évolution dans la position du vicomte qui refuse à présent de céder aux tentatives de séduction de la marquise (« vous ne m’abuserez pas par vos raisonnements, bons ou mauvais ; que vous ne me séduirez pas davantage par quelques cajoleries dont vous chercheriez à parer vos refus » l 15-16). Il est prêt à rompre leur relation si son amante ne se décide pas à affirmer leur amour (« je préfère la paix et l’union : mais s’il faut rompre l’une ou l’autre, je crois en avoir le droit et les moyens. » l 19).

La rupture se concrétise dans le dernier paragraphe de cette lettre ainsi que dans la réponse de la marquise (« le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre » l 21, « Eh bien : La guerre » l 26). La haine semble donc lier les deux amants après cet échange de lettres.

II.3. La défiance et l’affrontement

Contrairement à une lettre d’amour classique, celle-ci oppose les amants dans une relation d’affrontement et de défiance. Le vicomte affronte son amante et la menace (« vous ne m’abuserez pas » l 15, « je serai ou votre Amant ou votre ennemi. » l 9). Ses phrases prennent la forme d’un ultimatum. Et la structure diptyque des phrases oppose les amants au lieu de les réunir (« Je sens à merveille que ce choix vous gêne (…) mais vous devez sentir aussi que je ne puis vous laisser sortir de ce cercle étroit sans risquer d’être joué » l 12). Cette lettre acte donc la séparation des amants.

III. Les outils de son argumentation

III.1. La progression logique de la lettre

Comme nous l’avons vu dans l’étude de la structure du texte, la progression de l’argumentation du Vicomte est plutôt logique. Il tente de convaincre la marquise grâce à une argumentation raisonnée et structurée. Par exemple, il insiste sur leur intérêt commun à rester ensemble (« chacun de nous ayant en main tout ce qu’il faut pour perdre l’autre, nous avons un égal intérêt à nous ménager mutuellement » l 4). Il se justifie, son besoin de clarification est très clair dans ces propos. L’argumentation raisonnée et bien structurée fait de ce texte un exemple d’argumentation.

III.2. Les menaces, le jeu sur l’émotion

Pour convaincre la marquise, le Vicomte a aussi recours aux menaces et au jeu sur les émotions. Il insiste d’ailleurs sur leur possible rupture avec des termes forts (« perdre l’autre » l 4). La force et la dureté de ses mots vont avec un ton menaçant (« je tâcherai d’être clair » l 1, « de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. » l 9, « le moment de la franchise est arrivé » l 17, « le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre » l 21). Le Vicomte essaye ainsi de faire peur à la marquise, de rendre dramatique la décision qu’elle prendra et de donner plus de force à ses mots. Il joue sur les possibles émotions de son amante pour la convaincre.

Conclusion

Dans ta conclusion, il est important que tu synthétises les grandes idées de ton commentaire composé de façon chronologique. Eh oui, être littéraire, c’est aussi savoir synthétiser correctement !

Méthodologie du commentaire composé

Pour réussir ton commentaire composé au bac de français, il est essentiel de suivre une démarche claire et structurée. Voici les étapes indispensables pour analyser efficacement un texte littéraire.

  • Lire le texte plusieurs fois pour en comprendre le sens global et repérer ses enjeux.
  • Identifier sa nature : genre, registre, structure, voix, tonalités dominantes.
  • Formuler une problématique qui englobe tout l’extrait et guide ton analyse.
  • Construire un plan en deux ou trois axes, fondé sur des idées et non sur l’ordre des lignes.
  • Analyser précisément les procédés (lexique, syntaxe, figures, effets) en les reliant toujours à ton interprétation.
  • Intégrer des citations courtes, correctement introduites et commentées.
  • Rédiger une conclusion brève qui récapitule les idées et ouvre, si possible, sur l’œuvre ou le mouvement littéraire.

Un bon commentaire est avant tout un texte organisé, fluide et démonstratif. Ta mission : expliquer comment le texte fonctionne et ce qu’il fait au lecteur.

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