HGGSP corrigé sujet bac 2022

Bac 2022 : corrigé du sujet d’HGGSP

À lire dans cet article :

Mercredi 11 mai 2022 a marqué pour plus de 500 000 élèves de terminale le début des épreuves de spécialité du baccalauréat 2022. Lors de cette session, vous avez été très nombreux à composer en HGGSP (Histoire Géographie Géopolitique Sciences Politiques). Nous partageons donc avec toi une proposition de corrigé pour cette épreuve de spécialité HGGSP.

Comment se passe l’épreuve de spécialité HGGSP ?

L’épreuve de spécialité dure 4 heures, ce qui peut te paraître très long à première vue, mais détrompe-toi, une fois que tu as la tête dans ta copie, le temps peut passer très vite.

Lors de ces 4 heures, tu devras plancher sur 2 exercices, notés chacun sur 10 points :

  • La dissertation : avec une introduction, un développement et une conclusion.
  • Une étude critique de document(s) : avec une introduction, une problématique, plusieurs paragraphes et une conclusion.

Le sujet de l’épreuve de spécialité HGGSP du bac 2022

 Les corrigés des sujets d’HGGSP du bac 2022

Corrigé du sujet 1 de dissertation d’HGGSP du bac 2022

Sujet de dissertation d’HGGSP 1 : La conquête de l’espace depuis 1957 : rivalités et coopérations.

Avec une date qui ne cesse de se retarder, faire la prouesse d’un voyage sur la planète Mars est la préoccupation première de l’entreprise Space X d’Elon Musk, notamment dans l’idée d’y proposer des voyages touristiques voire d’y vivre. L’enjeu purement capitaliste de l’espace est bien récent, celui-ci étant resté pendant longtemps uniquement réservé aux astronautes au service des gouvernements.

Une « conquête » est une forme de mainmise, d’appropriation d’un territoire par l’Homme souvent dans un but d’exhibition de sa puissance, dans ce cas précis un territoire bien spécial puisqu’il s’agit de l’espace au sens astronomique du terme, c’est-à-dire tout ce qui est en delà de l’atmosphère terrestre, le cosmos, qui comprend donc les étoiles, le soleil, les planètes et toute la Voie lactée. Le terme « depuis » induit qu’il est nécessaire d’étudier la question à partir de cette période donnée et jusqu’à aujourd’hui. « Rivalités » et « coopérations » sont presque antonyme : l’un signifiant des hostilités et tensions entre deux ou plusieurs parties adverses dans un contexte de compétition, tandis que l’autre signifie un climat d’entraide en vue d’un but commun. Le terme « et » amène à étudier et articuler les deux notions ensemble. La date de 1957 est tout à fait significative car elle correspond précisément à l’année du lancement du satellite soviétique Spoutnik, premier satellite au monde à être envoyé en orbite : les États-Unis ne sont pas au niveau. Cette date, de même que ce thème de l’espace, se situent au cœur de la guerre froide, période d’étouffantes  tensions qui opposent ces deux puissances mondiales sans que l’une ne puisse anéantir l’autre, d’où l’objectif d’exhiber fièrement ses prouesses technologiques pour constituer une menace latente de dissuasion envers l’autre. Dès lors, l’espace est le terrain d’affrontement indirect parfait, seul territoire encore jamais conquis par l’Homme et qui représente un imaginaire lointain et futuriste dans l’idée collective : qui conquiert l’espace paraît invincible sur Terre, car qui est capable de conquérir l’espace est capable de tirs à des portées considérables, notamment de missiles nucléaires. C’est une façon de faire montre du rayonnement de sa puissance, et une stratégie de dissuasion d’attaquer. Cette compétition appelée « course à l’espace » a connu des avancées d’un rythme effréné durant 20 ans, enchaînant les innovations réussies, puis une fois l’objectif suprême de marcher sur la lune atteint, les États-Unis ayant définitivement vaincu l’URSS, le rythme et les budgets de la conquête se sont amoindris. Après cette période, la compétition s’est calmée mais sans connaître pour autant de franches coopérations car la concurrence des puissances persiste jusqu’à la fin de la guerre froide. La conquête de l’espace s’étend indéniablement jusqu’à aujourd’hui, puisqu’aujourd’hui la principale préoccupation est celle de la conquête de Mars, mais peut-on aujourd’hui parler de coopération à la conquête de l’espace ou le sentiment nationaliste pour le rayonnement de la puissance de chaque pays en lice ne garde-t-il pas le dessus ?

Ainsi, nous nous demanderons comment a évolué l’appréhension de l’espace et les enjeux de la conquête spatiale par les différentes puissances mondiales depuis 1957 : terrain géopolitique des gouvernements nationalistes ou terrain d’avancées technologiques au service de la population en coopérations ?

I – la course à l’espace du fait de la rivalité bipolaire des puissances américaines et soviétiques de 1957 à 1969 : un tremplin pour les exploits spatiaux.

II – le New Space : l’espace n’est plus seulement une exhibition de sa puissance mais s’oriente vers des enjeux utiles pour le progrès technologique sur Terre depuis 1970 pour les rares nations qui ont le privilège d’entrer dans ce cercle fermé.

III – Vers une démocratisation de l’accès à l’espace et des coopérations d’études : de conquête à colonisation de l’espace ?

I – Dès le début de la guerre froide à la fin des années 1940, le monde se bipolarise avec le bloc de l’Ouest, les Américains, et le bloc de l’Est, les Soviétiques. La course à l’espace à proprement parlé concerne ces deux puissances et débute à partir de 1957, soit quand les premiers lancers dans l’espace sont réalisés. Si l’URSS garde le lead de cette course et monopolise le prestige spatial jusqu’en 1966 en ridiculisant les États-Unis, ces derniers remontent en flèche dès cette date jusqu’en 1969 avec le premier Homme sur la Lune qui marque la fin de cette course.

 Dans le contexte de rivalités des deux puissances de la guerre froide, l’espace est un outil majeur de propagande pour faire montre de son prestige, du niveau de puissance de sa nation : l’enjeu de la conquête de l’espace est alors pleinement politique, diplomatique et en lien avec la course à l’armement. C’est l’URSS qui lance le top départ de la course en 1957, pour garder la première tête encore une dizaine d’années. Cette force déployée par les Soviétiques s’explique par leur retard par rapport aux États-Unis quant à la possession de l’arme nucléaire, car la recherche spatiale vise à mettre au point des tirs à très longue portée, d’abord pour des satellites ou fusées mais qui pourrait servir aussi pour envoyer un missile nucléaire. C’est quand l’URSS performe l’énorme prouesse inattendue de lancer un satellite artificiel, Spoutnik, en orbite autour de la Terre en 1957 que commence le duel de la course à l’espace : les États-Unis étant non seulement piqués d’une telle avance mais souhaitant surtout surveiller de très près, grâce à leur propre satellite, l’URSS qui accumule les essais nucléaires pour s’assurer qu’ils respectent les accords sur la limitation des armements.

Mais loin de rétablir le niveau rapidement, les États-Unis font face à une URSS qui parvient toujours à être première dans les prouesses en mettant au point de nouveaux exploits plus rapidement que les États-Unis, se réjouissant du spectacle de la démonstration de force imposé à ces derniers. Cependant, les États-Unis les talonnent à chaque fois : c’est un an après l’URSS que les États-Unis envoient leur premier satellite en orbite, l’URSS envoie par deux fois des animaux en orbite en 1960 et c’est six mois plus tard que les États-Unis envoient un chimpanzé, et surtout c’est en 1961 que Youri Gagarine, soviétique, devient le premier homme à faire un vol orbital, le prestige spatial de l’URSS est alors à son apogée, là où les États-Unis ont un an de retard en envoyant John Glenn en 1962. Les dernières prouesses où l’URSS humilie une dernière fois les États-Unis sont celles de la première sortie extravéhiculaire d’un homme en 1965 et de l’alunissage réussi d’une sonde en 1966.

En revanche, après 10 ans de monopole du prestige spatial pour l’URSS, les États-Unis produisent des succès de plus en plus remarqués, notamment avec la mise au point d’un nouveau port lunaire à Canaveral, dans l’optique clairement établie par J.F Kennedy d’atteindre la Lune, objectif suprême de la course à l’espace. C’est alors le triomphe de la mission Apollo 8 en 1968, qui est le premier vaisseau avec équipage à quitter l’orbite terrestre pour atteindre l’orbite de la lune et en revenir, grâce à la technologie des fusées Saturn. Enfin, le prestige spatial des États-Unis atteint son apogée le 20 juillet 1969 avec la célébrissime mission Apollo 11, où les premiers Hommes marchent sur la Lune et notamment Neil Armstrong, qui prononça une phrase restée culte « c’est un petit pas pour l’homme et un grand pas pour l’humanité ». Il s’agit d’un des plus grands évènements médiatiques jamais connus : on a en tête l’image de toutes les familles américaines et occidentales devant leur poste de télévision pour assister aux images et fêter la louange d’un tel exploit, qui ne sera jamais réitéré, même chez les Soviétiques. C’est l’aboutissement de la course à l’espace, rien ne pourra dépasser l’alunissage d’un équipage : les Américains finalement en ressortent glorieux et avec un soft power très renforcé.

II – Dès les années 1970, la conquête de l’espace continue mais change de visage : de nouveaux enjeux, et nouveaux acteurs s’ajoutent aux premiers. Les enjeux ne sont plus à majorité politique et militaire mais dorénavant également technologiques et scientifiques, ce qui amène à des coopérations, notamment dès la fin de la guerre froide en 1991.

Tout d’abord, la conquête spatiale compte à partir de 1970 de nouveaux acteurs, comme la France et le lancement de son satellite dès 1965, le Japon et Chine en 1970, le Royaume-Uni en 1971 et l’Inde en 1980. Si les moyens financiers étaient quasiment illimités entre 1957 et 1969, le budget s’est réduit par la suite. Ces puissances restent, avec les États-Unis et la Russie, les plus actives dans la conquête spatiale. Des prémices de coopération entre l’URSS et les États-Unis s’organisent étonnamment dès 1975, dans un moment d’apaisement des frictions diplomatiques. C’est ainsi qu’en 1975, la navette soviétique Soyouz et la navette américain Apollo ont fait la prouesse d’un amarrage dans l’espace… mais il s’agira du seul mouvement de coopération entre eux avant la fin de la guerre froide, Ronald Reagan dans les années 1980 lançant le programme « guerre des étoiles » qui vise à la surveillance anti-missile extrême grâce aux satellites.

Cependant, dès la fin de la guerre froide en 1991, de nouvelles coopérations entre différents acteurs sont conclues. On voit le point central et décisif de la coopération internationale dans la conquête spatiale lorsque les Etats-Unis cherchent des partenaires pour venir à bout du projet d’une ISS, Station Spatiale Internationale, initié dès 1988 : aux Etats-Unis et à la NASA s’allient alors la Russie avec son agence Roscosmos, le Japon avec JAXA, le Canada avec ASC et l’Europe avec l’ESA (Agence Spatiale Européenne), puis ratifié par 15 pays en 1998 qui signent l’IGA, l’Accord Intergouvernemental de la Station Spatiale. Très récemment, par exemple, le célèbre astronaute français Thomas Pesquet est resté 6 mois dans l’ISS aux côtés de trois Américains, deux Russes et un Japonais.

Enfin, les enjeux sont bien plus modernes après 1970. Même si les objectifs d’atteindre dorénavant Mars, et de surveiller mutuellement le respect de la limitation d’armement nucléaire restent importants, comme ce fut le cas en Iran y a quelques années par le Président Donald Trump, des objectifs plus technologiques au service de l’armée et de la population sont poursuivis. Ainsi, la connexion d’une trentaine de satellites ont permis aux Américains de créer le GPS (Global Positionning System), fonctionnel dans les années 1980, dans un premier temps à destination des Armées pour coordonner leurs opérations de terrain et suivre la position de chacun en temps réel. Mais dès les années 2000, le GPS a été mis au service des civils et est aujourd’hui une des applications les plus utilisées dans la vie quotidienne. Les Européens travaillent actuellement à mettre au point en 2024 leur propre GPS, Galileo, basé sur une cinquantaine de satellites ; les Russes ont GLONASS et les Chinois ont Beidou. Au-delà du GPS, la conquête de l’espace sert également la technologie des télécommunications, l’étude et la prévention des phénomènes météorologiques ou encore l’aménagement du territoire par la cartographie.

III – La privatisation de la conquête spatiale et les puissances montantes du XXIème siècle : l’espace reste une façon d’étendre son soft power, et de nouveaux enjeux économiques émergent.

Avant tout, la Chine et l’Inde sont de nouvelles puissances montantes de la conquête spatiale. Le budget spatial chinois est tout à fait mirobolant : « 20 milliards de dollars » selon la chercheuse Isabelle Sourbès-Verger dans son ouvrage Un empire très céleste : la Chine à la conquête de l’espace. La Chine essaie, et avec du résultat, de rattraper son retard sur les autres puissances : ainsi, les États-Unis possèdent 50% des satellites en orbite, la Chine 15%, l’Union Européenne 12% alors que la Russie plus que 8%. On comprend alors l’intérêt pour la Russie de chercher à coopérer sur la recherche spatiale avec la Chine : un projet de coopération sino-russe a été signé en 2021, peut-être est-ce les premiers pas vers une conquête spatiale qui rivaliserait avec l’américaine. En effet, on peut le considérer car les Chinois ont vraiment des projets spatiaux pharaoniques, de sorte à la première puissance spatiale du monde devenir en 2045 selon Xi Jinping : après la prouesse d’avoir posé récemment un module sur la face cachée de la Lune encore jamais explorée, une ISS chinoise est en cours de fabrication – car toujours refusés de l’ISS américaine – , une base lunaire en 2030, et une centrale solaire spatiale pour exploiter au mieux l’énergie du soleil, et ramener des échantillons de la planète Mars. Le déploiement d’un drapeau Chinois sur la Lune en 2020 prouve que la conquête spatiale est une façon pour la Chine d’affirmer sa puissance face aux autres et de renforcer son soft power.

Ensuite, le secteur spatial connaît une privatisation exponentielle. Si ArianeSpace, société française qui commercialise des lanceurs de fusées notamment, existe depuis 1980, les acteurs privés qui s’impliquent dans la conquête spatiale sont de plus en plus prospères et nombreux depuis deux décennies. On peut citer en particulier l’entreprise United Lauch Alliance fondée en 2006, ainsi que l’entreprise Space X, fondée en 2002 par Elon Musk, qui prend à cœur spécifiquement l’objectif d’explorer Mars. On le constate par la mise en service de son vaisseau Starship qui sert le programme Artemis qui prévoit de créer une liaison régulière entre la Terre et la Lune dans l’optique de préparer les missions avec équipage sur Mars.

Cependant, les acteurs évoluent mais les enjeux également : l’enjeu économique devient presque principal pour les acteurs privés puisque le profit est alors nécessaire à la perpétuation de leur entreprise. C’est ainsi qu’Elon Musk projette déjà de proposer des voyages touristiques dans l’espace ou même directement sur Mars, probablement à plusieurs millions de dollars et réservés aux plus riches au début. Pour l’instant de nombreux obstacles de carburant, d’atmosphère martienne et d’alignement des astres empêchent la manipulation mais ils pourraient bien être contournés dans les prochaines décennies. L’idée même de considérer Mars comme une planète de secours lorsque le réchauffement climatique aura rendu la nôtre invivable a été évoquée par Elon Musk : il n’est ici plus question de conquête de l’espace mais de colonisation en y élisant domicile directement.

En conclusion, l’espace est resté un terrain géopolitique aux enjeux diplomatiques majeurs qui permet de faire démonstration de sa puissance depuis la guerre froide avec la course à l’espace entre les États-Unis et l’Union Soviétique et jusqu’à aujourd’hui avec la Chine. L’Europe, quant à elle, reste plutôt une puissance spatiale silencieuse. La fierté nationaliste n’a cependant pas parasité une certaine marche vers la coopération internationale à partir de la fin de la guerre froide, notamment avec la Station Spatiale Internationale. A cette occasion, des objectifs d’avancée technologique et scientifique se sont développés : la conquête spatiale a pu se mettre au service du savoir, de l’armée et de la population.

Néanmoins, on assiste à une démocratisation presque alarmante de l’accès à l’espace avec l’accumulation non seulement d’acteurs privés mais aussi de lancements de satellites par de plus en plus de pays : 2000 satellites en orbite aujourd’hui pour 62 pays. Cela accentue le phénomène toujours plus préoccupant de la pollution spatiale : 3000 satellites hors d’usage, parce qu’on prend le temps de les lancer dans l’espace mais pas de les en ramener, et des millions de nuages de débris qui ne cessent de se multiplier car entrant en collision entre eux et qui risquent de mettre fin à la possibilité de l’exploration spatiale, le passage devenant trop dangereux.

Corrigé du sujet 2 de dissertation d’HGGSP du bac 2022

Sujet de dissertation 2 : Les États-Unis et l’environnement à différentes échelles

Le corrigé de ce sujet de dissertation arrivera très prochainement. Nos équipes sont actuellement en train de plancher dessus pour te fournir un super corrigé ! 

Lire aussi : L’épreuve de spécialité HGGSP au bac : déroulé et objectifs

Le corrigé du sujet d’étude de documents – HGGSP Bac 2022

Le premier document est une estampe de Johan Lorenz Rugendas intitulée « La Grande Bataille d’Austerlitz » du début du XIXème siècle et qui dépeint, comme son titre l’indique, le champ de bataille à Austerlitz en Tchéquie en 1805, menée par Napoléon Bonaparte, empereur des Français, contre les Coalisés, à savoir l’Empire Russe et l’Empire d’Autriche, dont la victoire par Napoléon fut décisive pour son avancée. Cette estampe est donc à la gloire de l’empereur, et a probablement pour but de renseigner le peuple français sur le déroulement de cette bataille mythique. Le deuxième document quant à lui est un extrait d’interview du commandant des forces spéciales américaines Stanley McChrystal en 2011 à destination de la revue Foreign Policy et repris par le journaliste Jeremy Scahill, Dirty Wars, en 2014. Il traite du sujet du djihad, mené en Irak dans les années 2000 par Al-Qaïda, une communauté islamiste et terroriste, qui auraient convaincu les États-Unis d’intervenir sur place pour éradiquer cette menace. Le discours au passé montre qu’il est à destination du peuple américain qui a besoin de justifications sur cette guerre dorénavant révolue, mais préventive et si lointaine. Il transparaît ici la doctrine d’enlargement des États-Unis lancée par Bill Clinton pour instaurer la démocratie partout dans le monde en se faisant les gendarmes du monde.

Il est évident que la confrontation de ces deux documents nous amène à nous demander : en quoi existe-il une opposition sans nuance entre une bataille au sein d’une guerre impérialiste traditionnelle et le djihad apparenté à une guerre civile menée par des moudjahidines ?

I – Pour montrer les différences fondamentales qui résident dans les deux types de guerres, il s’agira tout d’abord d’étudier les personnes impliquées dans le combat ainsi que l’organisation hiérarchique au combat, qui diffèrent amplement.

II – Puis il sera nécessaire de s’intéresser aux deux types de guerres par le prisme de l’espace-temps : ce qui induit des différences de procédés, de moyens logistiques, de lieux et de méthodes de combat.

I – Premièrement, les deux sortes de combat s’opposent par la vision complètement différente entre les deux de ce qu’est une guerre. Il faut souligner que les institutions engagées au combat sont par elles-mêmes bien différentes : Napoléon était suivi de l’armée de l’Empire français qui était une institution officielle avec ses codes, ses mobilisations ordonnées directement par l’État, de même que les armées de la Coalition étaient étatiques, dans ce cas précis les combattants, plus ou moins gradés, habillés d’un uniforme qui leur est propre, sont donc des soldats militaires, que l’on perçoit sur l’estampe (doc 1). À l’inverse, les combattants en Irak font partie d’une organisation islamiste « AQI (Al-Quaïda en Irak) » (ligne 3, doc 2) qui regroupe uniquement les hommes qui souhaitent rejoindre le combat par idéologie et convictions islamistes communes, loin de regrouper et de marquer le consensus pour toute la nation, seule une minorité d’hommes s’engagent en réalité.

De plus, l’organisation hiérarchique diffère entre les deux guerres : par manque d’institutionnalisation, les moudjahidines ne suivent pas une « structure militaire traditionnelle avec ses échelons et ses rangs » (ligne 7, doc 2) : la tactique militaire n’est pas le fruit d’un seul grand homme qui chapeaute tous les hommes, mais au contraire les « lieutenants » sont autonomes dans leurs « décisions rapides, décentralisées et transmises horizontalement », la hiérarchie des grades s’est donc largement effacée. Malgré, il faut le relever, des chefs de guerre tout de même évidents : « Oussama Ben-Laden » et « Abou Massad Al-Zarquaoui » (ligne 1 et 2, doc 2), mais simplement d’un point de vue symbolique, comme des prédicateurs réunificateurs du mouvement djihadiste, pas comme des génies de stratégie militaire. Au contraire, Napoléon est le grand coordinateur de tous les fronts, toujours occupé, au quartier général, à fomenter les tactiques militaires et déroulés du prochain combat au-dessus d’une carte topographique, lorsqu’il n’est pas sur le champ de bataille : la stratégie était donc fixe, à l’avance, et ses généraux suivaient ses ordres à la lettre, on connaît notamment les grands généraux bonapartistes Bernadotte et Murat à Austerlitz. On semble les apercevoir sur leurs chevaux au premier plan de l’estampe (doc 1), signifiés par le port du chapeau bicorne, couvre-chef traditionnel de Bonaparte, qui laisse penser qu’il s’agit de Napoléon et de quelques Généraux.

Dès lors, il est évident que la capacité de portée territoriale et d’adaptation aux imprévus au moment des combats est moins importante au XIXème siècle, à l’époque de Bonaparte, que chez les moudjahidines, capables de « changer de tactiques quasi simultanément dans différentes villes ». On voit en fait que ceux-ci opèrent et couvrent des surfaces géographiques bien plus importantes qu’un champ de bataille : « les combattants entretenaient des liens étroits avec le reste du pays. Argent, propagande, information circulaient à un rythme alarmant. » (ligne 16, doc 2) : c’est grâce à l’avancée technologique. En effet, il est nécessaire de contextualiser en rappelant qu’environ 200 ans séparent ces deux guerres : la bataille d’Austerlitz est menée en 1805 alors que le djihad de l’AQI commence dans les années 2000. D’où, dans ce dernier cas, un recours à « la technologie moderne » (ligne 15, doc 2), comme des traceurs ou des téléphones pour avoir les informations et communiquer imminemment à travers le pays, à laquelle Napoléon n’avait pas accès puisque son moyen de transport le plus rapide était alors le cheval (doc 1). Cela explique la possibilité de communiquer avec tous à la fois en Irak, horizontalement, sans une forte hiérarchie.

II – Deuxièmement, les moyens employés, les procédés et les techniques de combat sont complètement différents. En effet, en cela même qu’il s’agisse en Irak d’une guerre menée par une communauté restreinte, volontaire et cachée que sont les moudjahidines, AQI dispose de ressources humaines limitées, ce qui ne leur permet pas d’engager de véritables batailles contre l’armée du pays par exemple, au contraire des rangs de Bonaparte : les soldats, plusieurs milliers, à en voir les innombrables soldats sur l’estampe (doc 1) sont répartis par unités organisées sur le champ de bataille ordonné, qu’il s’agisse de la cavalerie comme on le voit avec les chevaux montés au premier plan de l’image ou les fantassins au loin en plus rase campagne (doc 1). Les deux armées adverses se font face, de façon très traditionnelle. Quant aux moudjahidines, ils génèrent seulement des assauts éclairs et ponctuels : « attaques à la roquette », « attentats suicide » (ligne 18 doc 2), c’est le propre de la guerre civile terroriste. Leur arme par excellence est la bombe et la roquette, missiles modernes, alors que les soldats de l’armée napoléonienne sont armés bien différemment : baïonnettes, canons, épées et fusils sont visibles sur l’estampe (doc 1).

Ainsi, la méthode de combat est bien distincte, ce qui induit une différence prépondérante du lieu du déroulé des violences : les batailles napoléoniennes ont lieu en campagne, là où les armées pouvaient camper et avaient l’espace nécessaire pour organiser un véritable champ de bataille, loin des villes : aucun civil n’est par conséquent touché, on voit sur l’estampe, comme chaque personne est un militaire en uniforme, au milieu des champs et des vallons tchèques (doc 1). En revanche ce n’est pas le cas pour les moudjahidines qui frappent volontairement les « villes » comme « Falloujah ou Al-Qaim » (ligne 14, doc 2), cela s’explique par le fait que leurs ennemis sont des civils : « les chiites du pays» (ligne 4, doc 2), nous en déduisons que les moudjahidines sont des sunnites, minorité religieuse en Irak, (chiites et sunnites sont deux branches distinctes de l’islam qui se disputent l’identité du successeur légitime du prophète Mahomet, ce qui donne lieu à des dissidences) et « le gouvernement irakien » (ligne 4, doc 2), nous comprenons qu’il s’agit du gouvernement suivant celui de Saddam Hussein car après la pendaison de ce dernier, sunnite, en 2006, un gouvernement chiite opprimant les sunnites s’est instauré, ce qui les a poussé à se radicaliser. On constate ici les limites de l’intervention américaine pour la déchéance de Saddam Hussein, dictateur certes, mais qui a aggravé l’instabilité à moyen et long terme finalement. Les seuls affrontements qui ont pu avoir lieu furent lors des assauts contre les « forces de la coalition » (ligne 5, doc 2), représentées par les américains et quelques britanniques.

En conclusion, si l’estampe d’Austerlitz marque l’apogée du combat traditionnel avec la victoire décisive de Bonaparte dans l’expansion de son empire, l’extrait des paroles du commandant américain intervenu en Irak montre au contraire la montée en puissance des guerres de l’ombre comme le djihad. Hormis l’essence même de la guerre définie par la violence et les morts qu’elle génère, rien ne rapproche les deux formes de guerres que les deux documents présentent. Les guerres napoléoniennes rassemblent une nation, une armée s’oppose à une nation étrangère, se déroulent sur le modèle traditionnel des combats au champ de bataille, codifié, selon une stratégie établie à l’avance par un chef de guerre. Les moudjahidines, communauté bien moins nombreuse, aux contours flous, s’opposent quant à eux à un ennemi peu défini, sans respect d’aucun code d’honneur, sans hiérarchie fixe au sein de l’organisation, sans réel affrontement finalement puisqu’ils attaquent uniquement par des attentats ponctuels en zone civile et n’attendent pas de riposte.

Cependant, si la guerre terroriste, actuelle, paraît moins fructueuse et influente car faite d’assauts éclairs, peut-être n’est-ce pas le cas, car elle fait en réalité reposer tout son mécanisme sur un climat de terreur, de paralysie des populations face à la menace permanente : c’est de cette façon que l’État Islamique s’est emparé du pouvoir en Afghanistan depuis août 2015…

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