Une nécessaire régulation financière

Une nécessaire régulation financière

À lire dans cet article :

La régulation financière est l’action consistant à réguler, à assurer le bon fonctionnement du système. La régulation financière peut donc se définir comme la capacité à stabiliser les marchés financiers, ou bien quand ceux-ci sont en crise, comme la capacité à dépasser celle-ci.

L’auto-régulation financière

Dans le modèle de l’efficience des marchés financiers, les marchés s’auto-régulent.

Ce modèle n’a pas été complètement abandonné au sein de la communauté scientifique. Certains affirment (en particulier dans le monde de la banque) que la régulation ne nécessite pas forcément d’être renforcée.

Les crises financières, dans cette perspective, sont dues à des chocs exogènes, qui apparaissent lorsque les marchés financiers ne fonctionnent pas librement et que les hypothèses, d’information parfaite et gratuite et comportement rationnel des agents ne sont pas respectés. Ainsi le manque d’expérience des acteurs financiers est une des raisons de la crise asiatique de 1997 par exemple. Le manque de transparence des titres financiers entraîne le fait qu’une des conditions de l’efficience des marchés financiers n’est pas remplie (parfaite information). Enfin l’intervention des autorités monétaires est vue comme déstabilisatrice (comme celle de la FED qui a mené une politique monétaire trop accommodante au début des années 2000)

Pour éviter ces crises, il est nécessaire de conserver la primauté de la finance de marché, d’améliorer la transparence de l’information, et de ne pas mener de politique monétaire interventionniste (celle-ci doit seulement veiller à une inflation faible et stable).

Cependant les théories alternatives insistant sur le caractère intrinsèquement instable de la finance, dans la lignée des travaux de Keynes, d’Irving Fisher ou d’Hyman Minsky, ont repris du terrain depuis 2007. La régulation doit se traduire par de la réglementation et de la supervision.

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La régulation financière : pour mettre au profit la finance à la croissance économique

Plusieurs études empiriques, dont celles de Ross Levine ont conclu que l’essor de la finance s’accompagnait de plus de croissance. Cependant, d’une part, il est extrêmement difficile de démêler les relations de causalité. D’autre part, il existe de sérieux doutes sur le fait que la relation développement de la finance et croissance soit linéaire.

En effet, même si le développement financier est généralement bénéfique à la croissance économique, il existe un seuil à partir duquel la finance commence à avoir un rendement négatif. Comme la plupart des pays en développement se situent au-dessous de ce seuil, ils pourraient tirer parti d’une intensification financière. Mais l’expérience des années 1990 et 2000 a conduit à reconsidérer les bénéfices que les pays émergents pouvaient tirer de l’ouverture financière. Ces pays se doivent de rester prudents lorsqu’ils mettent en œuvre des réformes visant à libéraliser leurs systèmes financiers. Le gradualisme doit l’emporter sur les réformes radicales.

Avec la résurgence de l’instabilité financière au tournant des années 1990-2000, de nombreux économistes reviennent sur la relation entre finance et croissance : la finance aurait une influence positive sur le développement économique, mais seulement jusqu’à un certain seuil ; au-delà, les effets « parasitaires » l’emporteraient et nuiraient à la croissance. La finance s’est alors plus au service de la croissance.

L’essor excessif du secteur financier peut freiner la croissance. D’une part, les crises financières sont lourdes de conséquences pour l’économie réelle. D’autre part, lorsque l’essor du secteur financier devient totalement déconnecté de celui de l’économie réelle, la finance devient une sphère de plus en plus autonome qui s’étend aux dépens de l’économie réelle, en internalisant ses profits et en externalisant ses pertes. Réduire la taille du secteur financier dans les pays développés est ainsi, aux yeux de certaines, une nécessité.

Des réformes sont nécessaires au niveau de la réglementation (instaurer des règles) et de la supervision (vérifier qu’elles sont appliquées).

Si certaines réglementations font l’objet d’un certain consensus (lutte contre paradis fiscaux), d’autres non. Ceci explique la certaine lenteur de l’application de certaines mesures et les différences des mesures adoptées entre les pays.

Le rôle des institutions dans la régulation financière

Tout d’abord, les banques centrales, telles que la Réserve fédérale aux États-Unis ou la Banque centrale européenne, sont responsables de la politique monétaire. Elles régulent l’offre de monnaie et les taux d’intérêt, influençant ainsi l’inflation et l’activité économique. Par exemple, en période de crise économique, elles peuvent abaisser les taux d’intérêt pour stimuler l’emprunt et l’investissement. De plus, elles surveillent la santé des banques commerciales, imposant des exigences de capital pour prévenir les faillites bancaires qui pourraient déstabiliser le système financier.

Les régulateurs financiers nationaux, comme l’Autorité des marchés financiers (AMF) en France, jouent également un rôle crucial. Ils surveillent et contrôlent les activités des institutions financières pour assurer la transparence et prévenir les pratiques frauduleuses. Cela inclut la mise en œuvre de normes comptables strictes, la supervision des transactions boursières et la protection des investisseurs.

Les gouvernements ont aussi un rôle clé dans la régulation financière par le biais de la législation. Ils adoptent des lois pour encadrer les activités financières, prévenir les abus et protéger les consommateurs. Par exemple, après la crise financière de 2008, de nombreux pays ont renforcé leur régulation financière par des réformes telles que la loi Dodd-Frank aux États-Unis, qui vise à réduire les risques systémiques et à accroître la transparence.

Enfin, les organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque des règlements internationaux (BRI) facilitent la coordination globale de la régulation financière. Elles émettent des recommandations et des normes internationales pour harmoniser les pratiques régulatrices et prévenir les crises financières à l’échelle mondiale.

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