La sociologie de Max Weber

SES : La sociologie de Max Weber

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La sociologie, un terme utilisé pour la première fois par Auguste Comte, bouleverse l’analyse des individus et l’explication des faits sociaux. C’est dans ce contexte que le sociologue allemand Max Weber apporte sa pierre à l’édifice en proposant une alternative à l’analyse sociologique proposé par Durkheim. 

 

Qui est Max Weber ?

Max Weber est un sociologie et économiste allemand ayant vécu durant la période de la fin XVIIIe siècle au début XIXe siècle. Weber est fortement engagé politiquement, c’est dans ce contexte d’ailleurs qu’on le retrouve parmi les membres de la délégation allemande ayant signé le traité de Versailles en 1919. Durant sa carrière de sociologue, Max Weber est connu pour avoir favorisé davantage les méthodes qualitatives aux méthodes quantitatives pour réaliser ses études. 

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Les concepts clés à connaître 

Les quatre idéaux-types :

  • L’action traditionnelle se rattache à la coutume, à l’habitude ;
  • L’action affective est guidée par les passions, par exemple : la gifle ;
  • L’action rationnelle en valeur : provoquée par des valeurs d’ordre éthique, esthétique ou religieux, par exemple : le chevalier qui part en croisade et est prêt à sacrifier sa vie ;
  • L’action rationnelle en finalité, tournée vers un but utilitaire et qui implique l’adéquation entre fins et moyens, par exemple : l’entreprise capitaliste qui gère ses biens en vue du profit maximum.

 

Weber adjoint à chaque type d’action un type de domination particulier :

  • La domination traditionnelle fonde sa légitimité sur le caractère sacré de la tradition, par exemple : le pouvoir patriarcal au sein des groupes domestiques ;
  • La domination charismatique est issue d’une personnalité dotée d’une aura exceptionnelle, ex : le chef charismatique fonde son pouvoir sur sa force de conviction, la propagande, sa capacité à rassembler et à mobiliser les foules ;
  • La domination légale s’appuie sur le pouvoir d’un droit abstrait et impersonnel. Il est lié à la fonction et non à la personne, au mérite, ex : le pouvoir dans les organisations modernes se justifie ainsi par la compétence, la rationalité des choix et non par des vertus magiques ou un droit ancestral. Cette domination légale, qui s’incarne au mieux avec la direction administrative bureaucratique, passe également par la soumission à un code, à une règle universelle et fonctionnelle (code civil, règlement intérieur…).

 

La bureaucratie

Max Weber perçoit une rationalisation chez les sociétés modernes, qui passe par une manifestation du désenchantement du monde dans la façon dont s’organisent les hommes. Il est ainsi un des premiers sociologues à avoir saisi l’importance du phénomène bureaucratique dans les sociétés modernes. Pour lui, l’administration bureaucratique représente le type pur de la domination « légale ». Elle est, à ce titre, la forme d’organisation la plus juste et la plus efficace. Ses caractéristiques sont les suivantes :

  • Le pouvoir y est fondé sur la « compétence » et non sur la coutume ou la force ;
  • Le fonctionnement bureaucratique s’inscrit dans le cadre d’une réglementation impersonnelle. Il ne peut donc y avoir d’arbitraire, de clientélisme, etc. ;
  • L’exécution des tâches est divisée en fonctions spécialisées aux contours méthodiquement définis ;
  • La carrière est réglée par des critères objectifs : ancienneté, qualification, etc.

 

L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905)

Lorsqu’il réalise son étude, Weber part d’un constat : le capitalisme moderne prend naissance au XVIe siècle dans les pays occidentaux et principalement dans les pays et milieux de confession protestante. Weber vérifie également, en cette fin de XIXe siècle, que dans les régions allemandes où se côtoient catholiques et protestants, ce sont ces derniers qui, en majorité, détiennent les rênes du pouvoir industriel et commercial.

Si le capitalisme moderne n’est pas apparu plus tôt, c’est que le catholicisme verrouillait cette possibilité. Le salut, dans cette religion, passe en effet par la seule fidélité à l’Église et non par une intense activité dans le monde terrestre. À l’inverse, remarque Weber, il existe une relation étroite entre protestantisme et essor du capitalisme.

Pourquoi un tel état de fait ? Parce qu’à la suite de Luther, le protestantisme ascétique et puritain que développe Calvin encourage un comportement économique particulier. La profession devient un devoir, une vocation, une épreuve de la foi. Ces comportements nouveaux sont marqués par un ensemble de valeurs comme le goût de l’épargne, l’abstinence et le refus du luxe, la discipline du travail et la conscience professionnelle. La réussite terrestre dans une activité professionnelle est d’abord un moyen de glorifier Dieu. Mais aussi parce que cette réussite a valeur de signe d’élection. Aussi, explique Weber, le travail, le sens de l’épargne, etc. sont-ils survalorisés par les protestants, non pour eux-mêmes, mais comme moyen de confirmer par la réussite sur terre un salut tant espéré.

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En quoi Max Weber s’oppose-t-il à Durkheim ?

Une première opposition se construit autour du lien individu – société : pour Emile Durkheim, le social exerce une contrainte sur l’individu et la sociologie est l’étude de ces phénomènes sociaux extérieurs à l’individu et qui s’imposent à lui (notion de fait social). Pour Max Weber, le sociologue doit rendre compte des interactions qui s’établissent entre les individus et qui fondent le social. Il en découle la différence entre une démarche d’explication (Durkheim) qui veut mettre en avant la cause d’un fait social (qui doit être recherchée dans un autre fait social) et une démarche compréhensive (Max Weber) qui recherche le sens que les acteurs sociaux donnent à leur comportement et à leurs actions.

Dans cette perspective, Durkheim mobilise des outils statistiques (« variations concomitantes ») pour identifier les relations causales, mais aussi des indicateurs sociaux significatifs (formes du droit pour mettre en évidence les types de solidarité sociale). Max Weber privilégie la construction d’idéal type, représentation simplifiée de la réalité (esprit du capitalisme).

 

L’opposition individualisme méthodologique / holisme

On peut dire d’une sociologie qu’elle est holiste si elle part de la société globale pour expliquer l’action des individus et non l’inverse. L’individualisme méthodologique (sociologie compréhensive) signifie qu’on part des individus pour expliquer les phénomènes sociaux  l’idéal-type est utilisé, celui-ci désigne une représentation simplifiée de la réalité. Pour ce courant de pensée, qui se développe en France à travers les recherches de sociologues comme Raymond Boudon, ou Michel Crozier, expliquer un phénomène social, c’est reconstruire sous la forme d’un modèle abstrait la motivation des individus concernés par le phénomène et analyser celui-ci comme le produit agrégé de ces microcomportements. L’agrégation de comportements individuels peut se traduire au niveau collectif par l’apparition de phénomènes non désirés par les individus. Boudon parle d’effets émergents. Par exemple, chacun a envie, et c’est rationnel, de partir vite le vendredi soir pour profiter au maximum de son week-end, mais la somme de ces actions individuelles produit des bouchons que personne ne souhaite, mais auquel chaque automobiliste a contribué. L’individualisme méthodologique postule que les actions individuelles obéissent au principe de rationalité.

 

Une tentative de dépassement du clivage individualisme/holisme

Norbert Elias propose le concept de configuration pour désigner le fait que l’on doit penser à la fois les comportements individuels et le contexte social contraignant à l’intérieur duquel les actions individuelles et les interactions sociales se déroulent (notion de configuration, comme peut l’être la société de cours, qui fixe les « règles du jeu social » dans lesquels les acteurs ont une marge d’autonomie). Selon Norbert Élias, dans La civilisation des mœurs, (1939) à partir de la Renaissance, en tout cas au XVIe siècle au plus tard, on assiste en Europe à une inflexion caractéristique des règles de la convenance. Entendons par là des règles régissant ce qui est jugé convenable et inconvenable dans les rapports des personnes entre elles aussi bien qu’à elles-mêmes, en deçà des règlements juridiques, des lois politiques, des normes morales et des commandements ou interdits religieux, règles régissant notamment tout le domaine de la sensibilité, tant externe (la sensorialité) qu’interne (l’affectivité). D’abord limité aux nobles se concentrant dans les cours princières en voie de constitution dans le cadre du devenir absolutiste des États, le processus va se diffuser durant l’époque moderne, à un rythme cependant variable dans l’espace et le temps, au sein des couches bourgeoises, avant de s’imposer durant la période contemporaine comme la norme de l’éthique quotidienne reconnue comme valable dans l’ensemble des classes sociales.

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