décroissance économique

SES : qu’est-ce que la décroissance économique ?

À lire dans cet article :

Dans cet article nous faisons le point avec toi sur un élément clé de ton programme de spécialité SES en classe de terminale, la décroissance économique. Kenneth Boulding, dans son ouvrage Le Choc de la décroissance, disait à ce propos « celui qui croît qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste. »

De la croissance à la décroissance

Première chose et non des moindres, petit point vocabulaire. Avant même de définir la décroissance, ne serait-il pas judicieux de définir la croissance ? Selon François Perroux, la croissance est une augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d’un indicateur de dimensions, le produit global brut ou net, en des termes réel pour nation.

Si tu as l’occasion de lire Jean Fourastié tu verras que la croissance a favorisé aussi un développement de la consommation de masse en France. L’apparition de la société de consommation de masse provoque des bouleversements sociaux majeurs. L’électroménager est alors synonyme de gain de temps et la période des Trente Glorieuses permet l’émancipation progressive de la femme qui accède à l’emploi, ce qui engendre l’augmentation du revenu des ménages.

Néanmoins en lisant les rapports du GIEC, nous observons que c’est la tendance à la consommation de masse qui s’avère être nocive pour l’environnement : c’est là l’envers écologique des 30 glorieuses. L’influence d’une idée de décroissance prend un tournant en 1999 lors du sommet de l’OMC à Seattle (nous te conseillons de jeter un coup d’œil à cet article pour y voir plus clair Mondialisation : définition et explication). L’idée de la décroissance est alors née.

Les inégalités sociales nourrissent les crises écologiques : un premier cercle vicieux

La pauvreté dans les pays en voie de développement (PED) génère des dégradations environnementales du fait de l’urgence de survivre. Ainsi, l’éradication de la pauvreté est donc un objectif écologique. Mais celle-ci ne doit pas se traduire par l’hyperconsommation sur le modèle classique occidental. Il faudrait alors réinventer la notion de richesse et ses indicateurs. Gandhi en 1972 disait même que « la pauvreté et le besoin sont les plus grands pollueurs ».

De même, plus les inégalités de revenus sont importantes, moins il est facile de sensibiliser les plus pauvres aux dégâts environnementaux car cela suppose de projeter son bien être dans le temps. Il est aussi difficile d’augmenter la fiscalité comme la taxe carbone. L’inégalité accroît l’irresponsabilité écologique des plus riches qui peuvent alors externaliser coûts environnementaux et sociaux vers des territoires fragiles.

Les études menées par l’OMS montrent même que plus de 80% des principales maladies sont en partie dues à la dégradation de l’environnement (maladies chroniques), mais les maladies reflètent aussi les fractures sociales. Les régions pauvres sont plus polluées et ont des espérances de vie moindres.

Lire aussi : SES : doit-on tolérer les inégalités économiques ? 

Vers une idée radicale de décroissance ?

Le problème de la décroissance réside dans sa radicalité. Elle se résume par le courant de pensée anti-développement : la volonté de développer les pays pauvres traduirait un projet de normalisation capitaliste et libérale du monde. Serge Latouche, dénonce l’arrière-plan du développement par :

  • l’essor du mode de production capitaliste et des rapports marchands ;
  • la prépondérance des notions de progrès et de modernité ;
  • l’« occidentalisation du monde » au détriment des autres cultures.

C’est en créant de nouveaux besoins ou en détruisant les modes de production traditionnels que le système capitaliste crée alors le sous-développement et la pauvreté.

Ceux qui entretiennent alors des vues pessimistes sur ce qu’est l’être humain seront enclins à redouter le pire et à prôner l’urgence de la décroissance.

Pour autant, une telle radicalité possède des limites dans la mesure où l’économie se fonde sur la notion même de croissance. Comme disait Murray Bookchin, « on ne peut pas plus convaincre le capitalisme de limiter sa croissance qu’on ne peut persuader un être humain d’arrêter de respirer ».-

Quelles politiques pour une économie soutenable ?

Une solution à mettre en place serait l’adoption de nouveaux modes de fonctionnement bien plus soutenable que l’entreprise actuelle. On considère 3 changements majeurs qui pourraient être appliqués et cela de manière verte, intelligente et inclusive :

  • L’entreprise classique fondé sur la recherche permanente du profit doit être tournée vers le service et les innovations qui augmentent réellement le bonheur de la population : éducation, santé, art, etc.
  • L’investissement. Une nouvelle forme d’investissement viserait à protéger les actifs dont dépend notre prospérité future : énergies renouvelables, transport en commun, cultures. Par exemple, sur l’île de Samso au Danemark une coopérative énergétique s’est mise en place au niveau local. Près de 300 habitants mutualisent leur épargne pour investir dans l’achat d’éoliennes afin d’assurer l’autonomie énergétique de l’île. Subventionné par l’état, cette initiative locale permet à la ville une autonomie énergétique totale d’une part, mais également de dégager du profit en revendant l’électricité produite, qui servira à financer de futurs projets locaux.
  • Une « économie de fonctionnalité » : repose sur la mutualisation des équipements&objets matériels et assure d’importantes économies d’énergie, à condition que le civisme des usagers progresse au fur et à mesure que s’efface le rôle de la propriété privée. Plus généralement, les biens environnementaux, « biens publics mondiaux », que sont le climat, l’air, la mer et les espèces vivantes occupent une place croissante. Michèle Debonneuil prône une économie qui dépasse le clivage tertiaire/secondaire : l’économie quartenaire.

Lire aussi : SES : économie du développement durable

Quelques astuces pour ton prochain examen

Imaginons un sujet qui nous inviterait à repenser le terme de la croissance. Face à un tel sujet, il faut prioriser la modération. Tu ne dois pas adopter la posture de l’économiste libéral ou au contraire l’économiste anti-développement.

Il faudrait dans un premier temps évoquer les vertus certaines de la croissance et dans un second temps présenter les limites de la croissance. Tu cernerais alors les principaux enjeux du sujet.

En revanche, si tu souhaites aller en profondeur, n’hésite pas à présenter une réflexion en troisième partie sur les nouveaux modèles de croissance qui sont présentés.

Nous te recommandons, si tu n’as pas trop le temps de lire les différents rapports, l’excellente interview par Thinkerview de J.M.Jancovici que tu trouveras ci-dessous.

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