Chine : conquête de l’espace, mers, océans

HGGSP : la Chine à la conquête de l’espace, des mers et des océans

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Dans cet article nous faisons le point avec toi sur la Chine à la conquête de l’espace, des mers et des océans. De quoi nourrir tes copies de spécialité HGGSP.

L’espace (le milieu situé au-delà de l’atmosphère terrestre et dans lequel évoluent les corps célestes) et l’espace maritime (mers et océans, ou les étendues d’eau salée en communication libre et naturelle) constituent deux dimensions de la politique de défense chinoise (avec l’armée de terre et le cyberespace). Ils servent trois objectifs principaux : le développement économique et social du pays, la défense nationale et la compétition entre les grandes puissances, ce pilier étant devenu primordial ces dernières années par la rivalité croissante avec les États-Unis.

Les ambitions de la Chine

La volonté croissante de la Chine de contrôle des espaces maritimes sert toujours son développement économique. D’une part, ce contrôle assure celui des routes commerciales, primordiales pour la Chine, dont l’essor économique depuis les années 1980 a jusqu’ici avant tout reposé sur ses exportations dans le monde entier, d’où le surnom d’« atelier du monde ». D’autre part, il permet, en étendant la ZEE (Zone Economique Exclusive, en théorie jusqu’à 200 miles marins au-delà des côtes) de bénéficier de ressources stratégiques pour le développement et la souveraineté, notamment par les hydrocarbures off-shore (au-delà des rives) et des ressources halieutiques (pêche).

On peut ensuite distinguer la pression maritime croissante de la Chine en deux espaces : la mer de Chine (méridionale et orientale) et l’Océan Indien. Les deux servent le premier pilier de la politique de défense chinoise, mais le contrôle en mer de Chine a également vocation à assurer la défense nationale, alors que celui dans l’Océan Indien concerne plus la compétition entre les grandes puissances.

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La Chine à la conquête des mars et des océans

En mer de Chine méridionale, l’ambition de la Chine est de recouvrir la ligne à 9 traits, volonté du parti du Kuomintang jusqu’en 1947 (on parle aujourd’hui de 10 traits en incluant Taiwan). Cette zone sur laquelle la Chine entend affirmer sa souveraineté forme une « langue de bœuf » et s’étend très loin de la Chine, jusqu’au Vietnam, à l’Indonésie et les Philippines. Trois territoires sont ainsi au centre de tensions particulières. Les îles Paracel avec le Vietnam, Spratleys avec Brunei, Taiwan la Malaisie, les Philippines et le Vietnam, et l’atoll de Scarborough avec les Philippines.

Lieux d’affrontements réguliers, ces îlots font l’objet d’une stratégie de poldérisation de la part de la Chine, qui pratique la politique du fait accompli. Celle-ci consiste en une artificialisation de ces îlots à la fois pour étendre sa ZEE et pour en faire des points d’appui pour la projection des forces militaires chinoises. Au-delà de l’affirmation régionale, la volonté de contrôle de la mer de Chine a pour objectif de faire reculer les USA, très présents dans la région par leur flotte, en vue de garantir sa sécurité et d’annexer Taiwan pour reformer « Une seule Chine » avant le centenaire de la République Populaire de Chine (RPC) en 2049.

La volonté d’affirmation dans l’Océan indien sert avant tout la volonté de la Chine de devenir la première puissance mondiale. Pour dépasser les États-Unis, la Chine mise sur une stratégie de contournement selon le sinologue Jean-Pierre Cabestan, la contestation de la puissance américaine ne passant pas par une confrontation directe. Les États-Unis étant omniprésents dans l’espace pacifique, la Chine mise elle sur l’Océan indien, par lequel passeront les nouvelles routes de la soie, au centre de la stratégie de développement de la Chine pour le XXIe siècle.

Pour mener à bien ses ambitions maritimes, la Chine dispose de la 2ème flotte mondiale (1,2 millions de tonne, derrière les 3 millions de celle américaine) avec 250 000 marins, 58 sous-marins, 50 frégates et 27 destroyers en 2019. La montée en puissance est à la fois quantitative et qualitative, la Chine disposant de deux porte-avions, signes de la puissance par excellence (étant décisifs pour la capacité de projection, soit intervenir militairement hors de ses frontières).

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La Chine à la conquête de l’espace

L’espace est de plus en plus perçu comme une continuation de l’espace maritime pour le déploiement de la puissance. La politique spatiale de la Chine est relativement ancienne, date des années 1950 avec Mao. Mais la Révolution culturelle (1966-1976) a entraîné une désorganisation des équipes technologiques et scientifiques. C’est dans les années 1980 sous Deng Xiaoping que le programme spatial chinois est relancé, bénéficiant de budgets bien plus conséquents. Comme la politique maritime, la politique spatiale sert d’abord le développement économique et social de la Chine, avec des retombées directes : observation de la terre, développement des télécommunications, de la télévision publique, de la météo… Mais il sert également les deux autres piliers : la défense nationale et la compétition entre les grandes puissances, notamment les États-Unis, les réalisations dans l’espace permettant de montrer la grandeur d’une puissance.

L’essor spatial de la Chine a fait l’objet de nombreux freins imposés par les États-Unis, pour qui l’espace a longtemps été une « chasse-gardée ». Ainsi, à la demande des États-Unis, la Chine ne peut pas envoyer de taïkonautes (astronautes chinois) sur l’ISS (la station spatiale internationale), les États-Unis craignant que la Chine s’accapare les processus de fabrications du matériel spatial de pointe américain (on parle de fuite de savoir-faire et de technologies).

Ce frein américain à la politique spatial de la Chine a obligé celle-ci à se débrouiller en grande partie seule (avec la coopération de la Russie toutefois). La Chine est aujourd’hui de plus en ambitieuse en matière spatiale : après l’envoi d’un robot sur Mars en mai 2021, la station spatiale chinoise (CSS) devrait être opérationnelle d’ici la fin de la l’année 2022.

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Les risques géopolitiques et multiscalaires

Cet essor des puissances maritime et spatial de la Chine engendre de nombreux risques géopolitiques, à plusieurs échelles. D’abord à l’échelle régionale, par l’accroissement des tensions en mer de Chine méridionale. Depuis 2021, le Vietnam est en train de bâtir une milice militaire de 70 000 hommes pour récupérer les îles Spratleys et Paracel.

À l’échelle mondiale, la Russie, bien que souvent alliée à la Chine (tous deux sont membres de l’OCS, l’Organisation de Coopération de Shanghai créée en 2001, dans le but de renforcer la coopération pour « lutter contre le terrorisme »), voit se déployer une puissance bien plus forte à ses frontières. L’Inde a elle une position de « défiance » vis-à-vis de la Chine. D’où une probable rivalité accrue dans l’Océan Indien avec le déploiement des nouvelles routes de la soie. L’Europe prend elle aussi ses distances avec la Chine, après avoir longtemps accueilli à bras ouverts ses investissements. L’Union européenne a désigné la Chine comme « concurrent stratégique », bien que certains pays comme la Hongrie continuent à être très favorables aux investissements chinois dans le cadre des nouvelles routes de la soie.

Surtout, la Chine ambitionne de dépasser les États-Unis en tant que première puissance mondiale (économiquement, militairement, diplomatiquement notamment) avant le centenaire de la RPC en 2049(créée le 1 octobre 1949). D’où des tensions grandissantes en mer de Chine méridionale (notamment avec la possible tentative d’annexion de Taiwan de la part de Chine, alors que les États-Unis sont censés intervenir si Taiwan est attaqué), dans l’Océan Indien et dans l’espace. En effet, la station spatiale internationale, administrée selon des traités internationaux négociés, arrive en fin de vie dans les prochaines années. La station spatiale chinoise, elle uniquement contrôlée par la Chine, pourrait ainsi servir à la Chine « de levier diplomatique sur d’autres dossiers politiques, économiques, qui n’ont rien à voir avec l’espace. » selon Marc Julienne, chercheur à l’IFRI (Institut Français des Relations Internationales).

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