Une Jeunesse engagée, Sciences Po

55% des étudiants de Sciences Po ont voté Mélenchon, qui sont-ils ?

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Une Jeunesse engagée, co-écrit par Anne Muxel et Martial Foucault, s’intéresse de très près au visage des étudiants de Sciences Po. D’où proviennent-ils ? Quelles sont leurs valeurs ? Leurs préoccupations ? Leurs opinions politiques ? Dans cette étude comparée, les auteurs livrent une véritable radiographie des sciencepistes, « élites » de demain.

Vingt ans après une première consultation cherchant à cerner le profil socio-politique des étudiants de Sciences Po, cette nouvelle enquête permet d’en saisir les évolutions et laisse également entrevoir à quoi ressembleront les responsables économiques, culturels et politiques de la France de demain.

À savoir : la seconde enquête a pris la forme d’un questionnaire en ligne, adressé à quelque 12 500 étudiants sciencepistes, entre les mois de mai et de juin dernier.

Science Po, l’école de la diversité ?

En seulement deux décennies, il semblerait que Sciences Po ait connu quelques modifications quant à l’origine de ces étudiants. En effet, alors qu’en 2002 la part d’étudiants parisiens acceptée dans l’école s’élevait à 60%, en 2022, elle n’est plus que de 10%. Une réduction drastique qui permet aux élèves de province de se frayer un chemin vers cette « fabrique des élites ».

Autres chiffres notables, la proportion d’étudiants boursiers, alors plafonnée à 6% en 2002, atteint désormais les 30%.

Sciences Po conserve un taux élevé d’étudiants issus de milieux favorisés et très favorisés, toutefois la part d’étudiants issus de familles ouvrières et de PCS inférieures évolue. Alors que ces étudiants n’étaient que 3% en 2002, ils sont aujourd’hui 14%.

Les lignes bougent petit à petit et la plateforme Parcoursup n’est pas étrangère au phénomène. Depuis 2021, l’admission à Sciences Po ne se fait plus sur concours, mais sur dossier et oraux d’admission, ce qui permet alors à un plus grand nombre d’élèves en classe de terminale de candidater. Cependant, si plus d’élèves souhaitent rejoindre l’école, le taux de sélectivité, quant à lui, ne fait que grimper, le nombre de places disponibles restant inchangé.

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Une jeunesse marquée du sceau de l’engagement

Comme en atteste le titre de l’ouvrage, l’engagement est l’un des principaux enseignements de l’enquête menée par Anne Muxel et Martial Foucault. Les étudiants de Sciences Po sont particulièrement engagés au service de diverses causes. 36% d’entre eux sont membres actifs d’une association en 2022, contre 19% en 2002. 16% sont aujourd’hui membres d’une association de défense de l’environnement, soit trois fois plus qu’en 2002 (5%), 14% sont engagés dans une association pour le droit des femmes et 8% pour la défense des droits LGBTQ+.

Pour ce qui est de l’engagement politique, il est également en hausse. 11% des étudiants sondés déclarent être membres d’un parti politique.

Par ailleurs, les étudiants de Sciences Po, à l’image de l’ensemble de la jeunesse française, font également preuve d’une certaine forme de radicalité. Ils témoignent d’un attachement très fort à la notion de démocratie représentative et aux institutions et rejettent massivement tout comportement jugé violent. Cet attachement se traduit notamment par une participation électorale très importante. 94% des étudiants se sont rendus aux urnes pour le premier tour des élections présidentielles en 2022 (contre 92% en 2002) et près de 8 étudiants sur 10 votent à toutes les élections, l’abstention étant perçue comme négative.

71% des sciencepistes se considèrent de gauche

Lorsqu’on les interroge sur leur appartenance politique, 71% des répondants indique être « plutôt de gauche ». Alors que l’enquête a débuté au lendemain des élections présidentielles, le constat est sans appel. 55% des étudiants de Sciences Po ont voté pour Jean-Luc Mélenchon et La France Insoumise, contre 21% pour Emmanuel Macron. Des résultats non très surprenants puisqu’en 2002 ils étaient déjà majoritaires à voter pour le candidats de la gauche, Lionel Jospin.

Toutefois, une fois interrogés sur leur appartenance partisane, ils ne sont plus de 28% à soutenir La France Insoumise.

L’appartenance à une élite pour 7 étudiants sur 10

L’enquête révèle également une plus forte appartenance à la notion d’« élite » en 2022 qu’en 2002. 70% des étudiants sondés affirment appartenir à une élite, contre 50% en 2002. Un résultat surprenant, mais qui s’explique sans doute par l’utilisation du terme lui-même. Martial Foucault affirme notamment que les « médias utilisent beaucoup plus ce terme aujourd’hui qu’en 2002, ce qui expliquerait sans doute un tel engouement en 2022. »

 

« Vingt ans après la première enquête que j’avais réalisée avec Luc Rouban, celle-ci avait un objectif majeur : mesurer et comprendre l’évolution des idées, des engagements, des valeurs, des choix politiques des étudiants de 2022 comparativement à leurs prédécesseurs. Leurs engagements politiques vont de pair avec les causes et les luttes qui les animent ou les inquiètent. Sans surprise, ils appartiennent à une génération où le combat contre les inégalités et contre le réchauffement climatique domine leurs mobilisations et leurs manières de voir le monde. Pour eux, la politique est avant tout un moyen de régler les conflits à l’origine des désordres de la société. », affirme Anne Muxel, co-auteure de l’ouvrage Une Jeunesse engagée.

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