Concurrence ou monopole

SES : concurrence ou monopole, faut-il choisir ?

À lire dans cet article :

Dans cet article, nous faisons le point avec toi sur la notion de concurrence, élément très important de ton programme de SES (sciences économiques et sociales) de première et de terminale. N’hésite pas à prendre quelques notes.

Cette question revient avec insistance depuis 2018, lorsque la Commission européenne a refusé la fusion des deux géants ALSTOM et SIEMENS. Ce refus s’inscrit dans la volonté de préserver un esprit de compétition entre les firmes et d’éviter toute forme de situation monopolistique. Pour autant, des monopoles semblent parfois nécessaires notamment quant à la question de la gestion des ressources.

Définissons maintenant la notion de monopole. Tu dois retenir cette définition très simple : un unique producteur face à une multitude de demandeurs/consommateurs caractérise le monopole.

Les monopoles entravent-ils la concurrence ?

Si tu te réfères à une analyse classique du marché, la réponse est affirmative dans la mesure où les 5 règles de la concurrence pure et parfaite ne sont pas respectées. En effet, l’entreprise devient un price maker et fixe ses prix à la hausse. Tu peux illustrer cet exemple avec la condamnation de Microsoft en 2007 pour abus de position dominante. En outre, face à la présence d’un monopole, le consommateur n’aura d’autres choix que de payer le prix imposé.

En situation de monopole, la concurrence est affaiblie par le frein à l’innovation qu’elle impose.  Le monopole se trouve en situation de rente au lieu d’une situation concurrentielle qui pousserait à l’innovation. À cet égard, tu peux user de la notion de monopole intellectuel qui retarde l’innovation. L’ouvrage de Boldrin & Levine (Contre les monopoles intellectuels (2005) met en lumière que les brevets sur la machine à vapeur de Watt avaient freiné l’innovation pendant près de 25 ans.

Enfin, en se trouvant en situation de monopole, les entreprises se retrouvent souvent en position de force par rapport aux États. C’est l’exemple des GAFAM. Dès lors, ces « géants » pèsent et rendent compliqué l’action publique et le développement. C’est ce que l’on appelle le piège de la rente. Tu peux développer cette notion avec les pays pétroliers au Moyen-Orient.

Certains monopoles ne sont-ils cependant pas acceptables ?

Cette question revient en fait à se demander si la loi du marché est fiable et couvre l’optimalité. Comme tu le sais, il est très souvent souhaitable de dépasser cette analyse et le débat autour des monopoles n’y fait pas exception.

D’abord, la situation de monopole favorise l’épargne. Cet excès peut donner alors lieu à des investissements en R&D. NVIDIA par exemple, leader sur le marché des composants d’ordinateurs, réinvestit ses bénéfices dans la R&D autour de ses produits afin de pouvoir maximiser la qualité de son produit et continuer ainsi à asseoir sa position de monopole. Lorsque la hausse de la production d’un bien permet de bénéficier d’économies d’échelle, l’existence d’un monopole peut être une situation optimale. En effet, une seule firme est capable de fournir un bien ou un service à un coût de production inférieure à celui de deux ou plusieurs firmes. Le coût moyen ne cesse de diminuer, car le coût marginal est décroissant. L’insertion dans le marché d’une nouvelle firme réduirait l’impact des économies d’échelle dans la production du produit et les consommateurs verraient les prix augmenter et leur pouvoir d’achat s’éroder.

Le monopole peut également se mettre au service de la cohésion sociale. L’État peut également construire des monopoles par le biais de barrières réglementaires lorsqu’il juge qu’il est dans l’intérêt de la société qu’un nombre restreint de firmes se voit garantir le droit exclusif de produire ou de vendre un bien. Ainsi, les services publics sont assurés par l’État ou par des entreprises privées soumises à un cahier des charges lorsqu’il s’agit de la prestation de services utiles aux administrés et contribuant à la cohésion sociale.

À titre d’exemple, EDF a longtemps bénéficié de l’octroi d’un monopole par l’État avec l’obligation de faire payer chaque consommateur le même prix. C’est le principe d’égalité.

Comment savoir si le monopole est souhaitable ou ne l’est pas ?

Certains marchés monopolistiques sont également justifiés par le fait qu’il n’y a pas de barrières à l’entrée. Baumol explique qu’un monopole sur un marché contestable n’est pas nocif. En effet, celui-ci est obligé de vendre la quantité qui égalise son coût marginal de production et le prix sans quoi le surprofit qu’il réalise va attirer de nouveaux concurrents qui vont mettre à mal la firme. Dès lors, pour répondre à la question de l’acceptabilité, il faut distinguer situation de monopole naturel et abus de position dominante.

Sur un sujet qui évoque la concurrence, il est important que tu sois précis sur le vocabulaire. La réponse à la question se trouve dans l’acceptabilité du monopole. Tu l’auras compris, l’analyse classique rejette l’idée de monopole quelle que soit la forme alors que certaines situations en exigent. Dans tous les cas, il faudra insister sur l’importance des institutions pour réglementer les monopoles existants.

Si tu souhaites aller plus loin, nous te conseillons de jeter un petit coup d’œil aux ouvrages suivants :

  • Combe, La concurrence,
  • 10 idées qui coulent la France (2013) de Thesmar et Landier,
  • Competition and innovation : an inverted U relationship (édition 2006) de Aghion et Howitt.

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