Dans cet article, je vais te présenter quelles sont les grandes dimensions de la puissance d’un pays dans les relations internationales et comment de nouvelles puissances émergent. Ainsi, cet article te sera très utile si tu étudies l’histoire, la géographie ou la HGGSP.
Définir la puissance
Afin de donner une première définition de la puissance, utilisons celle de Serge Sûr, grand universitaire français : la puissance est la « capacité de faire, de faire faire, d’empêcher de faire et de refuser de faire ». Ainsi, ce dernier explore quatre grandes dimensions qui régissent les relations internationales.
Ainsi, la « capacité de faire » évoque la capacité d’un acteur à agir de manière autonome grâce à ses ressources qu’elles soient militaires (effectifs et technologie) et économiques (influence sur les marchés internationaux, monnaies, fonds disponible). La capacité « de faire faire » évoque au contraire l’influence, que possèdent un pays ou/et entité non-gouvernementale, dans les organisations internationales (ex : ONU) ou en faisant une pression diplomatique et commerciale sur une entité. La capacité « d’empêcher de faire » concerne la capacité d’un acteur à empêcher d’autres acteurs de mener des actions qui vont à l’encontre de ses intérêts. Cela peut se faire par des moyens tels que le veto (comme au Conseil de sécurité des Nations unies), les sanctions économiques, la dissuasion militaire ou le lobbying diplomatique.
Finalement, la capacité de « refuser de faire » est un acte de souveraineté et d’indépendance face aux pressions extérieures tel que les sanctions économiques ou commerciales.
Historiquement, cette définition a profité largement aux pays dits occidentaux (Europe, USA). Cependant, la mondialisation a remis en question cette domination (partie 3) par la division internationale du travail, l’essor des nouvelles technologies ou encore l’importance croissante de la démographie. Ainsi, à travers cet article, nous traiterons de 3 grands groupes de pays qui guident les relations internationales : les pays occidentaux, les pays dits émergents et les autres pays à l’écart de la mondialisation.
Je te conseille également je jeter un petit coup d’œil à cet article sur les puissances internationales.
Un retour historique, une nécessité afin de comprendre la hiérarchie de puissance
Commençons par revenir au début du XXe siècle. Deux grandes puissances se partagent le monde : l’Empire britannique et l’empire français. Ces deux grandes puissances se sont fondées sur une expansion territoriale agressive (respectivement 24 et 8% de la surface terrestre). Les nombreuses colonies et comptoirs créés ont largement contribué à leur domination.
Ainsi l’Empire britannique, de loin le plus puissant à cette époque, représentait près de 30% des échanges commerciaux. Mahan, officier de la marine américaine, explique, dans son ouvrage The Influence of Sea Power upon History, que la domination britannique et son rôle dans l’économie mondiale est fondé sur son contrôle des mers et océans comme le désigne le terme « thalassocratie ». Avant les deux guerres mondiales, deux grandes puissances se distinguaient : la France et l’Empire britannique.
Suite aux guerres mondiales, l’Europe est dévastée, les économies sont dépendantes des aides extérieures des deux superpuissances, qui se démarquent après la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique et les États-Unis. On assiste véritablement à une domination de ces deux entités, qui se livrent une guerre d’influence partout à travers le monde. Leurs puissances économique, militaire, technologique et diplomatico-culturelle sont sans commune mesure.
Face à cette bipolarisation du monde (le monde est divisé entre deux grandes puissances qui contrôlent et manipulent les politiques des pays du monde), le mouvement des Non-alignés, fondé en 1961, un groupe de pays cherchait à maintenir leur indépendance politique et économique pendant la Guerre froide, sans s’aligner sur le bloc soviétique ou occidental. Leur objectif principal était de promouvoir la coopération internationale, le désarmement et le développement économique, tout en évitant l’influence des superpuissances. Malgré les efforts de pays moins développés afin de redéfinir la hiérarchie des puissances. La puissance américaine et soviétique domine durant la guerre froide les relations internationales.
La puissance au XXIème siècle
Sans revenir sur une explication détaillée de la Guerre froide, les États-Unis sortent vainqueurs à la suite de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. Ainsi, dès les années 90, les États-Unis s’illustrent comme une « hyperpuissance » (Hubert Védrine). La puissance d’action américaine est sans aucune mesure, ils représentent 40% des dépenses militaires mondiales, leur PIB (produit intérieur brut) représente 25% du PIB mondial (globalement, leur économie représente 1/4 de l’économie mondiale, c’est beaucoup). De plus, la culture américaine se répand à travers le monde, grâce à ses films et son mode de vie : l’Americain way of life. 70% des recettes dues à la création de film viennent de Hollywood. Eh oui, la puissance passe également par la culture d’un pays, on peut prendre l’exemple des fast-foods, très populaire en France, ils permettent aux chaînes américaines telles que McDonald d’avoir de l’influence.
En Europe, le développement de l’union économique et monétaire, qui deviendra en 1992 l’Union européenne, permet aux pays du Vieux Continent de regagner une place de premier plan. En 1972, l’Europe représente ainsi près de 32% des échanges économiques mondiaux. Ainsi, entre 1990 et 2001, les pays occidentaux (États-Unis et pays européens) sont les grandes puissances qui régissent les relations internationales. Pour l’illustrer, la création du G7 (les 7 plus grandes puissances économiques) a pour vocation à diriger les grandes mesures économiques et la stabilité globale.
Consulte également cet article sur la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début de la Guerre froide.
2001, des émergences multiples
2001 marque un tournant dans la hiérarchie des puissances, c’est l’entrée de la Chine dans l’OMC (organisation mondiale du commerce). Par la suite, pendant 10 ans, la croissance chinoise a dépassé les 10% (soit bien plus que les États-Unis avec environ 2%). Cette capacité financière nouvelle de la Chine, devenue « l’usine du monde », lui a permis d’investir partout à travers le monde et donc d’accroître son influence politique. On appelle cela « la diplomatie du chéquier » (David Shambaugh). Ces usines et le développement de ses capacités technologiques ont permis au pays d’acquérir une place de premier plan au sein du commerce internationale (seconde puissance commerciale mondiale), les produits sont de plus en plus haut de gamme et s’exportent à travers le monde : on peut citer les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) qui concurrencent désormais, directement les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft).
Les autres émergents
De plus, depuis le début des années 2000, de nombreux pays que Jim O’Neill a appelés les BRICS (Brésil). Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont émergé. Leur population et leur croissance économique sont un important facteur de puissance. De plus, Laurence Daziano ajoute à ce cercle les BENIVM qui illustrent l’émergence du Sud (Bangladesh, Éthiopie, Nigéria, Indonésie, Vietnam, Mexique). Ces pays possèdent incontestablement un rôle croissant dans les relations internationales.
Le Brésil par exemple est devenu la ferme du monde étant le premier exportateur de soja ou de viande bovine. L’Inde tient une place grandissante dans les jeux d’alliances, son économie se développe, notamment à travers le secteur tertiaire ou (services) i.e (téléphonie, secteur médical, services aux entreprises). De plus, sa position stratégique au cœur de l’Indo-Pacifique, la nouvelle zone de rivalités entre Chine et USA lui permet de revendiquer un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU et de prendre part dans de nombreux jeux d’alliances (comme le QUAD avec les États-Unis). Le Bangladesh, quant à lui, devient la nouvelle usine textile du monde et attire donc des investissements. Par conséquent, un fait marquant de cette redéfinition de la hiérarchie des puissances est la création en 1997-1998, création G20 , qui remplace désormais le G7 qui ne peut plus piloter seul l’économie internationale.
Conclusion
La mondialisation a, en somme, bousculé la notion de puissance. Les puissances traditionnelles occidentales ne possèdent plus d’hégémonie (pouvoir absolu). Les nouvelles technologies, telles que le cyber-espace, fragilisent leur économie. La Russie, qui s’est, de manière très significative, reconstruite depuis que Poutine a pris ses fonctions, engage des hackers professionnels afin de menacer les pays occidentaux. De plus, les pays émergents s’allient, se révoltent contre l’Occident, leur nouveau nom : le SUD GLOBAL. Les pays du Sud, grâce à leurs ressources, sont devenus incontournables pour les puissances installées. 96% des chaînes d’approvisionnement en terres rares (matériaux qui fabriquent les batteries et systèmes électriques) sont contrôlées par la Chine. On assiste à une dépendance des pays occidentaux face à ceux du Sud. Par conséquent, nous sommes entrés dans l’ère d’un monde multipolaire.