Fiche de révisions sur le chiasme, une figure de style de construction

Sais-tu ce qu’est un chiasme ? Ce mot un peu barbare (je te l’accorde) fait référence à une figure de style de construction. Elle est très employée dans la littérature et notamment dans la poésie. Tu en as peut-être déjà croisé sans même t’en rendre compte. Dans cet article, nous te proposons une fiche de révisions sur le chiasme. Définition, effets, utilisation, exemples, etc. Promis, tu connaîtras bientôt cette figure de style sur le bout des doigts. 

« Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger ». Tu as sans aucun doute déjà croisé cette phrase sur ton chemin. Eh bien sache qu’il s’agit d’un chiasme. Laisse-nous t’en apprendre davantage à son sujet.

Qu’est-ce qu’un chiasme ? 

Une définition ? Le chiasme est une figure de style de construction qui consiste à disposer de manière croisée des éléments d’une phrase ou d’un ensemble de phrases. Autrement dit, il s’agit d’inverser l’ordre des termes pour créer une structure sémantique en miroir (un peu comme un parallélisme de construction). 

Son nom, chiasme, nous vient tout droit de la lettre grecque χ (chi), qui symbolise cette disposition croisée. Un bon moyen mnémotechnique pour te souvenir de la définition du chiasme. 

Nous te conseillons de jeter un œil à notre article complet sur les figures de style. 

Comment reconnaître la figure du style chiasme ?

Rassure-toi, reconnaître un chiasme est bien plus simple qu’il n’y paraît. Cette figure de style repose sur une structure en miroir, ce qui la rend identifiable par son schéma spécifique. Pour repérer un chiasme, il te suffit de suivre ces quelques étapes :

• Cherche un schéma croisé : le chiasme fonctionne en A-B / B-A, c’est-à-dire que deux éléments sont repris ou inversés dans la deuxième partie de la phrase ou de l’expression. Par exemple, dans la phrase de Corneille « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger », tu remarques que les verbes « manger » et « vivre » sont disposés de manière croisée, inversée.
• Identifie les oppositions ou les parallélismes : souvent, le chiasme met en valeur des concepts opposés ou parallèles. Les termes inversés peuvent créer un contraste fort ou une symétrie qui permet de souligner une idée. Par exemple, dans le célèbre vers de Baudelaire « Et j’aime à la fureur, ta froideur », l’opposition entre « fureur » et « froideur » renforce le message en les croisant.
• Repère le rythme : le chiasme apporte une musicalité particulière au texte. En inversant les termes, l’auteur peut créer un effet de balance et donner une structure rythmique à la phrase.

Quels sont les effets stylistiques et la fonction du chiasme ?

Le chiasme est une figure de style qui, au-delà de son apparence symétrique, a des effets puissants sur la structure et le sens du texte. Tu trouveras ci-dessous les principaux effets stylistiques et les différentes fonctions du chiasme : 

• Renforcer une opposition ou une symétrie : le chiasme permet de mettre en lumière des idées contrastées ou parallèles. En inversant les termes, il crée un effet miroir qui accentue les différences ou les similitudes entre deux concepts. Par exemple, dans l’expression « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger », l’opposition entre « manger » et « vivre » est rendue plus frappante grâce à l’inversion.
• Apporter du rythme et de la musicalité : le chiasme crée une cadence particulière grâce à sa structure répétitive et inversée. Ce jeu de symétrie donne un rythme agréable à la lecture ou à l’écoute, renforçant ainsi la force du message. En poésie, il permet souvent d’accentuer la musicalité des vers.
• Susciter la réflexion : en croisant des éléments de manière inattendue, le chiasme invite le lecteur à réfléchir davantage sur le lien entre les deux termes ou idées. Il incite à une relecture, à une analyse plus profonde, ce qui rend la phrase ou le vers mémorable.
• Souligner l’importance d’un propos : par sa construction élaborée, le chiasme attire l’attention sur une idée ou une phrase clé. L’inversion des termes donne du poids à chaque élément, comme si l’auteur voulait dire : « Regarde bien, il y a un sens particulier ici. »

Quels sont les types de chiasmes ?

Retiens également que le chiasme peut se décliner sous différentes formes, en fonction des éléments qui sont inversés dans la phrase. 

• Le chiasme lexical : il s’agit du type de chiasme le plus courant. Ici, ce sont les mots qui sont inversés dans la phrase. Par exemple, dans la citation de Corneille « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger », les verbes « manger » et « vivre » changent de place, créant ainsi une structure en miroir.
• Le chiasme syntaxique : ce type de chiasme concerne l’inversion de groupes syntaxiques complets (sujets, compléments, verbes). Par exemple, dans « Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu », les groupes syntaxiques sont inversés pour créer un effet de symétrie entre le bas et le haut, entre le roi et le dieu.
• Le chiasme sémantique : ici, ce sont les idées ou concepts qui sont opposés ou croisés. Ce type de chiasme peut jouer sur des notions abstraites ou des sentiments. Par exemple, dans la citation de Baudelaire « Et j’aime à la fureur, ta froideur », « fureur » et « froideur » sont des idées contraires, mises en relation par le chiasme pour renforcer le contraste entre elles.
• Le chiasme phonétique : il s’agit d’un type plus rare, où l’inversion concerne les sons, les assonances ou allitérations dans une phrase. Ce jeu sonore permet de renforcer le rythme ou de donner une harmonie particulière à une phrase ou à un vers.

Tu connais désormais le chiasme, mais sais-tu ce qu’est une hyperbole ? Découvre notre article dédié. 

Comment utiliser un chiasme  ?

Tu peux utiliser un chiasme pour ajouter de la profondeur et de l’élégance à ton écriture. Laisse-nous te donner quelques précieux conseils pour utiliser correctement cette figure de style. 

• Choisis des éléments à inverser : pour créer un chiasme, commence par identifier deux éléments ou concepts que tu souhaites mettre en relation. Il peut s’agir de mots, de groupes de mots, ou d’idées. L’important est qu’ils soient suffisamment distincts pour créer un contraste ou une symétrie marquante.
• Structure ton chiasme en miroir : organise les éléments choisis de manière croisée. Le schéma A-B / B-A est la base du chiasme. Par exemple, si tu as deux idées comme « le bonheur » et « la tristesse », tu pourrais les disposer de cette manière : « Le bonheur est doux, la tristesse est amère ; l’amertume du chagrin se change en douceur du bonheur. »
• Focalise-toi sur l’impact : un chiasme est plus efficace lorsqu’il met en évidence un contraste ou une similitude importante. Assure-toi que l’inversion des termes ou des idées renforce le message que tu veux transmettre. Il doit apporter quelque chose de plus à ton texte, que ce soit une nuance, un effet dramatique ou un impact esthétique.
• Veille à la clarté et à la fluidité : bien que le chiasme soit une figure de style élégante, il doit rester clair et fluide. Évite les inversions qui compliqueraient la compréhension du texte ou qui sembleraient forcées. Le chiasme doit enrichir le texte sans le rendre obscur.
• Utilise-le avec parcimonie : le chiasme peut être très efficace, mais il est préférable de ne pas en abuser. Utilisé à bon escient, il ajoute du dynamisme et de l’intérêt à un texte, mais trop de chiasmes peuvent alourdir la lecture.

Les exemples célèbres de chiasmes 

Pour parfaire cet article, laisse-nous te présenter des exemples de chiasmes célèbres de la littérature et de la culture française. 

• Discours de François Mitterrand : « La France est de retour, la France est de retour. » Bien que simple, cet exemple de chiasme se base sur la répétition et l’inversion du terme « France » pour créer un effet de renforcement et d’impact dans le discours politique. La répétition croisée souligne la renaissance ou le retour de la France sur la scène internationale.
• Le Génie du Christianisme de Chateaubriand : « Les hommes de bien doivent faire les lois pour les hommes de bien ; les hommes de mal doivent les subir. » Ici, Chateaubriand utilise le chiasme pour opposer deux groupes d’individus (« hommes de bien » et « hommes de mal ») et leurs relations avec les lois, renforçant le contraste entre ceux qui créent les lois et ceux qui les subissent.
• L’Art d’être heureux de Schopenhauer : « Le monde est ma représentation ; ma représentation est le monde. » Schopenhauer emploie un chiasme pour jouer sur la relation entre le monde et la représentation, mettant en évidence la manière dont notre perception influence notre compréhension du monde.
• L’Écume des jours de Boris Vian : « J’ai décidé d’être heureux, alors je suis heureux. » Ce chiasme joue sur la répétition et l’inversion des termes « heureux » et « décidé » pour renforcer le message sur le pouvoir de la décision dans le processus du bonheur. L’effet de miroir accentue l’idée que le choix de l’état d’esprit conduit directement à l’état recherché.

Sans oublier la phrase de Corneille « Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger » ou encore la citation de Baudelaire « Et j’aime à la fureur, ta froideur », que nous t’avons déjà présentées un peu plus tôt dans cet article. 

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Exercice : sauras-tu reconnaître les types de chiasmes qui se cachent dans les phrases ci-dessous ?

Lis attentivement les phrases suivantes et identifie le type de chiasme utilisé. Écris le nom du type de chiasme et explique brièvement comment il est utilisé dans la phrase.

1. « L’amour est un rêve, et le rêve est un amour. »
2. « Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. »
3. « J’ai lutté pour la paix, et la paix a lutté pour moi. »
4. « C’est l’absence de bruit qui fait le bruit. »
5. « L’art est un jeu, le jeu est un art. »

Correction de l’exercice sur le chiasme 

Tu trouveras ci-dessous la correction de notre exercice sur le chiasme. 

1. Chiasme lexical : les termes « amour » et « rêve » sont inversés dans la structure de la phrase pour créer un effet de miroir et souligner le lien entre ces deux concepts.
2. Chiasme syntaxique : les groupes syntaxiques « en bas » et « en haut » sont inversés pour créer un effet de symétrie, mettant en parallèle les actions opposées dans les deux lieux.
3. Chiasme sémantique : les concepts « lutte » et « paix » sont inversés pour renforcer le contraste entre les actions du sujet et les effets sur le sujet.
4. Chiasme phonétique : il joue sur la répétition des sons « bruit » et « absence de bruit » pour créer un effet de résonance sonore et un jeu de mots.
5. Chiasme lexical : les termes « art » et « jeu » sont inversés dans la structure de la phrase pour souligner le lien et le contraste entre ces deux notions.