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HGGSP : le soft power français

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Sais-tu ce qu’est le soft power français ? Dans cet article nous faisons le point avec toi sur cette notion. Qu’est-ce que le soft power français ? Est-il puissant ? Quelles sont ses limites ? De quoi briller devant tes professeurs et dans tes copies.

Qu’est-ce que le soft power français ?

Joseph Nye, analyste et théoricien des relations internationales américain, définit le soft power comme la capacité d’« obtenir des autres qu’ils veuillent la même chose que vous ». Ainsi, le soft power est une forme de puissance qui passe par la séduction (en utilisant la culture, les valeurs, les institutions de son pays) et non la guerre ou l’économie, contrairement au hard power. Le soft power ne s’oppose pas au hard power, mais le complète : l’arme nucléaire (guerre), le dollar (économie) et les films d’Hollywood renforcent tous à la fois la puissance des États-Unis. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et l’avènement de la société de consommation, le soft power a pris de plus en plus de place dans la puissance, comme le relève Nye : « le pouvoir doux (soft power) a autant d’importance que le pouvoir autoritaire (hard power). Si un État est capable de légitimer son pouvoir aux yeux des autres, il rencontrera moins de résistance pour les faire plier à ses yeux. »

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Le soft power français déclinant ?

Historiquement, le soft power français était particulièrement important, son rayonnement parmi les élites des autres puissances était majeur. Au XVIIe, c’était le grand siècle de la puissance française, avec l’image de Louis XIV, le « Roi Soleil » et le château de Versailles. Puis vient le siècle des Lumières au XVIIIe, qui débouche sur la Révolution Française et ses valeurs « liberté, égalité, fraternité », attachées à la France. Le français est alors la langue des élites mondiales, y compris chez les puissances rivales, comme dans la Russie de l’empereur Alexandre, opposée à la France de Napoléon au début du siècle. Au XIXe et début XXe, la France est le principal pays où se rencontrent les artistes du monde entier, en littérature (Hugo, Dumas), en musique (Ravel, Debussy), en sculpture (Rodin), en peinture (Monet, Manet, Picasso) et également en philosophie (Sartre, Camus). Le cinéma est inventé à Lyon par les frères Lumière.

Après la seconde guerre mondiale s’opère un basculement du rayonnement culturel vers les États-Unis : la diffusion de l’American Way of life accompagne celui de la société de consommation (avec Coca-Cola, Hollywood, McDonalds, Nike ou encore la NBA). L’image de la France n’est désormais plus celle qui attire le plus à l’international. Néanmoins, la France conserve une image positive, « à part ». D’abord, son rayonnement passé fait que les artistes français restent des références internationales et que certains événements mondiaux ont lieu en France (festival de Cannes pour le cinéma, d’Avignon pour le théâtre). De plus, ses paysages extrêmement variés (montagnes des Alpes, marais vendéens, côte de granit rose en Bretagne, Mont Saint-Michel, Côte d’Azur…), son remarquable patrimoine architectural et urbain ainsi que son art de vivre (le luxe est souvent rattaché à la France) en font la première destination touristique mondiale (en nombre de nuits), avec 81 millions de visiteurs par an, dont 18 millions rien que pour Paris. La France a également promu la politique d’exception culturelle à l’échelle mondiale, ce qui lui permet de ne pas considérer la culture comme un secteur économique « classique », devant être soumis à la libre concurrence. L’État français peut donc financer son industrie culturelle, notamment le cinéma français, un des rare à s’exporter à l’étranger (outre le cinéma américain).

Enfin, la France reste le « pays de la Déclaration des Droits de l’Homme », les valeurs politiques d’universalité, de liberté, d’égalité et de fraternité qui lui sont rattachées en ont longtemps fait une destination privilégiée des réfugiés politiques. Mais la réticence de la France à les accueillir depuis la crise des migrants en Europe en 2015 menace cette image d’idéal politique.

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La francophonie, un levier de puissance incertain pour la France au XXIe siècle

La langue est un élément clé du soft power : un langage commun favorise les échanges culturels, économiques, diplomatiques. Par héritage colonial, le français est aujourd’hui la neuvième langue la plus parlée dans le monde, avec environ 120 millions de locuteurs natifs et 100 à 150 millions de locuteurs partiels, notamment en Afrique (où le français est souvent la langue officielle des anciennes colonies, mais pas la langue vernaculaire utilisée au quotidien par la majorité de la population, pour qui les dialectes locaux restent dominants). Par le développement démographique de l’Afrique au XXIe siècle, le français pourrait atteindre 750 millions de locuteurs au total en 2050. Or, le continent africain est amené à se développer démographiquement, mais surtout économiquement, ce qui génère de nombreuses perspectives de coopérations culturelles, économiques voire politiques pouvant renforcer la puissance française. Par ailleurs, le français est véhiculé dans le monde entier à travers un important réseau d’écoles et de lycées français, qui scolarisent les enfants d’expatriés de nombreux pays. Cependant, ce renforcement de la puissance française par la langue est loin d’être acquis, alors que le français a perdu le statut prestigieux de langue des élites occidentales, bien qu’il reste langue diplomatique. En effet, le français doit partout faire face à la concurrence de l’anglais et peut-être du chinois dans les prochaines décennies en Afrique, où la Chine investit massivement. Au bout du compte, le développement de l’usage du français dépendra de sa capacité à offrir à ses locuteurs des perspectives économiques, ce qui suppose l’implication de la France dans le développement des pays du Sud francophones.

En définitive, si le soft power français a largement perdu sa place de leader mondial au profit des États-Unis, il demeure « à part » parmi les « grandes puissances moyennes » (telles que l’Angleterre, l’Allemagne, qui misent plus sur l’économie pour développer leur puissance). De nouvelles perspectives sont ouvertes par le possible développement de l’usage du français au XXIe siècle, mais ce dernier n’est pas assuré. Un autre levier pourrait être de développer une image positive en participant activement à la construction européenne. Enfin, le soft power se construit, mais n’est jamais totalement acquis : les discours xénophobes remettent en cause l’image d’une France « terre d’accueil des réfugiés » et patrie de la liberté.

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