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La versification en poésie : métrique, rythme et rime

À lire dans cet article :

La versification est l’ensemble des règles de rime et de longueur qui accompagnent une écriture en vers. Bien comprendre son fonctionnement est essentiel pour réussir tes commentaires de poème en français : cet article te donne les clés pour que la versification n’ait plus aucun secret pour toi !

Les outils de la versification

Pour analyser un poème, il est nécessaire de maîtriser certains éléments de versification. Il faut toujours associer le repérage de ces procédés avec l’effet qu’ils produisent.

Les strophes

Tout d’abord, une ligne d’un poème est appelée strophe. Chacune d’elles a un nom particulier attribué en fonction du nombre de syllabes qu’elle contient. Le tableau ci-après reprend le nom que l’on attribue à chaque strophe en fonction du nombre de vers qu’elle contient :

Un vers Monostique
Deux vers Distique
Trois vers Tercet
Quatre vers Quatrain
Cinq vers Quintil
Six vers Sizain
Sept vers Septain
Huit vers Huitain
Neuf vers Neuvain
Dix vers Dizain
Onze vers Onzain
Douze vers Douzain
Treize vers Treizain
Quatorze vers Quatorzain
Quinze vers Quinzain
Seize vers Seizain
Au-delà de seize vers Pas de nom particulier

 

Compter les syllabes : la métrique

Ensuite, le vers se décompose en plusieurs unités. Ces unités sont appelées « syllabes » (de préférence à « pieds », terme réservé à la métrique antique). En fonction de ces syllabes, on peut mesurer les différents vers et les grouper ; il suffit, pour cela, de compter les syllabes.

Ainsi, la métrique est l’étude du nombre de syllabes du vers. Par exemple, un alexandrin est un vers de 12 syllabes, un décasyllabe, un vers de 10 syllabes. Voici ci-après un tableau récapitulatif, qui présente le nom auquel est associé un nombre précis de syllabes :

5 syllabes Pentasyllabe
6 syllabes Hexasyllabe
7 syllabes Heptasyllabe
8 syllabes Octosyllabe
9 syllabes Ennéasyllabe
10 syllabes Décasyllabe
12 syllabes Alexandrin

 

De plus, il convient également de respecter certaines règles précises afin de compter les syllabes :

  • le « e muet » (ou « e caduc ») se prononce pas devant une consonne ;
  • il ne se prononce pas devant une voyelle ou un h muet ;
  • il ne se prononce pas en fin de vers ;
  • attention aux diérèses (modification phonétique qui consiste à dissocier deux voyelles à l’intérieur d’une même syllabe) et aux synérèses (qui sont l’inverse des diérèses et consistent en la prononciation de deux voyelles contiguës d’un même mot en une seule syllabe).

Notons qu’à partir de la fin du Moyen-Âge, les poèmes sont souvent isométriques : tous leurs vers ont le même nombre de syllabes (mais il existe des exceptions, comme les fables). De plus, à partir de la fin du XIXe siècle et l’invention du vers libre, de plus en plus de poèmes sont hétérométriques.

Lire aussi : Comment analyser un poème ? 

Le rythme

Le poète crée souvent des rimes, c’est-à-dire des répétitions de sons en fin de vers.

Trois dispositions principales existent :

  • les rimes suivies ou plates (elles se suivent deux par deux : AABB) ;
  • les rimes croisées (une rime en croise une autre : ABAB) ;
  • les rimes embrassées (une rime « prend dans ses bras » une autre rime : ABBA).

 

Le poète peut créer des allitérations (répétition de sons consonnes) et des assonances (répétition de sons voyelles).

Rejet, contre‑rejet, enjambement

  • L’enjambement est un groupe syntaxique qui déborde sur le vers suivant de façon symétrique. Cela crée un effet de continuité. Exemple :

« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime et qui m’aime. »

(Verlaine, « Mon rêve familier »)

 

  • Le rejet est un groupe syntaxique se terminant au début du vers suivant, ce qui crée un effet de rupture. Exemple :

« Petit‑Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande Ourse »

(Rimbaud, « Ma bohème »)

 

  • Le contre‑rejet quant à lui consiste en un groupe syntaxique qui débute à la fin du vers précédent et qui se poursuit sur le suivant. Cela contribue à sa mise en valeur. Exemple :

« Souvenir, souvenir, que me veux‑tu ? L’automne

Faisait voler la grive à travers l’air atone. »

(Verlaine, « Nevermore »)

 

Les rimes

Il existe plusieurs types de rimes, qu’il te faut maîtriser afin d’être en mesure d’analyser avec précision les sonorités et la volonté du poète à travers ces vers.

  • La rime pauvre (1 son). Exemple :

« Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés »

(Éluard, La courbe des tes yeux). Ici, la rime finale entre « rosée » et « parfumés » est une rime pauvre puisque le son « é » final en commun entre les deux mots de fait qu’une syllabe.

  • La rime suffisante (2 sons). Exemple :

« Rome de Rome est le seul monument,

Et Rome Rome a vaincu seulement. »

Du Bellay, « Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome ». Dans cet exemple, la rime entre « monument » et « seulement » est suffisante puisqu’il y a deux sons en commun à la fin de ces deux mots : « m » et « an ».

  • La rime riche (3 sons). Exemple :

« Cependant, s’élançant de la flèche gothique,

Un son religieux se répand dans les airs,

Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique

Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. »

Lamartine, L’Isolement. Dans le cadre des vers 1 et 3 aux rimes croisées (ABAB), « gothique » et « rustique » sont des rimes riches, car ces deux mots comprennent trois sons en communs : t, i et que.

 

C’est la fin de cet article qui te présente l’ensemble des règles de versification, afin de les repérer lorsque tu devras étudier et analyser un poème. Si ces règles peuvent te paraître nombreuses et complexes au premier abord, cette impression s’effacera au fur et à mesure de la pratique !

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