La lutte contre la précarité étudiante avancerait-elle à petits pas ? Le jeudi 23 janvier dernier, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi permettant à tous les étudiants de bénéficier des repas à 1 € dans les restaurants et points de vente des Crous. Cependant, pour être appliqué, le texte de loi doit encore être voté au Sénat.
Jusqu’alors réservé aux étudiants boursiers ou en grande difficulté financière, ce dispositif avait vu le jour lors de la crise sanitaire de la Covid-19. Un geste du gouvernement pour tenter de réduire le phénomène de précarité étudiante… qui n’a malheureusement pas (suffisamment) porté ses fruits. Eh oui, selon une enquête de l’IFOP en 2024, 36% des étudiants sautaient régulièrement un repas par manque de moyens financiers. Une problématique qui touche d’autant plus ceux qui cumulent études et emploi (47%). Le tout sans compter sur les limites d’accès aux restaurants universitaires. Seulement 54% des étudiants fréquentent ces lieux, bien souvent freinés par la distance, les files d’attente interminables ou encore les horaires d’ouverture restreints (85% des restaurants universitaires restent fermés le week-end).
Un projet de loi approuvé malgré les divergences
Le projet de loi en faveur des repas à 1 € pour tous les étudiants, porté par la député socialiste Fatiha Keloua Hachi, a obtenu une large majorité des votes à l’Assemblée nationale le jeudi 23 janvier dernier. Avec 149 votes en faveur, principalement issus de la gauche, du Rassemblement national (RN) et du groupe centriste Liot, et seulement 5 contre, la mesure a été approuvée à une écrasante majorité. Toutefois, la majorité présidentielle, bien qu’en désaccord, a en grande partie choisi de s’abstenir.
🤔 À savoir : Une version similaire de ce texte avait d’ailleurs été rejetée il y a deux ans, à une voix près.
Les repas à 1 € pour tous les étudiants en réponse à la précarité étudiante
Le principal objectif de cette mesure est de lutter contre la précarité étudiante qui touche un très grand nombre d’étudiants en France. Actuellement, seuls les étudiants boursiers et en situation de précarité peuvent bénéficier des repas à 1 €, une aide qui concerne environ 500 000 personnes sur près de 3 millions d’étudiants. Avec cette extension, tous les étudiants pourraient y avoir accès.
Pour ses défenseurs, cette loi est un levier d’émancipation très important, visant à réduire la dépendance financière des étudiants envers leurs familles tout en favorisant leur accès à une alimentation abordable.
Des réticences au sein du gouvernement
Philippe Baptiste, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a exprimé son désaccord, pointant un risque de pertes importantes pour les Crous, estimé à 50 millions d’euros. Il a également évoqué des files d’attente déjà longues, mettant en avant la nécessité d’élargir l’offre de avant de généraliser ce dispositif.
Le texte, bien qu’adopté en première lecture, devra encore être validé par le Sénat pour une mise en application prévue dès la rentrée prochaine. Cette mesure, si elle est confirmée, pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la précarité étudiante en France.