Face aux déséquilibres et aux imperfections du marché, l’intervention de l’État a toujours été plus ou moins voulue, d’où l’intérêt d’analyser son rôle dans une économie de marché.
Qu’est-ce qu’une économie de marché ?
L’intervention publique regroupe l’intervention des pouvoirs publics, de l’État et des administrations publiques. Il existe des règles qui encadrent cette intervention publique et donc le rôle de l’État dans l’économie de marché.
L’économie de marché est un système économique, qui accorde un rôle central aux mécanismes du marché pour assurer la régulation des activités économiques. De ce fait, le rôle de l’État semble minime dans ce type d’économie.
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Les déséquilibres et défaillances du marché obligent l’État à s’impliquer dans le marché
Les déséquilibres macroéconomiques
Les déséquilibres macroéconomiques peuvent perturber le fonctionnement du marché, ce qui oblige l’État à intervenir pour rétablir la stabilité et la croissance économique. Ces déséquilibres comprennent l’inflation, le chômage et le déséquilibre extérieur.
L’inflation se produit lorsque le niveau général des prix augmente, ce qui réduit alors le pouvoir d’achat de la monnaie. Cela peut résulter en une croissance excessive de la masse monétaire, de l’augmentation des dépenses de consommation et d’investissement, ou d’une demande extérieure élevée par rapport à l’offre intérieure. L’inflation peut entraîner une baisse du pouvoir d’achat, affectant la population et la consommation. De plus, une inflation élevée peut nuire aux exportations en rendant les produits nationaux plus chers sur le marché international. L’État peut intervenir pour contrôler l’inflation en ajustant les taux d’intérêt, en réduisant la croissance de la masse monétaire, ou en mettant en place des politiques de contrôle des prix.
Le chômage est un déséquilibre sur le marché du travail. Il peut être dû au manque de qualifications des travailleurs, à des coûts de transport excessifs, à la concurrence internationale ou à d’autres facteurs. Le chômage a des conséquences sociales et économiques importantes, notamment une diminution du revenu disponible des ménages et une augmentation des dépenses publiques pour les prestations de chômage. L’État peut intervenir en favorisant la formation, en réduisant les coûts de transport, en encourageant la mobilité géographique des travailleurs, ou en mettant en place des politiques de relance économique.
Le déséquilibre de la balance commerciale se produit lorsque les exportations sont inférieures aux importations, ce qui signifie que le pays importe plus qu’il n’exporte. Cela peut résulter en un manque de compétitivité des produits nationaux sur les marchés internationaux. L’État peut intervenir en encourageant l’innovation, en réduisant les coûts de production, en négociant des accords commerciaux favorables ou en utilisant des politiques de change.
Les défaillances du marché
En plus des déséquilibres macroéconomiques, les défaillances du marché sont également une raison majeure de l’intervention de l’État dans l’économie.
L’asymétrie d’information se produit lorsque l’une des parties impliquées dans une transaction a plus d’information que l’autre. Cela peut entraîner des transactions inefficaces et des abus de pouvoir. L’État peut intervenir en imposant des normes et des règles en matière d’information, telles que la traçabilité de la viande, pour assurer la transparence et la sécurité des transactions.
Les biens collectifs sont des produits ou des services dont la production n’est pas prise en charge par le marché, mais qui peuvent être jugés utiles à la collectivité. Les entreprises privées n’ont pas toujours intérêt à produire ces biens, car elles ne peuvent pas en tirer de bénéfices. L’État intervient en prenant en charge la construction de biens collectifs, tels que les infrastructures publiques, pour répondre aux besoins de la société.
Les externalités se produisent lorsque les coûts ou les avantages d’une activité ne sont pas intégrés dans les décisions des acteurs du marché. Par exemple, la pollution de l’air due à une usine peut avoir des effets négatifs sur la santé des habitants, sans que ces coûts ne soient pris en compte par l’entreprise. L’État peut intervenir en imposant des sanctions ou en obligeant les parties prenantes à réparer les externalités, afin de promouvoir une économie plus durable et équilibrée.
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Les principaux outils à disposition des États pour influer sur le marché
Pour influencer et réguler le marché, les États disposent de divers outils, notamment les politiques conjoncturelles, la politique budgétaire, la politique monétaire et le budget de l’État. Ces instruments permettent aux gouvernements de gérer l’économie en fonction des circonstances, de favoriser la croissance, de lutter contre l’inflation ou de réduire les déséquilibres économiques.
Le rôle de l’État dans les politiques conjoncturelles
La politique budgétaire consiste à agir sur l’économie en modulant les recettes et les dépenses de l’État. Elle peut être expansionniste en cas de ralentissement de la croissance économique. Dans cette approche, le gouvernement augmente les dépenses publiques pour stimuler la demande, favorise la production pour lutter contre l’inflation, accroît l’emploi pour combattre le chômage, et encourage la demande intérieure pour réduire le déficit extérieur. Cependant, cette politique peut entraîner un creusement du déficit public. À l’inverse, en période de surchauffe économique ou de crise grave, une politique de rigueur est mise en place. Elle consiste en la réduction des dépenses publiques pour lutter contre l’inflation et réduire les déficits publics, ainsi qu’en l’augmentation des recettes fiscales. Dans la zone euro, les États sont soumis à des contraintes strictes en matière de déficit et de dette, ce qui limite leur capacité à mener des politiques budgétaires expansives.
Les politiques de demande visent à stimuler l’économie en augmentant les salaires pour favoriser la consommation, en réduisant la fiscalité pour encourager les investissements publics, et en allégeant les charges pour rendre les entreprises plus compétitives et favoriser l’embauche.
La politique monétaire
La politique monétaire consiste à agir sur la masse monétaire en modifiant les taux d’intérêt. Une politique monétaire expansionniste vise à stimuler l’activité économique en réduisant les taux directeurs, ce qui diminue le coût du crédit. Cela devrait entraîner une augmentation des investissements, favoriser la croissance, l’emploi et la production à long terme. Cependant, une création excessive de monnaie peut engendrer de l’inflation. À l’inverse, une politique monétaire restrictive vise à lutter contre l’inflation en augmentant les taux directeurs, ce qui décourage les investissements et la consommation, mais peut aussi ralentir la croissance économique. Dans la zone euro, les banques centrales sont indépendantes, mais leur objectif premier est de limiter l’inflation à un maximum de 2%.
Le budget de l’État englobe l’ensemble des recettes (TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés, etc.) et des dépenses (dette, services collectifs non marchands comme l’éducation) de l’État. Il s’agit d’un levier puissant pour agir sur l’économie. Le budget de l’État peut influencer le comportement des individus en instaurant des taxes, comme le principe du pollueur-payeur, qui vise à internaliser les coûts environnementaux. De plus, il peut encourager certains comportements en offrant des incitations, tels que des primes à la casse pour stimuler l’achat de véhicules plus écologiques.