Moins connue que la conférence de Yalta, mais qui a pourtant sans doute eu des conséquences en Europe bien plus importantes, la conférence de Potsdam s’est réunie du 17 juillet au 2 août 1945 au château de Cecilienhof, près de la ville de Potsdam, dans la banlieue de Berlin. Dans cet article, nous te proposons une fiche de révisions sur cet événement marquant.
Introduction et contexte historique de la conférence de Postdam
Les principaux dirigeants Alliés de la Seconde Guerre mondiale sont présents à la conférence de Postdam : Joseph Staline pour l’Union soviétique (URSS), Harry S. Truman pour les États-Unis et Winston Churchill, remplacé en cours de conférence par Clement Attlee, leader du Parti Travailliste élu Premier ministre, pour le Royaume-Uni. L’objectif principal de la conférence de Postdam est de définir les modalités de l’après-guerre en Europe et de finaliser les décisions prises lors des précédentes conférences, notamment la conférence de Yalta (4 au 11 février 1945).
Tout savoir sur la conférence de Yalta (février 1945)
La conférence de Yalta avait trois objectifs principaux : accélérer la fin de la guerre en Europe, organiser l’Europe après la défaite nazie et garantir la stabilité du nouvel ordre mondial. Staline voulait confirmer les zones d’influence soviétiques en Europe et en Asie, tandis que Roosevelt et Churchill cherchaient l’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon. Les accords de Yalta ont notamment abouti au partage de l’Allemagne, à un engagement pour des élections libres en Europe de l’Est et à la création de l’Organisation des Nations Unies, confirmée par la signature du traité de San Francisco du 26 juin 1945.
La situation en Europe en 1945
L’Allemagne a capitulé sur les deux fronts est et ouest les 8 et 9 mai 1945. Benito Mussolini, chef du fascisme italien et dictateur de l’Italie de 1923 à 1945, a été exécuté le 28 avril 1945 et Adolf Hitler s’est suicidé le 30 avril 1945. Le conflit en Europe a pris fin, mais les Japonais sont encore en guerre contre les États-Unis et la Chine.
La situation aux États-Unis en 1945
Franklin D. Roosevelt, décédé le 12 avril 1945, est remplacé par son vice-président, Harry S. Truman, qui est beaucoup plus méfiant à l’égard de l’Union soviétique. La veille de la conférence de Postdam, le 16 juillet 1945, le test de la première bombe atomique américaine est un succès, les Soviétiques n’en sont informés que le 24 juillet.
Entre la capitulation de l’Allemagne et l’acquisition de la bombe atomique, les États-Unis sont de facto les plus puissants sur la scène internationale ; ils n’ont plus besoin des Soviétiques, ce qui change le rapport de force et la relation entre les États-Unis et l’URSS.
Les décisions majeures de la conférence de Postdam
Les Alliés devaient s’accorder sur la gestion du territoire allemand, prévenir la résurgence du militarisme allemand et sur l’établissement d’un ordre mondial stable, sur le modèle proposé par Roosevelt, celui des Nations Unies.
Gestion du territoire allemand
Le pays est divisé en quatre zones d’occupation, chacune contrôlée par l’une des puissances alliées principales, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’URSS ainsi que la France. La France y est incluse par les Britanniques, en charge du projet, craignant le départ des soldats américains prévu à la fin de la guerre, ce qui les aurait laissés seuls face à l’URSS. Berlin, bien que située en zone soviétique, est également divisée en quatre secteurs.
Démilitarisation et dénazification
Les Alliés ont convenu de démanteler les institutions militaires allemandes et d’éliminer l’influence nazie en supprimant les lois discriminatoires et en poursuivant les criminels de guerre. Lors de la conférence de Yalta, il est reconnu que l’Allemagne est une entité politique qui a ses propres ressortissants, son propre domaine territorial, mais qui n’a pas de gouvernement, qui est remplacé par une tutelle collective des Alliés, un conseil de contrôle composé des quatre commandants en chef qui mettront en place la règle des 4 D :
- Démilitarisation ;
- Dénazification ;
- Démocratisation ;
- Décentralisation.
Réparations, au cœur de la conférence de Postdam
Il y a très vite une désunion entre les Alliés, qui est particulièrement visible lors de la question des réparations au moment de la conférence de Postdam. L’URSS souhaite que l’Allemagne paye le prix fort, tandis que les Britanniques souhaitent que l’Allemagne se relève le plus rapidement possible, afin d’éviter d’avoir à porter le poids de la reconstruction du pays. Il est ainsi décidé que les Alliés prélèveront les réparations à la hauteur qu’ils souhaitent, chacun dans leurs zones respectives. Par exemple, les Alliés ont démonté et transféré des usines allemandes vers leurs propres pays. L’URSS, notamment, a pris du matériel industriel en grande quantité dans sa zone d’occupation. Un accord est également conclu pour que 15 % des équipements industriels des zones occidentales soient transférés à l’Union soviétique en échange de denrées alimentaires et de matières premières.
Frontières polonaises redéfinies lors de la conférence de Postdam
Les frontières de la Pologne ont été redéfinies lors de la conférence de Postdam, déplaçant le pays à 150 km à l’ouest jusqu’à la ligne Oder-Neisse (frontière actuelle entre la Pologne et l’Allemagne, suivant le tracé du fleuve Oder et de son affluent ouest Neisse), ce qui a entraîné des déplacements massifs de populations allemandes, avec près de 14 millions de déplacés. Désormais, la Pologne s’étend dans le berceau historique de la Prusse. Dans ses mémoires, Winston Churchill commenta cette décision : « Déplacer 3 ou 4 millions de Polonais, c’était déjà peu réjouissant. Fallait-il déplacer encore 8 millions d’Allemands en plus ? Ce qui subsistait de l’Allemagne n’avait pas les moyens de les nourrir. […] Les Alliés occidentaux allaient se retrouver avec des régions industrielles dévastées et une population affamée sur les bras. Il y avait là une véritable menace pour la paix en Europe : les Allemands voudraient forcément un jour retrouver leur territoire. […] ».
Le cas du Japon
L’URSS avait promis d’entrer en guerre contre le Japon à Yalta trois mois après la fin des combats en Europe. La déclaration de Potsdam comprend un ultimatum à l’adresse du Japon, mais, entre-temps, la position de Truman a évolué sur la gestion de l’espace allemand et il est fermement décidé à ce que les États-Unis occupent seuls le Japon, sans projet de division, constituant la base d’une rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique en Asie.
Conclusion sur la conférence de Postdam
La conférence de Potsdam a établi les bases de l’ordre mondial d’après-guerre, acté le partage de l’Europe, mais elle a également révélé des tensions croissantes entre les Alliés, concernant notamment l’avenir de l’Europe de l’Est et la question des réparations. Ces divergences ont contribué à l’émergence de la Guerre froide dans les années suivantes.
Elle marque ainsi un tournant décisif dans l’organisation du monde d’après-guerre. Si elle a permis d’entériner des décisions essentielles sur l’Allemagne vaincue et les nouvelles frontières européennes, elle a aussi mis en lumière les profondes divergences entre les Alliés, notamment entre les États-Unis et l’Union soviétique. L’esprit de coopération qui prévalait encore à Yalta a laissé place à une méfiance croissante, annonçant le début de la Guerre froide. Plus qu’une simple réunion de réorganisation, Potsdam a posé les bases d’un nouvel équilibre mondial, dominé par la rivalité entre les deux futures superpuissances.