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SES : les mutations du capitalisme

Au sommaire de cet article 👀

Dans cet article, nous te proposons une analyse des évolutions du capitalisme et leurs impacts sur le marché du travail. Capitalisme concurrentiel, capitalisme institutionnel et capitalisme actionnarial, petit tour d’horizon.

Qu’est-ce que le capitalisme ?

Le capitalisme est un mode d’organisation économique qui repose sur la propriété privée et l’accumulation du capital. Au fil du temps, différentes formes de capitalisme ont émergé, se distinguant par leur mode de régulation. L’école de la régulation, développée en France dans les années 1980 par Aglietta et Boyer, cherche à expliquer la reproduction du système capitaliste. Le capitalisme concurrentiel a émergé avec la révolution industrielle, tandis que le capitalisme institutionnel/fordiste/monopoliste a été mis en place après la crise des années 1930. Enfin, le capitalisme actionnarial est apparu avec le renouveau libéral des années 1980.

Le marché du travail, quant à lui, est le lieu où se rencontrent l’offre et la demande de travail, et où se fixe le montant de la rémunération.

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Capitalisme concurrentiel et marché du travail

Le marché du travail est l’institution centrale du capitalisme, apparue lorsque le travail est devenu une marchandise pouvant être échangée sur un marché, et son prix, le salaire, résulte de la confrontation entre l’offre et la demande de travail. Selon Polaniy dans La grande transformation (1944), trois coups de force ont permis l’apparition du marché du travail. Le premier a été la disparition de l’open-field et l’abrogation des corn laws en 1846, qui ont poussé les petits propriétaires ruraux à chercher du travail en ville. Le deuxième a été l’abrogation de la loi sur les pauvres, qui a mené à la mise au travail systématique dans des workhouses. Le troisième a été l’interdiction des corporations, qui a donné le pouvoir aux employeurs de fixer les salaires sans régulation. Toutefois, avec l’évolution du capitalisme institutionnel, le marché du travail est encadré par des règles et des protections sociales pour les travailleurs. Ainsi, bien que le marché du travail ait été une institution inégalitaire et précaire, il a également évolué pour offrir une certaine stabilité et des droits aux travailleurs.

Selon Polanyi, le rapport de force entre salarié et employeur est inégal. Dans le système capitaliste, le travail est considéré comme une marchandise et est soumis aux lois du marché. Cela signifie que le salaire est déterminé par la confrontation entre l’offre et la demande de travail, et non par les besoins du salarié. Dans cette relation asymétrique, l’employeur est en position de force, car il a la possibilité de choisir entre de nombreux candidats pour pourvoir un poste. De plus, la main-d’œuvre étant abondante, le salarié ne peut pas négocier un salaire supérieur sans risquer de perdre son emploi. L’employeur, quant à lui, peut profiter de la situation pour réduire les coûts de production en abaissant les salaires et en imposant des conditions de travail difficiles. Ainsi, le rapport de force inégal entre salarié et employeur est un élément intrinsèque au système capitaliste, qui peut conduire à une exploitation des travailleurs.

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Capitalisme institutionnel et marché du travail

Le capitalisme institutionnel a prédominé pendant les Trente Glorieuses, avec une concurrence relativement faible entre les grandes entreprises. Il existait même des monopoles d’État dans des domaines clés tels que l’énergie ou l’aviation, ainsi que des ententes oligopolistiques dans d’autres secteurs. Cela a entraîné des formes conflictuelles parfois, mais une coopération organisée entre l’État, les entreprises et les syndicats. Cela a rendu l’économie tendanciellement inflationniste, avec peu de concurrence sur les prix et une régulière augmentation des salaires pour maintenir les mêmes niveaux de profits. Cependant, le ralentissement de la croissance a conduit à une politique monétaire de relance, avec une augmentation de la masse monétaire et des prix. De plus, l’économie d’endettement a favorisé le financement de l’investissement par les crédits, entraînant également une augmentation de la masse monétaire et des prix.

Parallèlement, le marché du travail a été institutionnalisé avec l’encadrement de nouvelles règles. Les accords collectifs ont codifié la norme de l’emploi, réduisant les inégalités salariales individuelles grâce au rôle important des syndicats. Les salariés ont acquis un statut protecteur grâce à l’acquisition de droits sociaux, notamment en France avec la création de la Sécurité sociale en 1945. Cela a permis une double stabilité du salaire et de l’emploi, offrant ainsi l’accès à la consommation de masse. Le compromis salarial fordiste a été instauré, avec une augmentation des salaires qui suivait le même rythme que les gains de productivité et l’inflation. Ce régime de croissance reposait sur quatre piliers principaux, le compromis salarial fordiste, l’État-providence, les politiques économiques actives et les systèmes financiers peu développés. Toutefois, la remise en cause du capitalisme institutionnel a conduit à un passage au capitalisme actionnarial, remettant en cause les acquis sociaux.

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Capitalisme actionnarial et marché du travail

Le capitalisme actionnarial est apparu dans les années 1980, notamment aux États-Unis sous la présidence de Ronald Reagan et en Grande-Bretagne sous le gouvernement de Margaret Thatcher. Cette doctrine économique se caractérise par une libéralisation accrue de l’économie et une ouverture croissante des marchés financiers. Le capitalisme actionnarial repose sur l’idée que les entreprises doivent maximiser le rendement pour leurs actionnaires en proposant des dividendes plus importants et en achetant leurs propres actions. Cette tendance est renforcée par l’augmentation des investissements étrangers et de la concurrence internationale, ce qui a incité les entreprises à réduire les coûts salariaux pour améliorer leur compétitivité prix. Dans ce contexte, les salaires sont devenus un poste de dépenses important pour les entreprises et leur réduction a été considérée comme un moyen d’améliorer la rentabilité.

Le capitalisme actionnarial a également conduit à des changements dans la gestion des entreprises, les actionnaires devenant les principaux décideurs. Les PDG et les cadres dirigeants ont cherché à maximiser les profits à court terme, en sacrifiant souvent les investissements à long terme, tels que la recherche et le développement ou la formation. Cette tendance a également favorisé la financiarisation de l’économie, avec le développement des marchés financiers et l’importance croissante de la gestion de portefeuille.

Le marché du travail a été affecté par cette évolution. Le passage au welfare state a conduit à l’adoption d’une nouvelle idée de chômage volontaire, et les réductions des aides sociales ont été fortement contestées par les syndicats. La libéralisation financière et commerciale a conduit à une concurrence accrue sur les marchés du travail, et les entreprises ont cherché à réduire les coûts salariaux pour rester compétitives. Les syndicats ont été confrontés à des défis croissants pour défendre les droits des travailleurs, en particulier dans les secteurs en déclin.

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